Les Inséparables

Chapitre 11 : Balade en ville

- J'aime bien ici, déclara Emilie lorsque les amies s'assirent chacune sur une balançoire.

Elles se trouvaient dans un grand parc bondé d'enfants accompagnés de leurs parents.

- Moi, ça me rappelle des choses... c'est étrange, je crois que je suis déjà venue ici, dit Thaïs en se balançant.

- Ah bon, mais quand est-ce que tu serais venue ? tu m'as dit que tu n'avais jamais quitté la ville où tu vivais avec ton père.

- Je ne sais pas... répondit-elle tout en restant plongée dans ses pensées dans l'espoir de retrouver des souvenirs.

Les fillettes se turent quelques instants. Elles se contentaient de se balancer.

- Viens, on descend ? proposa Emilie. Beaucoup d'enfants attendent pour prendre notre place.

Une file d'enfants attendaient en effet. Elles descendirent de la balançoire, afin que les autres en profitent aussi. Plusieurs enfants se ruèrent sur les balançoires libérées.

Au moment où les amies quittèrent l'air de jeu, elles voyaient les parents les défigurer de haut en bas, l'air dédaignant.

Sorties du parc, Thaïs répliqua :

- T'as vu comment on nous dévisageait ?

- Oui, et je pense savoir pourquoi...

La jeune fille s'arrêta. Baissa la tête, montrant de ses mains son t-shirt blanc avant d'arriver chez les mafieux, et marron aujourd'hui. Son pantalon d'un joli bleu présentait à présent de multiples taches vertes. Sans compter les déchirures dû à l'usure, leurs cheveux en batailles qu'elles n'arrivaient plus à coiffer, leurs chaussures dont la semelle se décollait, puis leurs mains et leur visage remplis de terre, ce confortable matelas qui avait été le leur pendant plusieurs jours.

- Regarde-nous, nos vêtements sont complètement sales, on les traine sur nous depuis plus d'une semaine. Ils ont dû nous prendre pour des clochardes... et si on va voir la police, ils nous prendront pour des folles habillées comme ça, termina Emilie.

- Ah ouais, c'est vrai... à leur place j'aurais jeté les mêmes regards, dit la fillette en posant ses yeux verts sur ses propres vêtements.

- Bien, que dirais-tu de faire du shopping ? proposa la jolie brune, la tête fixant un point face à elle.

Thaïs se tourna vers ce même point, un sourire se dessinant sur son visage.

Devant les jeunes filles, un centre commercial gigantesque s'imposait.

Le centre commercial était plus grand encore que le repère des mafieux. Et ici aussi, deux vigils en lunettes noires et costumes noirs gardaient l'entrée. Les deux amies l'évitèrent de peur que ces hommes les reconnaissent et les ramènent dans la forêt, au chef de la mafia.

Dans le centre, elles se dirigèrent en premier lieu, aux toilettes afin de se soulager et de se frotter un peu le visage et les mains. Après ça, elles entrèrent dans un magasin de vêtements situés sur leur gauche. A peine à l'intérieur de la boutique, Emilie se jeta sur un jean. Les shoppeuses firent un tour dans le magasin. Un jean bleu foncé, un noir, un gris délavé, des jupes violettes, en jean, noires, blanches, à volants ou droites. Des t-shirts de toutes les couleurs avec des imprimés ou non, avec des phrases inscrites ou pas. Elles se servirent généreusement dans les étagères. Puis entrèrent chacune dans une cabine d'essayage où elles essayèrent leurs tas de vêtements. Tous les essayages réalisés, montrés à la copine, toutes deux se couvrirent d'une des tenues choisies et déchirèrent l'étiquette prix. Elles remirent précautionneusement leurs vieux vêtements par-dessus. Elles rendirent ensuite le reste des vêtements à la vendeuse. Les tas étaient si énormes que la dame ne vit même pas qu'il en manquait.

- Au revoir, dirent poliment les jeunes filles.

Sur le visage de la vendeuse se lisait comme un doute. C'était étrange de voir deux gamines habillées comme ça.

- Au revoir mesdemoiselles.

Toutes contentes, elles se dirigèrent vers la sortie. Mais, plus les deux amies s'y approchaient, plus leur cœur battait vite. Des gouttes de sueur coulèrent sur leur front.

Et si les portiques de sécurité antivol sonnaient ?

Leur visage devint rouge de culpabilité.

- Attendez mesdemoiselles ! dit la vendeuse.

Elle doutait des fillettes. Les jeunes filles s'affolaient à présent. Que faire ? Elles étaient prises au piège... prises au piège... comme chez les mafieux... et une seule solution avait pu les libérer de leur destin funeste...