Chapitre 42 : Stress

2 0 0
                                    

- Où sont vos devoirs, mademoiselle Adler ? demanda la professeure de mathématiques des deux amies.

Emilie donna un coup de coude à Thaïs qui se réveilla en sursaut, sortie d'un doux rêve. Thaïs eu du mal à comprendre qu'elle ne se trouvait pas sous sa chaleureuse couette, mais dans la salle de classe de mathématiques, avec devant elle, Mme Landuret. Cette dernière la regardait d'un air froid. Glacial.

- Pardon ? dit-elle le regard vague, encore quelque peu endormi.

- Mademoiselle, montrez-moi vos devoirs pour aujourd'hui, répéta froidement la professeure.

Thaïs la regarda. Elle faisait semblant de ne pas comprendre, mais ceci énervait la professeure. L'attente des devoirs se fit si longue que Mme Landuret rompit le silence en haussant le ton de quelques niveaux sonores.

- Dans mon cahier, répondit Thaïs le regard sur son bureau.

- Et où se trouve ce cahier ?

L'élève poussa d'un geste de la main sa belle chevelure blonde, se pencha et attrapa son cahier caché dans son sac. Elle le posa sur son bureau mais ne l'ouvrit pas. La professeure perdait patience. Elle manifestait son énervement par son pied tapotant sur le sol et sa voix résonnante. Voyant l'agacement de sa professeure, Thaïs se résolut à ouvrir son cahier à la plus récente page. Malheureusement, cette page ne comportait pas les exercices demandés. Mme Landuret fixait son élève, elle voulait lui faire avouer qu'elle n'avait pas fait les exercices et Thaïs se taisait.

- Où sont les exercices ?!

Cette phrase fût répétée à maintes reprises avant que Thaïs ne daigne répondre par un simple haussement d'épaule accompagné d'un petit sourire en coin. La professeure lui désigna alors la porte de la salle de classe. La jeune fille sortit sans faire plus d'histoire, car elle en était heureuse, elle qui détestait les maths.

Thaïs s'assit dans le couloir près de la porte, tandis qu'à l'intérieur le cours pouvait reprendre.

La professeure ne fit rentrer Thaïs que lorsque la cloche sonna la fin du cours. Avant que Thaïs ne range ses affaires, Mme Landuret la fit venir à son bureau.

- Retenue pour vous ce soir à 17h. Vous pouvez disposer. Au revoir.

Cet échange fut court... enfin si l'on pouvait parler d'échange.

Emilie lui fit la morale dès qu'elle la rejoignit en récréation. Elle lui disait qu'il fallait arrêter de répondre comme ça et qu'elle fasse ses devoirs comme demandé. Thaïs lui répondit que tout ce qui lui importait résidait dans la boxe. A quoi servait les mathématiques dans ce cas, il est vrai.

- J'espère que tu seras plus polie en cours d'histoire-géographie, lança Emilie sur un ton de reproche.

- Pas sûr, j'ai pas fait mes devoirs non plus, répondit Thaïs, la tête droite, indifférente aux remarques de son amie.

Emilie soupira longuement.

Toute la journée se passa sous les mêmes nuages. Elle n'avait fait ses devoirs dans aucun cours. Elle répondait aux professeurs à chaque nouvelle heure sur le pourquoi de ses devoirs non faits. Le renvoi dans le couloir était sa routine quotidienne. Les heures de retenues grossissaient au fur et à mesure. Ainsi, la demoiselle obtint finalement une semaine complète de retenues, en une journée. Un record. Une chaque soir à la même heure. Une chance que la boxe ne débutait pas avant 18 heures.

Contrairement aux cours, Thaïs s'améliorait beaucoup pendant les entraînements de boxe. Elle y mettait tout son cœur et se sentait épanouie.

Emilie ne cessait de lui reprocher cette différence de bon vouloir.

- Les cours sont plus importants, Thaïs !

Cette dernière ne répondit pas à ce qui, pour elle, ressemblait trait pour trait à un affront.

- Réfléchis voyons ! N'abandonne pas tes études pour un sport !

Thaïs se retourna vers son amie d'une vitesse ahurissante :

- Un sport ?! Ce sport nous a sauvé la vie, j'aime la boxe et dis-moi à quoi ça me sert de savoir que les chats étaient vénérés dans l'ancienne Egypte pour devenir la plus grande boxeuse ?!

- Quoi ? fût étonnée Emilie.

- Oui, je veux devenir boxeuse professionnelle.

La conversation s'arrêta sur ce point. Emilie perdue. Thaïs heureuse.

Aucune d'elle ne parla une nouvelle fois de cet avenir irrationnel, d'après Emilie.

Thaïs se voyait déjà grande boxeuse, des gants en or aux mains comme dans son rêve d'il y a trois ans. Emilie avait peur pour son amie, peur que son futur ne ressemble à rien. Boxeur professionnel n'était, pour elle, pas un métier. Le sport restait un loisir à ses yeux, mais Thaïs refusait de le voir de cette façon.

La boxe française était devenue, en l'espace de quelques semaines, la seule activité de la jeune fille. Avant ce n'était qu'un passe-temps, une aide, dorénavant cela sonnait plus comme une nécessité. A présent, elle avait peur de ne pas réussir en boxe, de ne pas gagner le championnat.

Le stress se répercutait partout, en cours ainsi qu'en entraînement. 

Les InséparablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant