Thaïs revint souvent se recueillir sur le trottoir en face de son ancienne maison. Chaque jour après l'école cette dernière y restait une bonne trentaine de minutes, jusqu'à l'arrivée de la voiture. Une belle Citroën rouge, un des derniers modèles qu'on voyait partout dans les publicités. Thaïs aimait tant cet endroit apaisant, qu'il devint le lieu de ses recueillements, lorsqu'elle ne se sentait pas bien.
Emilie cessa au bout de quelques jours de demander à Thaïs où elle se trouvait tout le temps puisqu'elle ne lui disait rien et qu'elle rentrait systématiquement à la même heure.
- Je vais faire un tour dans la forêt, annonça Thaïs de bon matin.
Emilie acquiesça la bouche pleine. Elle n'en était encore qu'à son petit déjeuner. Elle mangeait une tranche de brioche tartinée de confiture à la framboise accompagné d'un verre de jus d'orange. Son plateau avalé, elle se leva, nettoya son verre puis s'allongea dans le lit de Thaïs qui faisait office de canapé. Elle était tournée vers la fenêtre. Le ciel avait changé sa couleur, passé d'un bleu à un gris dépressif. Quelques gouttes commençaient à tomber. Emilie appréciait ces moments de rêveries à se perdre dans les nuages ou les étoiles. L'immensité du ciel et l'infini de l'espace inspirait une imagination débordante venue de quelques recoins de son cerveau.
- Rêver m'entraîne au loin, plus loin, plus loin que ce ciel gris...
Emilie s'était mise à dire ces quelques mots à voix haute.
La porte s'ouvrit à la volée, laissant découvrir une chevelure blonde aplatie par la pluie. Emilie esquissa un sourire la voyant trempée jusqu'aux os.
Thaïs retira ses vêtements mouillés tandis qu'Emilie retomba au fond de ses songes. Vêtu d'habits secs, la tignasse blonde encore mouillée se tourna vers Emilie et l'observa un moment.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Emilie ne répondit pas.
- Qu'est-ce qui ne va pas ? insista Thaïs.
La jeune rêveuse soupira, puis répondit d'un air sombre :
- Ce ciel gris, c'est triste...
Thaïs senti alors une boule dans sa gorge.
- Le ciel gris me fait penser à mes parents... Je pensais que c'était passé... mais non, je suis toujours triste...
Un tremblement s'entendait dans la voix d'Emilie et ses yeux bleus se remplissaient peu à peu de larmes.
Thaïs pencha sa tête vers le sol, elle aussi repensa à son père. Mais plutôt que de pleurer pour lui, elle versa une larme pour son amie. La voir ainsi la touchait énormément.
Thaïs s'assit à son tour sur son lit.
- Tu sais, je me demandais tout à l'heure, pourquoi nous ? On a fait quoi ?
- J'en sais pas plus que toi, Emilie. Mais je pense qu'il faut arrêter d'y penser.
Emilie qui avait détourné le regard de son amie, reposa ses yeux sur elle.
- Et qui est ce bienfaiteur ? Je croyais finalement que je m'en fichais de savoir qui c'était, mais cette cabane, avant il y avait pleins de poussières, des toiles d'araignées... maintenant on en voit que deux par jour... et ce réchaud, ce réservoir d'eau... d'où est-ce qu'ils viennent ?! Et puis, c'est bizarre, on habite dans une cabane en plein cœur d'une forêt et on continue de vivre comme si c'était normal...
- C'est vrai que ce serait cool de savoir, mais je ne suis pas sûre d'en avoir envie... dit Thaïs.
Chacune se tut, elles contemplaient le ciel qui s'assombrissait encore, puis Thaïs reprit la conversation :
- Je sais qu'on est pas encore à Noël, mais je pense que t'en as besoin...
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Les Inséparables
Ficção AdolescenteElles ne se connaissaient pas, et pourtant vont devenir les meilleures amies du monde à travers les barreaux d'une prison. Thaïs et Emilie ont 11 ans et viennent de se faire enlever par une organisation mafieuse après avoir assistées au meurtre de l...