Les Inséparables

Chapitre 21 : Harcèlement

Les cours commencèrent le jour suivant. Thaïs et Emilie se levèrent tôt bien qu'elles ne commençaient leurs cours qu'à 9h30. Elles étaient si excitées qu'il leur avait été impossible de dormir encore quelques heures. Dans leur esprit, cela faisait au moins deux années qu'elles n'avaient pu aller à l'école. Pourtant, cela ne faisait que deux mois. Leur mésaventure avait duré si longtemps que les jeunes amies croyaient se connaître depuis plusieurs mois qu'en vérité.

La cloche résonna fort dans tout le collège. Les jeunes élèves entrèrent dans leur salle respective. Thaïs et Emilie s'installèrent côte à côte. Le professeur arriva à son tour.

- Good morning !

Le professeur d'anglais pu commencer son cours que les deux amies écoutaient avec beaucoup d'attention, un sourire rayonnant sur leur visage. Ces jolis sourires étaient les seuls qui brillaient autant dans la classe ainsi qu'à l'extérieur - dehors, il pleuvait averse.

Chacune d'elle pensait aux cours d'anglais qu'elles avaient suivi l'an passé et au professeur qu'elles avaient eu.

Thaïs pensait à Mme Richard, sa professeure préférée qui lui avait enseigné l'anglais, Thaïs allait chaque fois à son cours le sourire aux lèvres. Elle adorait l'anglais et par-dessus tout sa professeure car la jeune fille était sa chouchoute.

Le professeur d'anglais d'Emilie s'appelait Mr Rooling, un anglais pur-souche qui avait décidé d'enseigner sa langue maternelle dans un pays anglophone, car après un séjour d'une semaine à Paris, il était tombé littéralement amoureux de ce pays. Mr Rooling parlait de l'anglais avec cœur et passion, il transmettait à ses élèves toutes les connaissances possibles qu'il avait, ainsi ses cours étaient des plus passionnants.

La cloche sonna la fin du cours et tous les élèves se précipitèrent à l'extérieur pour l'heure de la récréation.

Thaïs et son amie discutaient sous le préau, il pleuvait encore, quand un garçon vint leur dire bonjour :

- Salut, vous avez un goûter ?

- Non, désolée.

Cette réponse ne convainc pas le jeune garçon, il insista :

- Vous voulez me faire croire que vos parents vous ont pas fait un p'tit goûter pour votre première récré au collège ?

- Oui, répondit sèchement Emilie qui détourna aussitôt la tête pour qu'il n'insiste pas d'avantage.

Le garçon plissa ses yeux tout en fixant la petite fille.

- Tes parents t'ont pas dit de pas mentir ?

- Si.

- Alors pourquoi tu mens, gamine ? File ta bouffe ! dit-il sur un ton autoritaire. T'iras pleurer dans les bras de ta mère !

Ses yeux étaient devenus sombres et remplis de colère.

- Je pleure pas, répondit tout aussi sèchement Emilie.

Thaïs secoua le bras de son amie pour partir.

- Ah ah peut-être que toi, tu pleures pas, mais ton amie presque ! se moqua le jeune rebelle. Aller, retournez câliner vos parents !

- Ta gueule !

Thaïs venait de laisser échapper sa colère. Elle n'en pouvait plus de ce type qui se croyait assez grand et fort pour raquetter les nouveaux 6èmes. Il se moquait d'elles en les insultant, mais surtout, il insultait aussi leurs parents !

Emportée dans son courroux, la petite Thaïs leva son poing gauche. Elle voulait lui faire mal, comme il leur avait fait mal. Il rigolait, il rigolait en voyant les têtes des fillettes. Le poing de Thaïs se rapprochait vite de sa cible. Malheureusement, il ne l'atteint pas. Le garçon arrêta d'une seule main le poing de la jeune fille.

- Tu voulais me faire mal ? dit ce dernier d'un ton moqueur.

Il lui retourna le bras. Le lui plia en s'approchant de sa victime. Puis la poussa sur le sol. Son action faite, il tourna les talons et partit chercher d'autres victimes.

Emilie se baissa pour aider son amie à se relever. La jeune fille pleurait.

- C'est un con, dit cette dernière.

- Oui, Thaïs, je confirme. T'as mal ?

- Non, ça va.

La cloche retentit de nouveau. Les cours reprenaient.

La fillette essuya ses larmes d'un revers de la main gauche, avant de rentrer en cours.

Les jours suivants se répétèrent. Le garçon venait chaque jour pour prendre leur goûter, mais elles n'en avaient jamais. Ainsi chaque jour le garçon finissait par les bousculer pour montrer son mécontentement et disait que si elles n'avaient pas de goûter le lendemain, il recommencerait à les faire valser par terre.

Après une récréation matinale, le garçon avait cette fois poussé Thaïs si violemment sur le sol, qu'elle s'était blessée au coude. Tout le reste de la journée, Thaïs se tut, elle n'osait plus parler. Elle ne disait pas un mot, même lorsqu'un professeur lui parlait. C'est alors Emilie qui répondait aux questions à sa place.

Thaïs réfléchissait. Elle ne s'arrêtait pas de réfléchir. Elle essayait de répondre à toutes les questions qui lui tournaient dans la tête.

La fin de la journée arriva bien vite. Le chemin du retour fût silencieux.

Lorsqu'elles arrivèrent à leur cabane, Thaïs ouvrit enfin la bouche :

- Je veux faire de la boxe.