Chapitre 54 : Toute la vérité

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Il les emmena jusqu'à son repère, le grand bâtiment de pierre aux toits pointus. Cet endroit qui les avait gardées emprisonné quelques temps semblait plus lumineux que jadis.

Les jeunes filles se jetaient des regards sur le chemin, sans plus savoir comment réagir. Cet homme. Cet homme, qu'elles suivaient, les avaient d'abord enlevées. Au début, elles le détestaient, comme son précédent chef. Puis, cet homme, Jack, les avait aidées. A ce moment-là, elles l'avaient adoré, sans savoir qui il était, mais dès qu'elles l'avaient vu dans le bureau de la Principale leurs sentiments à son égard s'étaient considérablement modifiés. Elles le haïrent. Quelques heures plus tard, il les avait une fois de plus sauvées, mélangeant encore une fois leurs sentiments à son égard.

Après tout ça, que penser à présent ? Était-il réellement digne de confiance ? Fallait-il le suivre ?

Peut-être que oui, car il semblait juste vouloir être là pour les aider. Il avait l'air d'être digne d'une confiance aveugle. Peut-être est-ce cela qui avait perdu l'ancien patron. Son bras droit semblait confiant, mais ce dernier avait tout fait pour que son chef tombe, laissant le champ libre à Jack pour prendre le pouvoir. Ceci dit, on ne peut pas lui en vouloir de toujours admirer ce qui lui est supérieur et de vouloir le saisir.

Jack ouvrit la porte d'entrée aux deux amies qui entrèrent avec méfiance.

Il les emmena par la suite dans son bureau. Cette pièce était décorée avec goût. Des tableaux ornaient les murs. Un œuvre de De Vinci s'intitulant « Jeune fille décoiffée » se trouvait à côté d'un Eugène Delacroix montrant une femme sur les ruines de Missolonghi, une ville grecque. En face, une autre peinture de Delacroix parfaitement réalisée représentait un cheval effrayé par un orage. La pièce faite de moulures en platine et marbre noir était chic. Sur le bureau reposait divers papiers et un ordinateur portable qu'on pourrait lui envier.

Jack ferma la porte après elles, puis les autorisa à s'asseoir sur les fauteuils transparents faisant face au bureau. Elles ne s'assirent pas immédiatement, se méfiant des sièges. Dans les films, les gentils s'asseyaient sur des sièges vivants qui les attachaient dès qu'ils posaient leurs fesses dessus. Elles avaient peut-être regardé trop de films.

Alors, Emilie et Thaïs hésitèrent à s'asseoir. En s'asseyant à son bureau, Jack leur fit un signe de la main les invitant à prendre place. Derrière lui, une grande fenêtre laissait passer la lumière naturelle. Elles s'assirent de peur que le mafieux ne s'énerve si elles refusaient. Enfin assises, Jack commença son récit :

— Alors voilà, le jour où vous avez été kidnappé, c'est Marc qui contrôlait tout. C'était lui le chef à l'époque. Et moi, tout ce que je voulais c'était lui prendre ce rôle. J'étais plus légitime que lui, mon père – le parrain avant lui – l'avait nommé avant sa mort, car à l'époque j'étais trop jeune pour entrer dans les affaires. J'avais 10 ans, et Marc 32. Il était le meilleur ami de mon père et le plus digne de confiance pensait-il. Je ne voyais pas les choses de la même façon que mon père. Alors, le jour où j'ai pu enfin avoir ma véritable place, je n'ai pas hésité.

Marc me faisait confiance et il m'a parlé de son plan : vous enlevez. A partir de là, j'ai su que venait enfin mon heure.

Lorsqu'il m'a tout raconté, j'ai tout de suite imaginé ce que je pouvais mettre en place pour prendre le pouvoir. Deux gamines, c'était facile à enlever, et c'était d'autant plus facile à manipuler. Il fallait juste que je créé une diversion au moment le plus propice pour une évasion, sans que vous ne sachiez lequel serait ce moment, évidemment. Les gens qui devaient vous administrer un somnifère faisaient parties de mon plan. Ils étaient de mon côté. Comme je t'avais enlevé, Thaïs, je pensais que ce serait toi qui te débattrais jusqu'au bout, finalement ça a été Emilie. J'avais laissé les fenêtres ouvertes exprès. Je savais que l'une de vous essaierait de sortir par-là.

Il s'arrêta de parler un instant. Ouvrit un placard sous son bureau et en sortit une bouteille en verre remplie de whisky. Il prit également un verre dans lequel il versa un peu de contenu de la bouteille. Puis il reprit, le verre à la main :

— Quand vous croyiez être seules, vous ne l'étiez pas. J'ai toujours été là, je vous surveillais. Il le fallait si je voulais faire en sorte que les autres mafieux cherchent là où vous n'étiez pas. Ainsi, tout le monde a cru que Marc était devenu sénile, trop vieux, et ils l'ont fait disparaitre.

Emilie et Thaïs l'écoutaient attentivement. Le silence commençait à peser dans le bureau, lorsque Thaïs demanda :

— Où est-il maintenant, ce Marc ?

— Mort. Je ne l'ai plus vu depuis son départ, ni entendu. Aucun des autres mafieux, des autres pays ne l'ont vu depuis ce jour.

Il but une gorgée de whisky.

— Et pourquoi avoir continué de nous aider ? questionna Emilie.

Quelqu'un frappa à la porte et Jack l'invita à entrer. L'homme qui passa la porte portait un plateau avec deux tasses. Il le posa sur le bureau. Jack lui fit un geste de la main pour qu'il s'en aille, ce que l'homme fît sans tarder.

— Du thé ? proposa Jack aux demoiselles. 

Elles hésitèrent un instant, pensant peut-être que le thé était empoisonné, puis elles acceptèrent se disant qu'elles étaient trop imaginatives. Elles prirent chacune une tasse. Jack se rassit sur son fauteuil et après avoir bu une autre gorgée de son whisky, répondit :

— J'ai continué de vous aider car dans le code d'honneur des mafieux, il est interdit de faire du mal aux innocents.

— Vous auriez pu nous tuer et ça aurait été fini.

Jack rigola un moment, puis dit à Thaïs :

— C'est vrai que j'aurais pu... mais cela voulait dire briser les règles.

Les jeunes filles le regardaient étrangement. Elles ne comprenaient pas ce qu'il voulait dire. Voyant leur visage perdu, il éclaircit son idée :

— De plus, vous avez tout fait pour vivre et pour survivre. Même voler. Dignes des mafieux soit dit en passant.

Thaïs et Emilie se fixèrent l'une et l'autre, cette fois-ci. Elles avaient eu raison, il voulait les former pour qu'elles deviennent mafieuses !

Jack se mit à rire une seconde fois.

— C'est vrai qu'au début j'y ai pensé. Vous pourriez faire de fantastiques mafieuses, surtout depuis que vous vous exercez en boxe. Mais, au fur et à mesure, j'ai fini par éprouver des sentiments à votre égard.

— Des sentiments ?

— Oui Emilie, vous êtes comme mes filles aujourd'hui. Je vous ai nourries, logées, sauvées. Toutefois, l'idée que vous fassiez parties de ses rangs est toujours d'actualité, sachant que la mafia est une grande famille.

Thaïs se leva d'un bond de son siège, la tasse de thé toujours dans ses mains.

— Et si on veut pas de vous ? Si on veut pas devenir mafieuses ? Vous nous tuerez ?!

— Non, Thaïs, vous avez le droit de faire ce que vous voulez, après tout vous n'avez rien fait, vous êtes innocentes. Vous n'avez pas voulu tout ça, je l'ai décidé pour vous, ainsi vous avez le droit de partir, mais dès que vous partirez vous ne serez plus sous ma protection.

— Ah bien joué, vous nous tenez, dit Emilie d'un ton sarcastique. Si on part, on se fera tuer.

— Pas nécessairement.

— Bien sûr, et si on reste on deviendra mafieuses et on devra voler de beaux tableaux d'une valeur inestimable ! répliqua Emilie en montrant de la main les tableaux accrochés aux murs.

— Calme-toi, je n'ai jamais dit ça, dit Jack d'un ton très calme qui était à glacer le sang.

— Mais vous y songiez fortement ! dit Thaïs, toujours debout. Nous ne sommes pas de mauvaises personnes et nous ne voulons pas de votre aide !

Les InséparablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant