Chapitre 50 : Préparation

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            Suite à ces événements, Thaïs fut finalement obligée de se rendre aux urgences pour son poignet droit. La radiographie découvrit une entorse. Elle en fut quitte pour une attelle et un peu de repos. Malheureusement le championnat de France approchait vite et elle espérait se remettre vite aux entraînements. Elle continuait néanmoins de suivre à la salle pour travailler ses muscles, abdos, dos et jambes. Elle ne voulait pas qu'elle perde tous ces efforts entrepris juste pour un poignet tordu.

Une semaine plus tard, elle suivit de la rééducation avant de reprendre les entraînements en douceur. Progressivement, Thaïs put reprendre les mouvements de bras, puis les combats.

Le championnat de France approchait et Thaïs stressait de plus en plus. Emilie de son côté, commençait à réapprendre toute seule, les bases de danse classique, comme les positions des pieds et la tenue du corps.

— Tu ne retourneras pas en entraînement de boxe ? demanda Thaïs, le regard timide.

Emilie s'arrêta dans sa séance de danse et posa sur son amie un regard désolé.

— Je te l'avais déjà dit...

— Oui mais je m'imaginais quand même que tu reviendrais avec moi... répondit Thaïs.

— J'ai appris tout ce qu'il me fallait pour me défendre, mais aujourd'hui ça ne m'intéresse plus, j'ai besoin d'autre chose pour me défouler.

Thaïs s'assit sur son lit, puis le sourire se dessinant sur son visage, celle-ci dit :

— Tu continueras à venir me voir aux compétitions ?

— Bien sûr que oui ! Je ne raterai pour rien au monde une Thaïs qui met K.O. tout le monde !

Thaïs laissa apparaître un sourire, avant de se cacher derrière ses longs cheveux blonds.

— Ça ne sert à rien de stresser dès maintenant, conseilla Emilie.

— Oui mais c'est demain qu'on part quand même...

— Et alors ? dit Emilie souriante. Tu es prête.

— J'espère... avec ce foutu poignet j'ai l'impression de ne pas avoir pu m'entraîner au mieux...

Emilie s'approcha de son amie et releva son menton à l'aide de sa main. Elle plongeait son regard dans celui de son amie :

— Tu es la meilleure.

Thaïs sourit.

Elle profita de la journée ensoleillée du dimanche pour s'entraîner à l'air libre. Emilie s'occupait dans la cabane à balayer et faire son lit. Ses corvées finies, cette dernière sirota un thé à la menthe à l'extérieur tout en regardant avec attention, Thaïs donnant des coups de poings aux gants rouges et des coups de pieds à un punchingball accroché à un tronc d'arbre. Elle était déterminée à remporter ce championnat.

Le lendemain matin ne fut pas de la même ambiance. La jeune boxeuse ne voulait pas se lever, la fatigue la privant de ses muscles... enfin c'est ce qu'elle disait à Emilie qui essayait tant bien que mal de la faire sortir du lit. Emilie la gifla. Thaïs, surprise se leva aussitôt.

Mais, elle avait mis tellement de temps à se lever, que lorsqu'elle commença à s'habiller, Emilie était déjà prête et l'attendait impatiemment, l'heure tournait. Emilie la bouscula alors pour qu'elle fasse au plus vite et finalement elles se mirent en chemin avec seulement quinze minutes de retard.

Évidemment, elles arrivèrent les dernières au point de rendez-vous pour partir en compétition. Tous les autres boxeurs et accompagnateurs étaient déjà assis dans le car, tandis que le coach attendait à l'extérieur les deux retardataires. Ce dernier leur fit brièvement la morale sur quoi il fallait être à l'heure par simple politesse de respecter l'heure fixée au rendez-vous.

Elles montèrent rapidement dans le car après avoir placé leur bagage dans la soute. Le chauffeur pouvait enfin démarrer. Le voyage fut long. Tout le monde jouait aux cartes ou à des jeux vidéo, excepté Thaïs et un autre garçon qui n'arrivaient pas à s'amuser avec les autres. Cette première grande compétition la stressait énormément. Comment ne plus y penser alors qu'elle était en chemin ? Et puis, le mafieux ne quittait pas non plus son esprit depuis la fameuse soirée. Impossible pour elle de se concentrer.

Le garçon qui stressait également était un nouveau du club. Lui, contrairement à Thaïs, il avait déjà disputé un championnat de France, mais cette année il avait dû changer de club à cause d'un déménagement, et il avait augmenté de catégorie. Ce garçon avait gagné difficilement sa qualification et aujourd'hui il doutait de pouvoir remporter son premier combat au Championnat.

Le car arriva enfin à destination. Les boxeurs, entraîneurs et accompagnateurs descendirent du véhicule avec énergie. Thaïs descendit du véhicule le visage pâle. La voyant inquiète, Emilie lui ordonna de se concentrer et de stopper un moment ses pensées, car elle savait exactement à quoi songeait Thaïs depuis tout ce temps. Le mafieux envahissait son cerveau. La jeune fille repassait sans cesse les événements afin de comprendre. De tout comprendre. Pourquoi avoir assassiné son père ? Pourquoi l'avoir enlevée ? Pourquoi l'avoir finalement aidée ?

Ces questions s'étaient peut-être enfuies pendant quelques années, mais depuis la rencontre dans le bureau de la Principale, ces questions refaisaient surface, comme un cadavre jeté à l'eau remonte plusieurs années plus tard. Un assassin se fait toujours attraper, des questions trouvent toujours une réponse. C'était l'heure des réponses à présent. Thaïs les voulaient tout de suite sans attendre, mais le championnat arrivait et sa concentration devait se centrer sur le plus important dans l'instant. Combattre. Si ses poings et ses pieds étaient prêts, ce n'était toutefois pas le cas de sa tête.

Le premier jour du championnat, Thaïs avait la possibilité de se perdre dans ses songes, puisque ses combats ne commençaient que le lendemain. Celui-ci étant réservé à la pesée, pour vérifier que l'athlète soit bien engagé dans la bonne catégorie.

Puis suivit un entraînement afin de s'imprégner de ce nouvel environnement. Cet entraînement, comme on pouvait se l'imaginer ne fut pas le plus productif de Thaïs. Le coach s'en mordait les doigts de voir un de ses athlètes perdu dans l'espace infini de son cerveau.

Le soir dans la chambre d'hôtel, que partageaient les deux amies, Emilie l'encouragea :

— Ne pense plus à rien. Oublie tout à part tes coups de poings et ceux de ton adversaire.

Thaïs l'écouta à contrecœur, car elle voulait simplement s'enfuir encore plus loin dans ses pensées.

— Mais, Emilie j'ai besoin de savoir ! dit-elle finalement.

Emilie lui fit une tête désespérée. Cette dernière regarda un instant ses pieds, le temps de la réflexion, puis expliqua :

— Moi aussi, mais il y a plus important dans l'immédiat, le coach te fait confiance, tu ne peux pas le décevoir...

— Mais non ne t'inquiète pas, je ne le décevrais pas, et puis si c'est le cas, il ne me fera rien avec comme tuteur le patron de la mafia... d'ailleurs je me suis toujours demandé comment le coach avait pu accepter deux filles dans ses rangs alors qu'il était un grand sexiste, eh bien voilà la réponse : il n'a pas eu le choix, sinon c'était la mort.

Emilie ne sut que répondre à ces mots glaçants déblatérés avec autant de calme. Le pire était qu'il n'y avait rien à réfuter, Thaïs venait de dire simplement la vérité. Un mafieux comme oncle impose forcément auprès des gens.

— Demain tu combats, essaye de ne penser qu'à ça, finit par dire Emilie d'un ton sec qui conclut la conversation.

Cette dernière se coucha et s'endormit aussitôt ne laissant pas Thaïs répliquer quoi que ce soit. 

Les InséparablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant