Emilie mit une main sur sa poitrine. Les battements allaient de plus en plus vite. Son amie était en grand danger, il lui fallait l'aider.
- Tu ne sais pas où se trouve Thaïs, reprit le mafieux. Ne court pas sans savoir, tu te fatiguerais plus que tu ne la sauverais.
- Et vous, vous savez où elle est ? dit ironiquement Emilie.
Toujours les mains dans le dos, la tête haute, l'homme répondit calmement, un distinct « oui ». Emilie plissa les yeux. Il ajouta :
- C'est un de mes hommes, il est sorti sans permission. Ceux qui me désobéissent sont punis.
Le regard insistant d'Emilie le résolut à continuer ses explications :
- Je trace tous mes hommes. Ainsi, je sais où il se trouve, de même pour Thaïs.
- Mais Thaïs, comment être sûre qu'elle est avec lui ? répliqua la jeune fille d'un ton triomphant comme si elle avait compris plus vite que lui.
Le fameux bienfaiteur leva ses talons, tel un enfant tout content.
- Je ne vous ai jamais perdu.
Le revolver face à elle l'immobilisait. Thaïs n'arrivait pas à réfléchir à une possible fuite. La peur l'envahissait de toute part. Par moments, elle fermait les yeux espérant se réveiller d'un mauvais rêve, malheureusement ce n'en était pas un. Son cœur battait. Battait.
Battait.
Puis, un coup de feu arrêta ses battements de cœur. Ses yeux verts s'ouvrirent grands. Un corps gisait à terre. L'agresseur venait de succomber. Derrière lui, quatre hommes s'avançaient. Tous étaient armés. Thaïs, terrorisée, n'eut pas le temps de prononcer un mot que les hommes en costume noir l'attrapèrent.
La main sur sa poitrine, Emilie sentait une nouvelle fois les battements de son cœur s'intensifier... Et se calmer d'un coup.
- Emilie !
Cette dernière tourna ses talons et découvrit une Thaïs, chevelure blonde au vent, courir dans ses bras. Ce fut une longue étreinte. La chaleur des deux corps se mêlait. Leur cœur semblait ne faire qu'un, maintenant. L'étreinte finie, Thaïs remarqua la présence du mafieux. Elle voulut se mettre en colère, toutefois il fut plus rapide :
- Ne gaspille pas ta salive, c'est précieux.
- Il a dit qu'il n'avait pas tué ton père... chuchota Emilie à l'oreille de son amie.
- En effet, c'est ce que j'ai dit, reprit l'homme. Je ne tue pas les innocents, donc pas ton père, c'est le code d'honneur des mafieux. Malheureusement, l'ex-patron ne respectait pas ce code. Thaïs, tu as cru que j'étais l'assassin car je levais mon arme dans la direction de ton père. Mais, l'assassin fut l'homme à ma droite, un homme n'ayant aucune pitié et aucun respect pour le code. Te souviens-tu de cet homme ?
- Oui, je n'ai jamais oublié cette scène.
- Sache que lorsque je suis devenu le parrain, cet homme est mort, car il ne respectait pas mes règles.
A ces mots, Thaïs eut un sourire de soulagement. L'assassin ne vivait plus. Tant mieux.
- Bien, il est temps de rentrer, dit le mafieux en pivotant sur ses pieds, les mains toujours dans le dos.
- Attendez ! cria Emilie. Vous croyez qu'on va retourner dans notre cabane, maintenant ?
Un visage souriant tourné vers les jeunes filles, il dit :
- Je ne vous ai jamais perdu, souvenez-vous en. Allez-vous coucher, vous avez cours demain.
Les mafieux se dirigèrent vers la forêt. Ils marchaient calmement, sans précipitations.
Les deux amies attendirent qu'ils disparaissent de leur vue avant de retourner à leur tour chez elles. Car, au fond, elles n'avaient pas d'autres refuges.
Au chaud dans la cabane, chacune posa son sac sur le sol. Emilie en sortit certaines affaires inutiles pour le lendemain. Dans le lot, Thaïs vit une feuille volante sur laquelle quelques mots en vers étaient écris. Elle lit.
- C'est beau.
Emilie leva les yeux de son sac, Thaïs venait de lire le texte écrit sur le trottoir quelques heures auparavant.
- Merci, c'est toi qui m'as inspirée. L'autre jour, je t'ai entendue chanter, dit Emilie en souriant.
Thaïs se tut, elle semblait apprécier ce moment de calme et de douceur. Une minuscule larme se montrait dans le coin de son œil.
- J'en ai d'autres si tu veux lire... dit timidement Emilie.
Thaïs la regarda pleine d'envie. Emilie se précipita sur ses textes pour les montrer à son amie, qui lui répondit un sourire aux lèvres et une admiration dans les yeux :
- Tu as du talent, je te jure.
- Merci, répondit timidement Emilie.
Thaïs reposa par la suite les textes, puis chacune partit se coucher. Elles étaient incroyablement fatiguées, pourtant aucune d'elle n'arrivait à fermer les yeux cette nuit-là. Des questions restaient en suspens. A présent elles savaient qui était leur bienfaiteur, mais ce qu'elles ignoraient c'était pourquoi. Pourquoi les aidait-il ? Avait-il un but quelque part ? Ou simplement, elles méritaient de l'aide du fait de leur innocence ? Et ce qu'il avait dit avant de partir demeurait mystérieux à leurs yeux : il ne les avait jamais perdues, mais dans ce cas comment l'ancien parrain pouvait-il l'ignorer de son côté ?
Bien qu'une part de la vérité venait d'être révélée, beaucoup de choses restaient cachées, comme la plus mystérieuse de toute, qui revenait aujourd'hui en mémoire : Pourquoi elles ?
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On arrive bientôt à la fin ! Encore 6 chapitres normalement, à Vendredi prochain pour la suite 😉
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Les Inséparables
Teen FictionElles ne se connaissaient pas, et pourtant vont devenir les meilleures amies du monde à travers les barreaux d'une prison. Thaïs et Emilie ont 11 ans et viennent de se faire enlever par une organisation mafieuse après avoir assistées au meurtre de l...