La haine pour son père montait en elle, telle une maladie des plus contagieuses. Elle essayait d'oublier les beaux souvenirs qu'elle gardait de lui, bien qu'elle avait du mal. Thaïs ne savait plus quel souvenir garder de son père, celle d'un assassin ou ce qu'elle avait toujours vu en lui, un beau visage d'ange, un père dévoué et triste lorsqu'il pensait à la mort prématurée de sa femme ?
Thaïs ne cessait de se poser une question : Si son père était aussi mauvais, pourquoi ne s'était-il pas débarrassé de sa fille ? Pourquoi avoir fait subir une telle souffrance à la mère de son enfant s'il n'était pas mauvais dans le fond ? Ils ne s'aimaient peut-être plus, une dispute, un revolver dans la main et le coup était parti...
Cette histoire bouffait Thaïs, surtout qu'elle ne pourrait jamais avoir la certitude de ce qui s'était passé ce soir-là, et si son père avait réellement commis un crime. L'article de journal demeurait sa seule vérité, malheureusement.
De cette interrogation sans réponse sur la mort de sa mère, sur le soupçon qui pesait sur son père, faisait qu'au collège Thaïs continuait d'être une véritable rebelle. Lorsque les professeurs lui posaient une question, la jeune fille se contentait de répondre qu'elle n'en avait rien à faire. Ce qui lui valait d'être tous les soirs une heure en retenue.
Emilie n'en pouvait plus et ignorait la façon adéquate pour régler tout ça. Le plus gros problème pour Emilie était sur les cours, car Thaïs ne se préparait pas comme il le fallait pour le Brevet. Alors que le mois de Février commençait, les notes de Thaïs stagnaient autour du 7/20.
Seulement, ces récents évènements tracassaient Thaïs au point de ne plus réussir à se concentrer lors des entraînements, ce qui lui valait d'être sans cesse disputée par son coach, qui pour une fois plaçait de grands espoirs en elle.
De temps en temps, Emilie assistait aux entraînements. Elle pouvait ainsi voir la difficulté qu'avait son amie à se concentrer, de ce fait elle n'arrêtait pas de perdre ses combats.
- Thaïs, il faut que tu oublies cette histoire ! lui dit un jour Emilie sur le chemin du retour après l'entraînement.
- Je ne peux pas, c'est en moi, quand je me réveille je vois mon père, un revolver à la main, pointé sur ma mère...
- Thaïs... je suis désolée que tu aies à vivre avec ça... mais ce n'est qu'un article de journal, il y a sans doute une pièce manquante qui expliquerait tout et montrerait la bonté de ton père plus que sa colère et sa folie criminelle.
Emilie regardait son amie verser une larme, bien trop fatiguée par cette histoire. Emilie arrêta son amie pour la rassurer, avant d'être interrompue :
- Salut les filles ! Il est tard, vous devriez pas être chez vos parents à cette heure-ci ?
Un groupe de quatre garçons d'environ 17 ans venaient importuner les jeunes demoiselles sur le trottoir. Tous étaient d'une grande taille. L'un arborait des cheveux blonds volant au vent, une bouille mignonne de badboy, un autre de petite taille avait des cheveux bruns et des boucles éclatantes, le troisième arborait des cheveux châtains et des tâches de rousseurs sur les joues. Le dernier était un asiatique aux beaux cheveux noirs.
- Si justement on est en train de rentrer, dit Thaïs sans accorder un regard à ces jeunes.
Elle tentait de se frayer un chemin parmi ces gens, malheureusement ils ne s'écartèrent pas pour la laisser passer.
- Bougez, s'il-vous-plaît, dit Thaïs d'un ton ferme.
- Hey, ma chérie on se calme, dit le badboy blond.
Thaïs le fixa, les sourcils froncés, puis tentât une nouvelle fois de passer entre eux. Le badboy l'agrippa par l'épaule.
- Reste-là ma mignonne.
C'est alors que les yeux verts de la jeune fille se tinrent de rouge.
- Lâche-moi.
Celui-ci et tous ses amis rigolèrent en chœur.
- Je réitère ma demande : lâche-moi !
Il la serra encore plus fort. La poigne du bel âtre blond broyait l'épaule de Thaïs, mais comme à son habitude elle ne laissait rien paraître sur son visage.
- Lâche-là pauv' con, osa Emilie d'un ton qui se faisait plus timide que celui de Thaïs.
L'asiatique la prit alors par le bras, tandis que le garçon aux belles boucles posa sa main sur les seins de la fillette. Emilie ne bougea pas, la peur la paralysait.
Les deux amies demeuraient perdues. Que fallait-il faire ? Rien ? Cela fût difficile à imaginer pour Thaïs, Emilie l'imaginait d'autant mieux. Cette dernière se voyait déjà embarquée dans une ruelle sombre. Les garçons tenant Emilie se rinçaient l'œil admirant sa poitrine déjà bien développée. L'un d'eux voulant voler sa virginité, baissa le pantalon de la jeune fille. Emilie ne pouvait ni bouger ni crier, alors que Thaïs de son côté hurlait contre le blondinet prétentieux et essayait de lui donner des coups de pieds et de mains pour qu'il la lâche. Emilie voyait à travers les yeux de son amie, la souffrance qu'elle pouvait ressentir.
Thaïs tentait en vain de se dégager de l'emprise du beau badboy. Elle le frappa d'un direct au visage de sa main libre, mais ce fut sans effet. Il se moqua plus fort encore en voyant ce malheureux essai.
Toujours pétrifiée la pauvre Emilie n'avait plus de pantalon, ni même de t-shirt cachant ses seins. Cette dernière se faisait malaxer sa poitrine et caresser le visage par les deux garçons qui bavaient devant leur exploit.
Emilie et Thaïs tournèrent la tête. Leurs regards se croisèrent. Leur colère grandit. Que l'autre souffre, Emilie comme Thaïs le supportait moins que de souffrir elles-mêmes. Un signal brilla dans leurs yeux. Le signal pour se battre. Le courage se lisant dorénavant dans leur regard, elles se retournèrent vers leurs agresseurs, les yeux sans pitié.
Emilie fut la première à agir en montant son pied à hauteur de l'entre-jambe du garçon aux boucles brunes. Ce dernier la lâcha immédiatement sous la douleur. Elle lança aussitôt un direct dans son visage. Il recula de plusieurs pas.
Thaïs leva sa jambe droite et lança un coup de pied à l'asiatique qui tenait toujours fermement son amie. Il tomba sur le sol pour sa plus grande joie. Dans la volée, elle envoya un crochet du droit sur le badboy qui relâcha sa prise et recula d'un pas sur le côté. Emilie enfin libre, se rhabilla immédiatement.
Les jeunes filles se collèrent ensuite dos à dos la garde levée, tandis que les garçons les encerclaient. Sur le même temps, elles lancèrent un fouetté de jambe, l'une sur la gauche, l'autre sur la droite, chacune sur une proie. Ensemble, elles envoyèrent un direct dans l'estomac sur les deux autres.
Le garçon aux boucles brunes profita qu'Emilie soit de dos pour la serrer à la gorge, mais cette dernière réagit aussitôt d'un coup de coude. Il la relâcha et se tint le ventre, souffrant de cette douleur. Pour se venger du strip-tease qu'il lui avait imposé, elle lui fit cadeau d'un beau direct dans le nez. Il tomba à la renverse, s'écroulant sur le bord du trottoir.
Dans le même temps, Thaïs se défoulait à coup de poings, contre un punching-ball représenté par le ventre du blondinet. Elle l'acheva d'un uppercut dans le menton et avant que le garçon aux tâches de rousseur ait pu aider son ami, Thaïs se retourna, la jambe droite bien haute pour le frapper à la tête.
Il ne restait plus qu'à aider Emilie qui se battait contre l'asiatique. A deux, le garçon fut facile à battre, Emilie frappant à l'entre-jambe, Thaïs frappant au visage d'un coup de pied.
Tous étaient allongés sur le sol, certains inertes, les autres se tortillant de douleur, tandis que les demoiselles se tenaient debout bien droites. Les deux amies admirèrent un instant leur exploit. Puis, elles s'échappèrent en courant.
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Les Inséparables
Roman pour AdolescentsElles ne se connaissaient pas, et pourtant vont devenir les meilleures amies du monde à travers les barreaux d'une prison. Thaïs et Emilie ont 11 ans et viennent de se faire enlever par une organisation mafieuse après avoir assistées au meurtre de l...