Chapitre 48 : Battements de coeur

2 0 0
                                    

Emilie marchait lentement, comme si elle ne voulait pas s'éloigner du point où s'était enfuie son amie. Sa meilleure amie. Sa seule amie. Et le problème n'était toujours pas réglé, aucun logement où s'abriter ne s'était présenté.

Quelques brefs instants, la fillette levait ses yeux au ciel. Les étoiles brillaient dans ses yeux bleus mouillés par les larmes. Elle essayait sans doute de trouver un quelconque refuge parmi les étoiles.

Les jambes d'Emilie, trop fatiguées, s'évanouirent. Assise sur le bord du trottoir, seule, elle réfléchissait sur sa vie d'avant et celle après la mort de ses parents. Elle revoyait les beaux jours... puis ceux qui suivirent leur fuite. Thaïs avait peut-être raison au fond : jamais elles n'avaient vécu heureuses, ce n'était que se tromper de le croire.

Le cerveau d'Emilie se mit à bouillir d'inspiration, alors elle sortit de son sac une feuille blanche et un crayon à papier. Elle posa cette feuille sur le sol et écrivit tout en récitant les mots qui lui venaient à l'esprit :

- Pourquoi n'était-ce pas qu'un cauchemar, j'aurais préféré le voir en noir.

Elle regarda à nouveau le ciel. Cette immensité bleue l'inspirait, ainsi elle continua sa phrase :

- ...mais je l'ai vu en lumière, sous un gros nuage gris de poussière.

Un nouveau coup d'œil vers les étoiles avant de revenir sur la feuille.

- J'étais aimée et me voilà plongée dans le vide profond, sans fond. Mon cœur s'est évanoui à vie. Le courage me perd, petit à petit, celui-ci s'enterre.

Elle pensait à Thaïs au moment tout en admirant une fois de plus le ciel.

- Cassée, brisée, jetée, tel un vase de cristal qu'on ne veut plus aimer, pourri, inutile, est-il.

Et une larme scintillante s'écoula le long de son nez.

Thaïs ne regardait pas les étoiles. Elle se contentait de pleurer à chaudes larmes. Elle s'était stoppée dans sa course plusieurs mètres plus loin. Une main toujours sur le visage, comme si elle se cachait. Comme si la jeune fille avait honte d'elle-même. Elle songeait aux dernières paroles d'Emilie. Son amie avait raison. Elle faisait toujours n'importe quoi. Elle se rebellait à chaque fois contre les professeurs et ses camarades, pour des conneries. Tout était de sa faute. Si le combat devant le collège n'avait pas eu lieu, jamais elles n'auraient découvert qui était le bienfaiteur, donc la fuite qui suivit n'aurait pas eu lieu non plus. Elles seraient tranquillement rentrées dans leur cabane, et à l'heure qu'il était, toutes deux dormiraient profondément.

Elle séchait ses larmes, mais d'autres continuaient de couler le long de ses joues et de son menton. Puis, sans crier gare, une main recouvra sa bouche, tandis qu'une seconde attrapa sauvagement son front.

Les battements du cœur d'Emilie s'accélérèrent si brutalement qu'elle lâcha son crayon. Elle remit ses affaires dans son sac au rythme de son cœur. Aussi vite que les battements de celui de Thaïs.

La jeune fille se releva et courut dans tous les sens en hurlant le prénom de son amie. Quelque chose n'allait pas et elle ignorait où se trouvait Thaïs. Comment la trouver ? Emilie ressentait d'étranges forces à l'intérieur de sa poitrine. Elle continuait de crier le prénom de la seule personne qui lui restait en pleurant.

- Ce n'est pas comme ça que tu vas retrouver ton amie.

Une voix d'homme venait de retentir dans la nuit. Emilie se tourna vers la voix et distingua l'homme de la mafia, leur bienfaiteur, dans son costume chic couleur noir. L'homme se tenait debout, droit, la tête haute et les mains derrière le dos. Il demeurait toujours calme, ce qui faisait une parfaite contradiction avec l'état de la jeune fille.

- Comment... ? Vous... ?

- Je ne suis pas là pour te tuer, dit l'homme. Je n'ai jamais été là pour ça. Sache une chose, Emilie, je ne tue pas les innocents. Et le père de Thaïs en était un. Tout comme vous.

Il se tut un instant, puis reprit :

- C'est le code d'honneur des mafieux et je le respecte à la lettre.

Dans une autre rue, la jeune Thaïs ne pouvait plus bouger. Elle se retrouvait, à présent, le nez contre un mur de brique rouge. Sa tête était toujours maintenue, de même que sa bouche, ainsi hurler à l'aide lui était impossible. Son agresseur se colla contre elle. Il lui baissa son pantalon. La jeune demoiselle tenta un coup de pied dans le tibia, mais elle rata son coup. Par la suite, elle voulut donner un coup de coude dans ses côtes, sans succès. L'agresseur se mit à rire en enlevant son propre pantalon, puis son caleçon.

Thaïs tenta une seconde fois le coup de coude, qui ce coup-ci fit reculer l'adversaire. Elle se dépêcha de remonter son jean, ce qui était bien compliqué vu l'état de son poignet droit après le combat qu'elle venait d'avoir. La rapidité de l'adversaire était d'une excellence presque surnaturelle, puisque si rapide fut-il qu'un revolver était dégainé avant même que Thaïs eut fini de se rhabiller.

Elle était coincée. En voyant cette arme, elle pensa au coup de feu qu'elle avait entendu en haut de sa chambre à l'époque. Son cœur, sous la tension, s'accéléra de plus belle. 

Les InséparablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant