Les Inséparables

Chapitre 24 : Intimité

L'heure de la fin des cours sonna sa délivrance. Thaïs allait pouvoir rejoindre Emilie et pourrait enfin discuter de toute cette horrible journée où elle avait été si seule.

Mais lorsque la fillette rentra, elle ne trouva personne. Emilie avait disparu. Où avait bien pu aller son amie ? Surtout que des hommes malhonnêtes habitaient la forêt et que tout pouvait arriver... Elle s'affola. Thaïs se précipita à l'extérieur pour chercher son amie, sans songer à la peur de revoir ces mafieux.

Elle remuait tous les coins, les buissons, les arbres, mais rien. Elle songea au lac et s'y dirigea immédiatement. Elle vît alors une tignasse brune au bord de l'eau. Elle l'appela, mais Emilie ne bougeait pas, elle ne lança pas même un regard, on aurait dit qu'elle ne l'avait pas entendue, pourtant Thaïs avait crié tellement fort qu'elle avait réveillé des oiseaux.

Son amie lui avait fait si peur à disparaître ainsi, qu'elle s'avança furieuse.

- Laisse-moi.

- Quoi ? ! Tu sais que tu m'as fait peur !

- Et alors...

Thaïs s'énerva un peu plus. Son visage rougissait encore de colère.

- En plus tu m'as laissée toute seule à l'école ! Tu m'as abandonnée, j'ai passé une mauvaise journée...

- Et moi, tu te demandes pas si j'ai passé une mauvaise journée ?! Laisse-moi tranquille !

Le visage de Thaïs contrastait de plus en plus avec ses cheveux blonds, il devenait plus rouge encore.

- T'es qu'une égoïste ! lança cette dernière.

- Moi ?! répliqua Emilie tout en s'énervant à son tour. Et toi alors, tu ne sais rien de moi, tu peux pas dire ça ! Dégage !

Thaïs abandonna la dispute, la laissant cogiter seule.

De son côté, Thaïs se mit à réfléchir également sur leur relation. C'est vrai que finalement elles ne se connaissaient pas depuis longtemps et ne pouvaient pas encore tout comprendre. Il fallait qu'elles fassent plus ample connaissance pour se comprendre parfaitement.

Puis l'heure du dîner sonna. Emilie n'était toujours pas revenue, mais la jeune blonde s'en fichait. Elle se débrouilla seule pour manger. Quelques heures passèrent, Emilie n'était toujours pas rentrée et Thaïs commençait à se poser des questions. Et si les mafieux l'avaient enlevée ? Et si elle était tombée dans l'eau ? Et si elle ne revenait pas ? Thaïs se décida à sortir de la cabane pour la ramener ici saine et sauve.

La chevelure blonde réapparue au lac en espérant de tout cœur retrouver Emilie à cet endroit. Par chance, elle était allongée là. Celle-ci fixait les étoiles.

- Ça va ?

- Désolée pour tout à l'heure... s'excusa Emilie le regard toujours vers le ciel.

Cette dernière semblait calmée, zen et reposée. Ça lui avait été bénéfique cette petite pause à l'air libre.

- Tu peux tout me dire, tu sais ? Si t'as besoin de parler, je suis là.

Emilie se contentait d'écouter. Thaïs, voyant que son amie ne la rejetait pas, s'allongea à son tour dans l'herbe fraîche.

Toutes deux observaient le ciel et ses multiples étoiles. Le ciel permet le rêve, inaccessible physiquement et pourtant si accessible pour les yeux et les rêveries. Le ciel peut prendre toute forme, grâce aux nuages et aux étoiles qui se dessinent tels des formes qui leur plaît. Il est si vaste qu'on peut s'imaginer des tas de choses, comme quelqu'un d'un autre pays, d'un autre continent, voire d'une autre planète qui, en même temps que nous, regarde ce même ciel bleu. Ce ciel a de multiples facettes et une infinité de possibilités.

- Tu veux que je te dise ?

- Quoi Emilie ?

- Pourquoi je ne suis pas allée à l'école.

- Si tu veux pas je veux pas te forcer, mais j'aimerai bien savoir oui.

Emilie ferma les yeux un instant et dit :

- C'était mon premier anniversaire sans mes parents, sans ma famille...

Thaïs tourna la tête vers son amie versant plusieurs larmes. Elle ne sût que répondre sur le coup et cela lui fît penser, elle aussi, à son propre anniversaire qu'elle fera sans son père cette fois-ci. Puis, elle trouva enfin les mots.

- Je te comprends.

Elle sentait qu'il ne fallait pas en dire plus, qu'il fallait s'arrêter à ces quelques mots. Cela suffisait à Emilie de savoir que quelqu'un la soutenait. Après tout, elles étaient pareilles toutes les deux, aussi seules l'une que l'autre et pouvaient se comprendre mutuellement. Elles se jurèrent une chose. Elles ne voulaient plus rien se cacher, ainsi à présent elles se diraient tout, même ce qui leur fait mal.

Elles ne parlèrent plus et s'endormirent là sous les étoiles qui faisaient briller leurs yeux d'amitié. Collées l'une contre l'autre. 

                                                                                             *

Le lendemain, elles se réveillèrent en sursaut dans l'herbe mouillée par la rosée. Ces dernières avaient oublié s'être endormie ici. Paupières bien reposées, elles se levèrent et rejoignaient leur maison de bois.

- Thaïs, on a une lettre.

Emilie montrait du doigt le pas de la porte de la cabane. Une lettre y était déposée.

Elles ne prirent pas le temps de rentrer que l'enveloppe fût aussitôt déchirée. Emilie commença la lecture :

« Bonjour chères jeunes filles,

Je vais faire court car je n'ai pas beaucoup de temps aujourd'hui.

Je comprends que vous ayez envie de vous défouler. Vous êtes inscrites dans un club de boxe, ci-dessous l'adresse. Premier entraînement mardi à 18h. Je vais vous acheter le matériel de boxe que je vous amènerais lundi.

A bientôt. »

Elles sautèrent de joie ! Enfin, elles sauraient se battre contre les méchants et ce garçon de quatrième.

- Et la prochaine fois que ce mec veut me battre, c'est moi qui le mettrais par terre avant !