Les Inséparables

Chapitre 22 : Réflexions

Aux mots de son amie, Emilie ne répondit rien. Elle réfléchissait simplement, le nez en l'air, les yeux dans le vague. De son côté Thaïs trouvait que le temps d'attente pour une réponse était extrêmement long, ainsi au bout de plusieurs minutes, elle demanda :

- Alors ? t'en penses quoi ?

- Euh... tu connais la boxe ?

- Oui à peu près, pourquoi ?

- C'est... comment dire... un sport dangereux, tu peux te blesser et tout, balbutia Emilie.

- Justement.

La jeune fille à la tignasse brune pencha la tête sur le côté en regardant son amie.

- T'as vu comment ce garçon ne cesse de nous embêter ? s'emporta Thaïs.

- Oui mais on va pas se battre tous les jours non plus. Et puis, il est plus grand aussi. Oublie-le.

Thaïs ferma les yeux, songeuse.

- J'ai beaucoup réfléchi cette après-midi... et je me dis que... ils peuvent toujours revenir... laissa-t-elle sortir de sa bouche.

La tête blonde fixait le sol. Emilie avait l'air surpris, elle ne s'attendait pas à ressentir à nouveau ces émotions à cet instant précis. Ceci, plongeaient une nouvelle fois, les fillettes dans leurs souvenirs. Ils étaient si horribles ceux-là. Le sang refaisait surface devant leurs pauvres yeux rougis par les larmes de désespoir. Le bonheur semblait à présent si loin.

- Tu crois qu'ils pourraient revenir ? demanda Emilie, la peur dans sa voix.

- C'est possible... ils habitent dans la forêt, comme nous... on peut toujours se croiser par hasard. D'ailleurs tu te souviens du jour où on les a vus ?

- Euh... ah oui, c'est le jour où l'assassin de mes parents a tué un homme qui devait nous chercher... mais qui nous a pas trouvé...

La voix d'Emilie trahissait une culpabilité envers cet homme, comme si la mort de l'homme était de leur faute.

- Bien ! Faisons de la boxe ! Comme ça on les tapera si fort qu'ils pourront rien nous faire ! répondit Emilie avec une certaine naïveté.

Thaïs sourit. Cette dernière se précipita sur le bureau, pris une feuille, un crayon et commença à écrire. Elle nota en haut de la page « Bonjour monsieur l'inconnu ». Elle s'arrêta ne sachant plus quoi écrire.

- Je dis quoi ? demanda-t-elle.

- Tu n'as qu'à mettre tout simplement qu'on veut faire de la boxe.

Thaïs hocha la tête, poussa ses longs cheveux blonds et écrivit :

« Emilie et moi, on veut faire de la boxe. Un garçon nous cherche des ennuis au collège et on peut pas se défendre, il est plus grand que nous. Donc on a réfléchi on veut faire de la boxe, toutes les deux. On veut pas se faire battre comme ça, on est fortes nous aussi. »

Elle signa ensuite la lettre de son prénom ainsi que de celui d'Emilie. Puis, elle déposa la feuille, pliée en deux, sur le pas de la porte de la cabane. Elle posa également une pierre sur le papier pour éviter que celui-ci ne s'envole.

Les deux amies prirent ensuite leur goûter. Au menu, des biscuits chocolatés du supermarché accompagné d'un verre de soda. Elles firent ensuite leurs devoirs jusqu'à l'heure du dîner. Elles devaient en premier lieu résoudre un problème de mathématiques, qu'Emilie résolut plutôt facilement, tandis que Thaïs peinait à y arriver. Heureusement, son amie l'aida et toutes deux purent passer aux autres devoirs qui incluaient de l'anglais, des traductions de mots à apprendre par cœur ainsi qu'un exercice sur la conjugaison en anglais et en français. Elles se mirent ensuite à table pour le repas, elles étaient si fatiguées que le dîner fut rapide, afin de s'allonger au plus vite, confortablement dans leur lit.

Avant d'aller se reposer sur son matelas, Emilie admira par la fenêtre le ciel étoilé en cette belle nuit qui venait de captiver son regard. Elle avait l'air de rêver éveillée. Elle ne voyait pas simplement des étoiles briller à des milliers de kilomètres au-dessus d'elle, elle voyait ces lumières se relier entre elles pour dessiner le visage de ses parents souriant. Elle laissa échapper une larme de son œil aussi bleu que l'eau. Elle essuya sa joue et souffla un bon coup pour monter ensuite l'échelle de son lit sans voir qu'en bas Thaïs ne dormait pas non plus. Cette dernière aussi admirait son père dans le ciel.