Chapitre 36 : Traitre

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Viktor :



J'émergeais doucement de mon sommeil. D'un geste je dégageais ce qui restait de ma couverture pour respirer davantage. Le corps était couvert d'une fine pellicule de sueur, je dévisageais les mégots de joints qu'il me restait. J'étais arrivé à un stade où il n'y avait que cette putain d'herbe magique qui me permettait de fermer l'oeil de la nuit, même si ce qui suivait n'était pas vraiment un sommeil réparateur, ça me convenait.

Une fois debout je m'asseyais précipitamment, laissant le temps à mon cerveau de cesser ses bourdonnements. La bouche pâteuse, j'attrapais une bouteille d'eau que je vidais d'une traite avant de reprendre mon téléphone. Comme chaque matin, j'avais un nombre incalculable de messages reçus et au moins une bonne vingtaine d'appels manqués. Pourtant, je me sentais un peu plus apaisé, même si je venais de loucher sur une demande de dîner à laquelle je ne pourrais malheureusement pas me soustraire.

Je balançais mon caleçon avant de m'engouffrer sous la douche et laissais l'eau froide nettoyer les dernières odeurs de cannabis qui devaient avoir imprégné mon corps. Ça devait faire une éternité que je n'avais pas autant fumé. Un an pile, je dirais, à chaque anniversaire de sa mort. Comme chaque année, je me contentais de baisser le regard lorsque je passais devant mon miroir.

Quand on avait enterré ma mère, les premiers mots qu'on avait soufflés étaient de ne pas m'en faire parce qu'elle me regardait d'en haut. Aujourd'hui, je pourrais prier pour que ce soit faux, parce que je n'imagine même pas la déception qu'elle devrait avoir en voyant comment son fils a tourné.

Je fus sortie de mes pensées par un tambourinement contre ma porte qui me fit grincer des dents. Habillé d'un short, j'ouvris la porte pour tomber sur Dimitri, comme d'habitude.

 - Est-ce qu'un jour tu arriveras après que j'ai eu le temps de me mettre un truc sur le dos, putain ? Lui reprochai-je en m'écartant de la porte pour le laisser entrer.

 - Ouais, le jour où tu arrêteras de dormir à poil, peut-être. répliqua-t-il avant de passer le pas de ma porte.

 - Qu'est-ce que je peux faire pour toi, Dimitri ?

 - Faut qu'on parle.

 - Jusqu'à la dernière nouvelle, t'es pas ma meuf, alors ouvre ta gueule ou sors d'ici Mudak, lui dis-je avant de retourner dans la salle de bain pour finir de me raser.

 - Ça ne va pas te plaire, mais va bien falloir que je te le redemande. T'es sûr de ne pas vouloir la tuer ? Putain Viktor, on parle d'une capitale de trois cents millions de dollars là ! Sa phrase me mit tellement les nerfs à vif qu'un frisson me parcourut, me faisant me couper au passage.

 - Si t'es venu pour me déblatérer cette connerie, Dimitri, tu peux faire demi-tour.

 - Viktor ! Dimitri passa ses doigts contre ses yeux avant de reprendre. On a trouvé les planques, on a déjà envoyé des gars les fouiller qui ne devraient pas tarder à être de retour. L'un des endroits était affilié à Ivan, qui est affilié à cette Yellena - ou je ne sais même plus quel est son nom puisque toutes les conneries qui sont sorties de sa bouche sont des conneries - bref, il y a de très grandes chances qu'elle y soit pour quelque chose, et tu veux vraiment qu'on abandonne notre seule chance de lancer notre projet pour elle ?

Il s'arrêta un instant avant de reprendre : « Même si on trouve cette cargaison, on aura forcément besoin d'un placement pour nous lancer, et à moins que tu ne l'aies pas remarqué, on est complètement fauché, Viktor. »

-Moy Sokrovitch- -Mon trésor- [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant