Chapitre 47 : Prisonnier

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Iris :


Me revoilà dans une cellule, mais je ne m'en plaignais pas. Après le double homicide, Sasha était entrée dans la chambre et avait interrompu Igor, qui avait posé ses mains sales sur mon visage pour me convaincre qu'il n'avait rien fait. Ensuite, après qu'il soit sorti pour passer des coups de fil, son bras droit m'a invité à m'endormir pendant qu'il nettoyait. Le pire, c'est que je m'étais réellement endormie. Et quand je me suis réveillée en sursaut, il était toujours près de moi. Il m'avait dit de ne pas m'en faire, car apparemment leur chef semblait avoir un intérêt particulier pour moi, donc il prendrait grand soin à ce que rien ne m'arrive. Bizarrement, cela m'a rassurée.

Après toute cette histoire, j'étais plus qu'heureuse de retrouver cet endroit sordide. Certes, il y avait de la mousse et des bactéries en abondance, mais au moins Igor était bien trop occupé pour faire attention à moi et je ne risquais rien.

J'avais super faim. Ça devait faire au moins plus de vingt heures que je n'avais rien mangé de consistant. Le petit blondinet qui me ramenait à manger commençait sérieusement à me manquer. Mais j'ai été heureuse de l'apercevoir, au moins il n'était pas mort. Alors peut-être qu'il penserait à moi...

Un sourire se forma sur mes joues. J'étais bien là, mais j'avais l'impression que mon esprit était à des années-lumière de mon corps, comme si j'étais dissociée. J'apportais l'une de mes mains devant mes yeux pour l'observer étrangement. Vous savez, ce moment où à force de répéter un mot, vous le trouvez incompréhensible, ou quand vous réalisez que vos frère et sœur sont des personnes à part entière ? Eh bien, j'étais dans ce genre de transe. Je pense que mon cerveau était en train de lutter pour me faire prendre conscience que j'avais encore tué un homme.

Viktor avait raison, un meurtre en entraînait un autre. Maintenant, je ne me souciais même plus de Stanislav, mais Pavel, lui, empiétait sur toutes mes pensées. Où que je pose les yeux, je le voyais. Encore une larme...

C'était ma vie maintenant. Mais je n'étais pas pour autant résolue à me laisser emporter par ce torrent qu'était la bratva. J'avais beau essayer de me mentir, je savais pertinemment pourquoi j'étais encore là. La réponse était simple : Viktor Petrov. Cet homme agissait comme un aimant sur moi. Il m'intriguait, et je n'arrivais pas à défier son attraction. Mais maintenant, c'était fini. Je l'avais compris à l'instant même où Pavel avait rendu son dernier souffle.

Je ne tenterais plus d'entrer en contact avec lui, je n'essaierais plus de le protéger ou de me servir de lui pour m'enfuir. Il ne l'avait peut-être pas compris, mais c'était ce que je lui avais dit lors de notre dernière rencontre, quand il était dans son quatre-quatre.

Adieu.

Ce furent les derniers mots que je me suis accordés à lui transmettre.



...


Dans l'obscurité, je perdais toute notion du temps, mais cela ne me dérangeait pas. Je n'ai jamais été d'une nature sociable. Même si j'avoue qu'à force de rester ici, je commençais à me demander comment j'allais retrouver ma place dans le monde une fois dehors. Enfin, si jamais je sortais un jour. À cette pensée, un long rire m'échappa. J'avais un peu dormi. Allongée sur le sol, la saleté ne me dérangeait plus. De toute façon, j'étais bien trop faible pour me relever.

Puis, enfin, je fus dérangée. La porte qui me séparait du monde s'ouvrit doucement sur le seul homme que je voulais voir, mon petit blondinet. Il entra partiellement et sans me regarder, il lança un sachet rempli par terre.

-Moy Sokrovitch- -Mon trésor- [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant