Iris :
Je m'élance à travers les hommes et les femmes qui déambulent avant de passer par une salle arrière qui compte beaucoup de passage. Il fallait que je mise sur les chemins les plus empruntés. Je n'étais pas la seule blonde habillée en bleu, je pouvais espérer me fondre dans la masse. Un sentiment de liberté commença à embrumer mon esprit lorsque je parvins à quitter la salle de bal et à descendre les escaliers. Le hall était encore bondé, ce bâtiment abritait d'autres réceptions qui se mêlaient aux autres. Il fallait que j'arrive à voler une voiture. J'habitais à quelques dizaines de minutes d'ici, peut-être quarante ou cinquante minutes si ce n'était pas bouché et que je roulais vite. C'était suffisant pour retrouver mon appartement et récupérer mon sac.
Mon père m'avait appris à toujours avoir un sac de rechange bien caché. Maintenant je sais pourquoi, avec ce métier, il devait être prêt à s'enfuir à chaque instant.
C'était faisable. Mais il ne fallait pas crier victoire trop vite. J'avais récupéré un manteau au hasard après m'être faufilée dans les vestiaires et ce ne fut que lorsque mon talon claqua enfin sur les pavés de la rue que mon cœur menaçait de quitter ma poitrine. Ce que je vivais me rappelait étrangement mes rêves ou cauchemars que je faisais quand j'étais à l'orphelinat, quand je rêvais qu'il fallait que je m'enfuie et que je sautais par la fenêtre pour courir seule la nuit dans les rues désertes.
Je traversais la grande avenue avec ma cage thoracique qui tremblait comme il ne m'était pas permis. Et je trouvais une cible parfaite, une Toyota Prius. Leur protection électrique était ce qu'on pouvait qualifier de déplorable. Il fallait que je m'active.
- On va quelque part ?
Je me retournais brusquement pour tomber sur les yeux marron de Sasha qui avançait tranquillement une cigarette aux lèvres. Qu'est-ce que je pouvais faire ? Hurler ? M'enfuir ? Pitié, maintenant qu'il m'avait trouvé, absolument rien ne pourrait me sortir du pétrin où je m'étais fourrée.
- J'ai oublié quelque chose dans la voiture, soufflais-je.
À mon grand étonnement, Sasha rigola. Je pense que c'est la première fois que je le vois abandonner la nonchalance dont il fait constamment preuve.
- Retourne d'où tu sors, Iris.
Et malheureusement, je savais que mon rêve d'évasion s'arrêtait là et que le pire allait venir. Il était temps que je tue Monsieur Pavel Abramov.
- Pitié, soufflais-je à Sasha. Ne me laisse pas me faire ça.
Loin des faux-semblants ou de toute forme de manipulation, les tremblements dans ma voix étaient réels. Je ne pouvais pas le faire. Je savais que si je tuais cet homme, je perdrais mon âme pour toujours. Malgré le chaos qui régnait dans ma vie, enlever la vie de quelqu'un d'autre pouvait sembler dérisoire, mais ce n'était pas le cas. Depuis le début, chacun de mes actes avait été guidé par une nécessité, mais ce n'était pas le cas pour Monsieur Pavel Abramov. Tuer cet homme n'était pas une nécessité pour ma survie. Pour une raison que j'ignore, Igor avait intérêt à me laisser en vie. Je n'avais donc pas besoin de faire cela.
- Tu n'as pas le choix, Iris, me dit-il d'une voix douce. Et je n'en avais pas non plus. Allez, on y va.
Je n'osais pas relever la tête. Je marchais en regardant mes chaussures claquer contre les escaliers de marbre qui menaient à l'intérieur du bâtiment, puis au couloir, de nouveau aux escaliers et enfin à la salle de bal. Les rires et les bruits de conversation me brûlaient les tympans.
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-Moy Sokrovitch- -Mon trésor- [Terminé]
AksiUne livraison, Un service rendu. Un échange de prisonnier, Une évasion. Ce fut les seules conditions pour qu'elle se retrouve mêlé à une histoire de trafique d'arme. Au cœur du règlement de la Brata, Iris va vite se sentir immergé. Ou pire... et si...