Iris :
Je me réveillai avec une douleur abdominale horrible. Les yeux grands ouverts, je fixai pour la énième fois le plafond aux courbes sinueuses, imprégné d'humidité. Un pas après l'autre, je sortis du lit pour me diriger vers la salle de bain délabrée, jetant un coup d'œil à la robe posée sur une chaise en passant.
Cela faisait maintenant trois jours que j'occupais cette chambre et ce soir allait enfin avoir lieu la cérémonie de commémoration de Stanislav. Je m'approchai lentement de la chaise et saisis le tissu bleuté d'une douceur déconcertante. Sasha m'avait répété les instructions un nombre incalculable de fois, mais je ne pouvais m'empêcher d'être stressée. J'étais habituée à mentir aux gens qui m'entouraient, mais cette fois c'était différent. Mes mensonges allaient leur être utiles, et le simple fait d'aider Igor me répugnait.
J'admirai le col sans manches de la robe et la reposai en la lissant pour éviter les plis, ressentant une pointe d'amertume. Ce soir, je risquais fort de le revoir, lui, Viktor. Qu'allait-il penser en me voyant arriver avec une si belle robe, souriante et papillonnant autour de tous les invités, au bras d'Igor ?
Je m'étais enfuie, c'était un fait, mais une partie de moi ne voulait pas qu'il pense que j'avais choisi Igor à sa place. C'était absurde, mais cette pensée tournait en boucle dans ma tête depuis des jours maintenant.
Tel le pauvre personnage principal d'un roman, je traversais les quelques pas qui me séparaient de la fenêtre et observais attentivement le paysage qui se dressait face à moi.
Coloré d'or et de rose, les rues partiellement détruites, les murs remplis de tags et les fils électriques qui couraient le long des bâtiments me faisaient réaliser à quel point j'étais déconnectée de la réalité. Depuis l'enfance, j'étais habituée au luxe, à l'école privée et aux salles de gala. Pour moi, ces paysages, qui sont pourtant si courants en Russie, n'étaient qu'une image des bas quartiers et non pas une réalité.
"Iris."
Je fus sortie de ma contemplation par Sasha qui venait d'entrer dans ma chambre pour la première fois en l'espace de trois jours. Je l'observais curieusement, sous son œil, un cocard s'était teinté de violet, me faisant grimacer. Je m'apprêtais à lui demander comment il s'était fait ça, mais la réalité me rattrapa.
Je n'étais pas là pour connaître de quoi était faite sa vie et dans tous les cas, il ne m'avait pas laissé le temps.
- Prends tes affaires, on bouge.
Je me contentais d'hocher la tête et d'attraper le sac de sport qu'on m'avait chargé de préparer la veille, et je suivis les pas de mon garde. En traversant les pièces, je scrutais les recoins pour voir Anton qui semblait avoir disparu. Je faillis me prendre un mur lorsque Sasha changea brusquement de direction, tirant fermement sur mon bras pour s'engager dans la cage d'escalier. Rapidement, trois hommes se retrouvèrent à mes côtés et nous continuâmes à descendre.
Une fois le garage atteint, Sasha ouvrit l'un des quatre-quatre et me força à monter à l'arrière. Assise entre les trois hommes, Sasha monta à l'avant en place conducteur tandis que la place passager fut rapidement occupée par Igor. Il semblait d'humeur massacrante. Une paire de lunettes sur le nez, il se contentait d'apporter la flasque à ses lèvres jaunâtres avant de poser sa tête contre la vitre.
Je crus défaillir lorsque son regard croisa le mien à travers le miroir du rétroviseur. Aussitôt, je fis glisser mes iris sur l'homme qui était assis juste en face de moi. Maintenant que je pouvais les voir, je remarquai que je ne reconnaissais aucun d'entre eux. Leurs traits typés m'assuraient que je ne les avais jamais vus auparavant et me faisaient même douter de leur appartenance à la Bratva. Ce ne fut qu'en enlevant sa cagoule que le garde à côté de moi me permis de valider mon hypothèse. Ses yeux bridés m'assuraient que je ne l'avais jamais vu dans le coin. Pourtant, à sa manière de bouger, il semblait connaître les deux autres personnes...
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-Moy Sokrovitch- -Mon trésor- [Terminé]
AksiUne livraison, Un service rendu. Un échange de prisonnier, Une évasion. Ce fut les seules conditions pour qu'elle se retrouve mêlé à une histoire de trafique d'arme. Au cœur du règlement de la Brata, Iris va vite se sentir immergé. Ou pire... et si...