Chapitre 56 : Adieu ?

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Iris :



Putain.

Je n'arrivais plus à retenir mes larmes qui avaient complètement inondé mes joues. J'étais si pathétique que ça ? J'ignorais les vitesses qui se succédaient dangereusement, j'ignorais les roues qui glissaient contre le sol encore humide de la veille. J'ignorais le souvenir de ses baisers qui pourtant m'avaient semblé si réels.

Je reniflais une énième fois, me servant de mes manches comme d'un mouchoir. J'avais réussi à survivre pendant si longtemps. J'avais réussi à protéger mon cœur, j'avais vu mon père mourir et j'avais souffert le martyre. Mais quand j'avais passé par ça, j'ai vraiment cru que je ne pourrais jamais plus ressentir une telle douleur, pourtant mon cœur me martelait à chacun de ses battements, me rappelant à quel point Viktor l'avait gravé au fer rouge.

- PUTAIN DE MERDE !!!! hurlais-je aussi fort. Une main sur le thorax, je frappais mon sein gauche aussi fort que je le pouvais. S'il te plaît... S'il te plaît... suppliais-je. Arrête de me faire aussi mal... s'il te plaît. Et aussitôt, mes sanglots reprirent le contrôle.

J'abattis rageusement le volant sur le côté, explosant l'une des barricades en bois qui séparait la route d'un terrain vague, et arrêtai la voiture en catastrophe pour en sortir aussi rapidement que possible. Je ne voulais pas... Putain, je ne voulais pas le perdre, mais il m'avait fait trop mal. Assise sur le sol, je regardais le ciel. Pourquoi avait-il fallu qu'il fasse aussi beau aujourd'hui ?

Une autre voiture me rejoignit rapidement. S'arrêtant aussi mal que moi, et malheureusement ou heureusement, Alban en sortit. Pourtant, je l'ignorais, complètement absorbée par le vide, espérant qu'il se mette soudainement à pleuvoir. Je voulais que ces gouttes de pluie inondent mon visage, pour m'épargner de voir et sentir mes propres larmes.

- Iris... princesse.

La voix d'Alban me parvenait en fragments. Il déposa sa main sur mon épaule, et foutu pour foutu, je m'empressai de rejoindre ses bras, ne pouvant plus contrôler mes sanglots.

- Je suis désolé, princesse, ce n'est pas l'homme que tu crois...

- Il m'avait dit... Il m'avait promis sur sa mère...

- Je sais, ma princesse. Je sais...

Doucement, il me caressait le dos, attendant patiemment que je me calme. J'avais arrêté de pleurer, enfin il y avait quelques larmes qui arrivaient à se frayer un chemin, mais mes excès s'étaient doucement calmés. Grâce à lui.

Maintenant, je pouvais l'observer de plus près. Je détaillais son menton projeté légèrement vers l'avant, résolument tourné vers l'horizon, ses traits fins et harmonieux. Ses pommettes bien définies et par-dessus tout, ses yeux marron qui étaient empreints d'une profonde tristesse.

J'arrêtai mon observation et retombai sur mon épaule. J'étais fatiguée. Je détestais mes explosions de sentiments, c'était pour ça que j'essayais de toujours rester calme. Mais quand il s'agissait de Viktor, la retenue n'entrait rapidement plus dans mon vocabulaire. Je me sentais sale et idiote d'y avoir cru. Alban passa sa main dans mes cheveux.

- Ce n'est pas de ta faute, Iris... tu ne pouvais pas savoir.

Je détestais le ton qu'il prenait avec moi. Bien sûr que si, j'aurais pu le savoir, mais j'avais décidé de rester idiote. Ainsi, je me contentais d'essayer de ne plus rien penser. Eh... Alban était terriblement proche de moi. Trop. Mais j'étais trop fatiguée pour lui dire quoi que ce soit. Surtout que c'était moi qui empiétais sur son espace vital.

- Je suis là, ok ?

Je me contentai d'hocher la tête lorsque ses lèvres fines se frayèrent un chemin jusqu'aux miennes. D'abord stoïque, je ne bougeai pas, cherchant à bien comprendre la situation. Machinalement, je posai la main sur sa joue, complètement désorientée et idiote comme j'étais, je répondis à son baiser. Mais très rapidement, cette idée me dégoûta, alors je me défis de sa prise. Je me levai rapidement, crachai par terre avant de passer ma main sur ma bouche.

-Moy Sokrovitch- -Mon trésor- [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant