Chapitre 39 : piégée

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Iris :


On continua à avancer pendant une bonne demi-heure. L'effort qu'il fallait pour marcher recroquevillé était tel que nous avons dû faire de nombreuses pauses. Mais enfin, on s'apprêtait à sortir de cet enfer. Tout le long du trajet, l'homme n'avait pas ouvert une seule fois la bouche, laissant le silence des profondeurs bercer notre périple.

Quand il s'arrêta enfin, je remarquai un tunnel vertical soutenant une échelle. Sans même me accorder un regard, le traître grimpa puis disparut, me laissant complètement seule. Je devais bien admettre que ce ne fut qu'à ce moment-là que mon cerveau se demanda sincèrement si faire demi-tour n'était pas préférable. Mais évidemment, ce ne fut que lorsque je m'apprêtais à rebrousser chemin qu'il réapparut, laissant simplement sa tête dépasser du trou où il s'était engouffré.

Je n'allais pas attendre ici éternellement, alors prenant mon courage à deux mains, je l'imitai et ce ne fut qu'une fois que mon genou toucha un semblant de carrelage que je m'autorisai enfin à m'effondrer. Étirant enfin tout mon corps, je ne pris même pas la peine de vérifier où j'étais. De toute façon, l'odeur atroce du kérosène répondait pour moi. Un garage. L'homme était déjà debout et s'empressa de reprendre la marche. J'en avais marre. J'étais épuisée, affamée, assoiffée, tout ce que je voulais c'était retrouver mon lit, même celui de chez Viktor. Très peu m'importait. Mais malheureusement, on n'a pas tout ce qu'on veut dans la vie, alors je me remis debout aussi.

Vous savez, il arrive toujours un moment dans les films d'horreur où le personnage principal fait quelque chose de si idiot qu'on se retrouve à crier devant notre télévision de faire demi-tour. Et bien c'était exactement moi à cet instant. Assise sur le siège conducteur d'une voiture complètement délabrée, l'homme me faisait de grands gestes, sans jamais dire le moindre mot. Et moi, telle l'idiote que j'étais, je lui obéis. N'étant pas complètement inconsciente, je jetai tout de même un petit coup d'œil à l'arrière de la voiture, même si cela ne m'apporta rien de plus, puisque je me retrouvais assise sur la banquette avant à ses côtés, à sagement admirer les paysages qui défilaient."

J'avais bien fait de ne pas m'enfuir. Tout ce qui nous entourait était une zone désertique, à part quelques champs abandonnés, rien d'autre ne semblait pousser ici. Je soufflai avant de reporter mon attention sur le chauffage rempli de poussière qui crachait un peu de chaleur. Bien que l'hiver russe soit enfin passé, il faisait encore un froid de canard, ce qui allait être un vrai problème lorsque je trouverais le moyen de lui fausser compagnie.

Imaginons que j'arrive à m'enfuir, il faudrait que je trouve un endroit où dormir, où me loger et surtout où me chauffer. Mais honnêtement, déambuler seule et à moitié découverte en Russie, c'était comparable à se promener avec une pancarte "venez m'agresser". Tout d'abord, il fallait que je trouve où j'étais ou bien où nous allions. Je doute qu'Ivan ait d'autres planques en dehors de Moscou, et même si par chance c'était le cas, il y aurait de grandes chances que Viktor les connaisse.

Un doigt dans la bouche, je mordillais mes ongles, laissant mes pensées se bousculer dans ma tête. Je n'avais aucun contact, et si Viktor décidait de lancer une traque, il me retrouverait en moins de deux secondes. Pour le moment, je n'avais pas d'autre choix que de rester avec cet assassin dont je ne connaissais rien. Les yeux constamment tournés vers la route, je sentais son regard glisser vers moi de temps à autre. Mais il me suffisait de croiser son regard pour qu'il tourne la tête. J'avais beau le détailler de fond en comble, je n'arrivais pas à trouver le moindre indice sur qui pouvait bien être cette personne. Une chose est sûre, ce n'était pas Youris, il était blanc.

-Moy Sokrovitch- -Mon trésor- [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant