Chapitre 162

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Sur tous les fronts

Assise sur la balançoire dans le parc, je me balance, au seul rythme donné par mon pied droit. Enfin, "balancer" étant un bien grand mot... Seule la pointe de ma bottine touche le sol et entraîne mon corps de seulement un centimètre en avant, puis en arrière.

La tête contre la fine corde et la main droite la tenant, je ne fais plus attention à rien. Le silence qui m'entoure me fait du bien. Je crois que j'en avais vraiment besoin. Me retrouver. Moi. Et seulement moi. Entre la pression des cours et l'ambiance actuelle, un peu de calme était nécessaire

Voix : Mac ?

Les bruits de pas dans mon dos qui s'approchent, sont venus déranger mon silence et ma solitude. Mais cette douce voix qui s'est élevée et ce visage qui vient de se dessiner devant moi ne me dérange presque pas...

Théo : Qu'est-ce que tu fais là toute seule ?

Mackenzie : J'avais envie de rester loin de tout... lançais-je d'une voix enrouée. De l'Institut, de la cuisine, des élèves, de tout...

Je l'ai senti froncer les sourcils, sans comprendre

Mackenzie : C'est drôle mais jusqu'à présent j'étais... En colère. Alors que là, je me sens... Vide...

Théo : C'est à cause de mon père ?

Je soupire longuement, pour seule réponse

Théo : Avec ce qu'on a fait jeudi, je peux t'assurer que tout va rentrer dans l'ordre. Et, les choses vont se tasser. La plupart des élèves auront oublié d'ici quelques jours

Eux oui... Mais moi ? Est-ce que je serais capable de passer aussi vite à autre chose ?

Théo : Eh... a-t-il chuchoté

Il s'est agenouillé devant moi, posant sa main sur mon genou gauche. Ce contact me fit presque sortir de ma transe et ses yeux se plongent dans les miens

Théo : Sois pas si dure avec toi-même. Mon père est le champion pour manipuler les gens. Ma mère, ma sœur et moi on en a fait les frais pendant des années... Il changera jamais. Il restera toujours comme ça

Les doigts du garçon sur mon genou se posent à l'exact endroit de ma cicatrice. Sans le savoir, Théo est en train de toucher la partie la plus vulnérable de mon corps. Mais pourtant, je n'arrive pas à me défaire de son geste

Théo : S'il-te-plaît, arrête de faire cette tête. Redeviens la Mackenzie que je connais. Celle qui remballe les gens qui viennent la faire chier. Celle qui joue hyper bien au poker. Celle qui a pas peur mais, celle qui fait peur

Mes lèvres se sont mises à trembler et mon corps à bouger d'une petite secousse. Sa main attrapa délicatement la mienne, pour la caresser avec douceur. Cette chaleur m'envahit et semble réchauffer le froid qui m'animait jusqu'à maintenant

Mackenzie : J'te fais peur ? demandais-je nerveusement

Théo : Bah, avoue que par moment...

Je me mets à rire malgré moi, ce qui fit sourire le garçon. Je secoue la tête et la relève, pour le regarder dans les yeux.

Pendant un instant, je prends ce que Théo peut m'apporter. Du soutien, des mots tendres et surtout, aucun jugement ou forme de méchanceté. Et, sans pouvoir l'expliquer, dans son regard, j'ai l'impression de voir quelqu'un d'autre. La dernière personne qui me regardait comme il est en train de le faire, est quelque part, sans que je le sache.

Une passion consumée, brûlant tout sur son passageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant