1 / Nya

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2 septembre 2011
2 mois avant.
Université de Los Angeles

Malgré mes nuits écourtées et le premier cours de la journée qui s'annonce peu captivant, je sens déjà la fatigue peser sur mes paupières. Les nuits complètes de sommeil sont devenues une rareté pour moi, voire une chimère. C'est pourquoi l'idée de grappiller une heure ou deux de sommeil pendant la journée semble de plus en plus tentante.

Pourtant, mes pensées sont rapidement détournées de mon envie de sommeil par l'apparition d'un nouveau professeur dans la salle. Il dégage un charisme indéniable qui attire instantanément l'attention de toutes les filles présentes. Je ne peux m'empêcher de remarquer l'effervescence qu'il suscite parmi elles, alimentant un sentiment de nausée face à leur compétition implicite pour attirer son regard.

Malgré tout, je ne peux nier que le retour au confort des tables de cours après deux mois d'absence me procure une certaine sensation de familiarité. En entamant ma deuxième année de fac en lettres modernes, je réalise que je suis toujours en quête d'un objectif précis pour mon avenir. Le chemin que je parcours semble flou, sans destination clairement définie.

Mon esprit se perdait peu à peu dans les méandres du sommeil lorsque soudain, une voix autoritaire me tire violemment de ma torpeur. Mes paupières s'ouvrent brusquement, révélant un amphithéâtre qui s'anime autour de moi.

- La demoiselle qui dort au fond, aurait-elle la gentillesse de se joindre au cours ?

Les mots cinglants du professeur résonnent dans la salle, m'obligeant à me redresser précipitamment, comme si j'avais été prise en flagrant délit de somnolence. Une vague de gêne m'envahit alors que je sens les regards désapprobateurs de mes camarades se poser sur moi, leur jugement muet pesant sur mes épaules.

- La dépressive commence bien l'année, ajoute quelqu'un dans le fond de la salle.

Je tente tant bien que mal de dissimuler mon embarras derrière un sourire maladroit, mais la sensation persistante d'être le centre d'une attention indésirable persiste, me laissant un goût amer dans la bouche.

- Vous viendrez me voir à la fin du cours, mademoiselle, déclare-t-il d'un ton aussi sévère que solennel, ses mots résonnant dans l'amphithéâtre comme des avertissements suspendus dans l'air chargé d'électricité.

Une onde de nervosité m'envahit alors que je sens les regards curieux de mes camarades se tourner vers moi, exacerbant mon malaise. Chaque seconde qui s'écoule semble étirer l'attente, amplifiant l'appréhension qui serre mon cœur.

Pendant le reste du cours, je peine à me concentrer, mon esprit préoccupé par les implications de cette demande. Que veut-il me dire ? Ai-je fait quelque chose de mal sans m'en rendre compte ? L'angoisse me ronge alors que je tente en vain de dissiper mes inquiétudes en me plongeant dans mes notes.

Avant la fin du cours, sentant que mon esprit divague et incapable de me concentrer sur le contenu de la leçon, je glisse silencieusement une feuille de papier et un crayon hors de mon sac à dos. La tentation de laisser libre cours à ma créativité devient irrésistible, et je me laisse emporter par l'appel du dessin.

Les traits du crayon glissent sur la feuille, formant des courbes et des lignes qui prennent vie sous mes doigts. Mon esprit s'évade peu à peu de la monotonie de l'amphithéâtre pour se perdre dans l'univers de mon imagination. Les minutes s'écoulent imperceptiblement alors que je me laisse emporter par la magie de la création artistique.

Lorsque la voix du professeur résonne à nouveau dans la salle, m'arrachant à ma bulle artistique, je réalise avec un pincement de regret que le cours touche à sa fin. Je range précipitamment mes affaires, dissimulant mon esquisse inachevée au fond de mon sac, avant de me lever pour rejoindre le bureau du professeur, le cœur battant la chamade.

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