𝟥𝟤 / Nya

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26 février 2012

Je suis assise dans le salon, baignée dans une atmosphère silencieuse et pesante. Les rayons du soleil filtrent à travers les rideaux, illuminant légèrement la pièce, mais l'éclat lumineux semble s'éteindre avant même d'atteindre mon cœur.

L'horloge murale, fidèle compagne de mes journées solitaires, affiche impitoyablement 13 heures. Mon estomac, fidèle indicateur de mes émotions, commence à émettre des gargouillis insistant, signe évident de ma faim. Pourtant, malgré cette alerte, je reste immobile, figée dans une apathie mélancolique.

Les soucis et les préoccupations s'accumulent dans mon esprit comme des nuages menaçants, obscurcissant le moindre rayon de lumière qui tente de percer la grisaille de ma conscience. Une chape de plomb semble peser sur mes épaules, m'empêchant de bouger, de penser, de vivre.

La simple idée de préparer quelque chose à manger me paraît insurmontable dans l'instant. Les gestes habituels, les routines quotidiennes semblent lointains, presque inaccessibles. Je reste là, immobile, perdue dans un tourbillon d'émotions contradictoires, incapables de trouver un équilibre.

Pourtant, je sais que je dois prendre soin de moi, même lorsque les choses semblent sombres. Respirant profondément, je tente de rassembler mes forces, de puiser dans les réserves d'énergie qui semblent si lointaines en ce moment. Lentement, avec une volonté fragile mais déterminée, je me lève du canapé, les jambes lourdes comme du plomb.

La cuisine, telle une oasis au milieu du désert de mon esprit tourmenté, se profile devant moi. Je m'y dirige d'un pas incertain, mes pensées encore emmêlées dans un tumulte confus. L'idée de préparer quelque chose à manger semble être un effort surhumain, mais je sais que je dois l'accomplir, ne serait-ce que pour apaiser la faim qui tenaille mon ventre et trouver un semblant de réconfort dans cette routine quotidienne.

Je me dirige vers le réfrigérateur, espérant trouver quelque chose qui apaiserait la faim lancinante qui me tenaille l'estomac. Pourtant, à mesure que j'ouvre la porte, une vague de nausée m'envahit. Les restes de repas, les produits à moitié entamés, rien ne semble appétissant. Une sensation de dégoût s'empare de moi, et je referme précipitamment la porte du frigo, incapable de supporter plus longtemps le spectacle qui s'offre à mes yeux.

Retournant d'un pas las vers mon fauteuil, je m'effondre avec lassitude, laissant échapper un soupir de découragement. La faim persiste, mais elle est désormais reléguée au second plan, éclipsée par une profonde aversion pour la nourriture qui m'entoure. Les pensées sombres, telle une marée montante, envahissent mon esprit, m'entraînant dans un tourbillon de désespoir et de malaise.

Je ferme les yeux un instant, cherchant en vain un répit à mes tourments intérieurs. La solitude, telle une compagne indésirable, s'installe à mes côtés, pesante et étouffante. Les heures s'étirent, semblables à des élastiques tendus à l'infini, et je me retrouve prisonnière de cet étrange limbe temporel où le passé et l'avenir se confondent dans un tourbillon d'incertitude.

L'atmosphère alourdie de la journée prend soudainement un sens plus sombre alors que je réalise la raison de cette obscurité qui imprègne l'air autour de moi. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de maman. Le simple fait de prononcer ces mots fait naître en moi un tourbillon d'émotions contradictoires, mélange de tristesse, de nostalgie et de regret.

Je me remémore les anniversaires passés, ceux où nous étions réunis en famille, riant et partageant des moments de joie et de complicité. Ces souvenirs semblent à la fois si proches et si lointains, comme des étoiles filantes traversant le ciel nocturne, éphémères et fugaces.

Pourtant, aujourd'hui, il n'y aura pas de réunion de famille, pas de rires joyeux ni de gâteau d'anniversaire. Maman est loin, enfermée dans cet endroit sombre et isolé qu'est l'hôpital psychiatrique. Notre relation tumultueuse, marquée par les hauts et les bas, les disputes et les réconciliations, semble figée dans le temps, comme suspendue entre deux mondes parallèles qui ne se rejoindront jamais.

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