16/Nya

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-    Tu comptes pas répondre ?

Le téléphone de Jay ne cesse de sonner depuis plusieurs minutes, il refuse de répondre et cette sonnerie m'agace de plus en plus.
Il court avec le ballon, dribblant à toute allure jusqu'à marquer un panier. Il sort le téléphone de sa poche, puis le range aussitôt.

-    sérieux mec, ta sonnerie est insupportable, soit tu réponds soit tu l'éteins avant que je m'en charge moi même, lui dis-je.

Il est fermé à toute discussion depuis plusieurs jours, lâchant des oui ou non de temps en temps, faisant semblant de m'écouter.
Les lampadaires du village dégagent une atmosphère orange, contrastant  avec la pénombre de la nuit, Los Angeles est particulièrement éteint ce soir. Je me dirige vers mon sac pour prendre ma bouteille d'eau, je profite alors de cette pause pour m'asseoir sur le demi mur qui sépare le terrain de basket avec celui de foot..
Jay me rejoint, enlevant sa casquette sans dire un mot.

Son téléphone sonne une nouvelle fois. Mon agacement est à son apogée, un rien ne pourrait me faire craquer. Il sort encore une fois son portable, « maman » s'affiche sur l'écran, mais il raccroche. Encore.

-    Tout va bien ?

Je sais très bien qu'aucune réponse ne sortira de sa bouche quoi que je dise pour le faire parler. Mais j'espère qu'il sait que si quelque chose ne va pas, il peut m'en parler, jour ou nuit.

-    Jay t'a l'air totalement éteint ! Il se passe quoi, normalement tu serais en train de parler, parler et parler ! Je ne comprends pas t'es un putain de moulin à paroles de base.

Ma curiosité me rend fou, j'ai envie de savoir ce qu'il a et pourquoi il ne répond pas à sa mère n'y même à moi.
Mon téléphone vibre au même moment, c'est un message d'Nya.

" Désolé d'avoir encore annulé le cours d'hier Kris. Je serai là au prochain."

-    Pourquoi ma sœur t'envoie un message bordel !

Je crois ne jamais lui avoir dit que j'étais son prof. Je craignais une ambiance bizarre entre lui et moi si je lui avait dit plutôt. Mais ça n'a pas l'air de le déranger, ses sourcils sont froncés mais il sourit.

-    On est dans la même fac Jay. Je suis son prof de littérature, je pensais que tu le savais.

Evidemment que tu ne le savais pas. Je ne cherche pas à mourrir.

-    Tu l'aides pour ses cours ? demande-t-il.

-    J'essaye quand j'ai le temps..

-    Elle se débrouille comment ? Elle travaille ? Elle ne nous dit jamais rien ? Tu sais si elle a des problèmes avec des gens ?

-    Doucement ! Eh mec détends toi, il y a 2 minutes encore t'étais fermé comme une huître mais dès qu'on parle de ta petite sœur on peut plus t'arrêter de parler !

Il rigole. Je suis content qu'il n'ai fait aucune réflexion par rapport au lien que j'ai avec elle.
Je pensais sincèrement qu'il serait énervé que je ne lui ai jamais dit ou juste énervé tout court sans pour autant avoir de raison.

-    Désolé...

J'entrechoque nos épaules doucement et lui passe ma bouteille d'eau.

-    Tu comptes me dire pourquoi tu es tout fermé ou je dois faire semblant que tout va bien ?

Jay prend une grande inspiration, il ne cache pas qu'il est mal. J'aime le fait qu'il ne change pas de personnalité en mentant à chaque fois qu'un truc se passe dans sa vie.

-    Ma mère essaye de me contacter depuis un moment. Elle veut sortir de l'hôpital mais elle a besoin que les membres de sa famille approuve qu'elle soit prête à sortir.

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