REVERSAL

6 / Nya

16 septembre
Psychologue.

-    Comment s'est passée cette fin de semaine alors ? Demande-t-elle.

-    Bien, comme d'habitude, répondis-je.

Elle, toujours vêtue de son ensemble tailleur pantalon noir, ses longs cheveux roux tirés en chignon, prend des notes avec assurance. Je me demande ce qu'elle peut bien écrire sur moi après toutes ces années de thérapie, même si je ne vois pas d'amélioration.

Elle plisse les sourcils en me regardant.

-    Tu as récupéré ton traitement ? me demande-t-elle. On m'a dit que tu n'avais toujours pas utilisé l'ordonnance que je t'ai prescrite le mois dernier.

-    Non, avouai-je.

Elle soupire, insistant sur l'importance de prendre mes médicaments pour progresser. Elle me tend finalement le sachet de pharmacie avec mes prescriptions.

-    Mets-les dans ton sac Nya, m'ordonne-t-elle, son regard noir me faisant frissonner.

Je déteste quand elle fait ça. Pourquoi m'obliger à prendre ses pilules.

-    Comment se passent les cours ? Tu ne m'en as pas parlé la semaine dernière, demande-t-elle en souriant.

-    Bien, tout va très bien, répondis-je, essayant de dissimuler mon malaise.

Elle continue d'écrire, son regard toujours attentif posé sur moi, comme si elle cherchait à déchiffrer les secrets enfouis au plus profond de mon être. Son stylo glisse sur le papier, traçant des lignes invisibles qui semblent capturer chaque souffle, chaque frémissement de mon âme tourmentée. Je me sens exposée, vulnérable sous son regard scrutateur, comme si elle pouvait lire à travers mes pensées les plus sombres et les plus intimes.

Je détourne les yeux, incapable de soutenir son regard plus longtemps. Les mots restent coincés dans ma gorge, prisonniers de mes peurs et de mes doutes. Je me sens comme un livre ouvert devant elle, dont les pages dévoilent des histoires que je préférerais garder cachées. Pourtant, malgré ma réticence, je sais que je ne peux pas lui cacher grand-chose. Elle me connaît mieux que quiconque, même si je refuse parfois de me laisser découvrir.

Elle marque une pause dans son écriture, levant les yeux vers moi avec une expression indéchiffrable. Je me sens nue sous son regard, exposée à sa compréhension implacable. Ses yeux semblent sonder les profondeurs de mon âme, à la recherche de réponses que je ne suis pas prête à lui donner. Et pourtant, je sens qu'elle sait déjà tout, qu'elle a déjà lu chaque ligne de mon histoire, même celles que j'aurais préféré effacer.

Je détourne le regard, incapable de soutenir cette intense connexion. Je me sens comme une marionnette entre ses mains expertes, manipulée par ses mots et ses regards perçants. Mais malgré ma résistance, je sais que je ne peux pas échapper à son influence bienveillante. Elle est la seule à pouvoir me guider à travers les ténèbres qui habitent mon esprit, la seule à pouvoir m'aider à trouver la lumière au bout du tunnel.

Elle reprend son écriture, son stylo glissant sur le papier avec une assurance tranquille. Je reste là, silencieuse et vulnérable, attendant ses mots comme une bouée de sauvetage dans un océan de tourments. Car même si je refuse parfois de l'admettre, je sais que je ne pourrais jamais me passer d'elle. Elle est mon roc dans la tempête, ma boussole dans la nuit, et je lui serai éternellement reconnaissante de m'avoir tendu la main quand j'en avais le plus besoin.

Elle rompt le silence pesant en mentionnant mon anniversaire qui approche. Demain, je serai enfin majeure, mais ses paroles ne font qu'accentuer mon malaise. Que ressens-je à l'approche de cet anniversaire tant attendu, mais redouté ? Un mélange d'excitation et d'appréhension m'envahit, alors que je me débat avec le poids des responsabilités qui m'attendent. Je cherche une échappatoire dans la pièce, mon sac étant à portée de main. Elle comprend mon besoin de fuir, refermant son cahier avec un air compréhensif.