𝟥𝟦/ Kris

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27 février 2012

Je suis debout devant les grandes portes du cimetière, le regard fixé sur l'entrée comme si elle était le seuil d'un monde parallèle. Mon cœur bat un peu plus fort dans ma poitrine, un mélange de tristesse et d'appréhension me submerge alors que je m'apprête à franchir cette frontière invisible.

Mes pas semblent hésiter, comme s'ils étaient eux aussi réticents à pénétrer dans ce lieu de repos éternel. Chaque fois que je viens ici, c'est comme si le poids de toutes les vies qui se sont éteintes reposait lourdement sur mes épaules.

Je respire profondément, essayant de chasser les pensées sombres qui s'insinuent dans mon esprit. Je sais que je dois être fort, que je dois affronter mes peurs et mes chagrins pour honorer ceux qui ne sont plus parmi nous.

Pourtant, chaque fois que je franchis ces portes, c'est comme si je perdais un peu de moi-même. Comme si une partie de mon âme restait coincée entre ces pierres tombales, prisonnière des souvenirs douloureux et des regrets inexprimés.

Je serre les poings, me forçant à avancer malgré la résistance de mon être intérieur. Je sais que je dois être là, pour rendre hommage à ceux que j'ai aimés et perdus, pour leur dire un dernier adieu même si les mots me manquent.

C'est avec une lenteur résignée que je franchis finalement les portes du cimetière, laissant derrière moi le monde des vivants pour entrer dans celui des morts. Et malgré la douleur qui m'étreint, je sais que je dois continuer à avancer, à affronter mes démons intérieurs et à trouver la force de faire face à l'inévitable.

Mes pas résonnent sur le sol, un écho lugubre dans le silence du cimetière. Je parcours les allées familières, chaque pierre tombale une marque dans ma mémoire, chaque nom une trace de ceux qui ont marqué ma vie.

Je me dirige instinctivement vers l'endroit où repose mon petit frère, là où la pierre gravée de son nom et de ses dates de naissance et de décès se dresse comme un rappel permanent de sa courte existence. Chaque pas me rapproche un peu plus de ce lieu chargé de souvenirs, de regrets et de chagrins.

Mon cœur se serre alors que je m'approche de sa tombe, un mélange d'émotions me submerge à chaque fois que je me tiens devant ce modeste monument. Je m'agenouille lentement, laissant mes doigts effleurer la pierre froide, comme pour me rappeler que ce n'est pas un rêve, que mon frère est réellement parti.

Les souvenirs affluent alors, des moments heureux partagés avec lui, mais aussi les regrets et les remords qui me hantent depuis sa disparition. Je me perds dans mes pensées, revivant chaque instant comme si c'était hier, comme si le temps s'était arrêté le jour où il nous a quittés.

Mais malgré la douleur qui me tenaille, je sais que je dois trouver la force de continuer à avancer. Mon frère ne serait pas fier de me voir sombrer dans le désespoir, il voudrait que je trouve la paix et la sérénité, même en son absence.

Je me tiens devant la tombe d'Eliot, le cœur serré par le poids de l'absence et du regret. Chaque pas résonne dans le silence du cimetière, chaque bouffée d'air semble chargée de souvenirs et de chagrins.

-    Ça fait très longtemps que je ne suis pas venu te voir, murmurai-je, les mots se perdant dans l'air glacé du matin.

Les fleurs fraîches que j'ai apportées semblent pâles en comparaison de l'éclat de sa mémoire, et je me sens impuissant face à cette réalité implacable.

Je m'agenouille lentement, laissant mes doigts effleurer la pierre froide de sa tombe. Les mots me manquent alors que je cherche à exprimer tout ce que je ressens, tout ce que je n'ai pas su lui dire de son vivant.

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