11 / Nya

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22 septembre 2011
3 heures du matin.

La nuit enveloppe la maison dans un silence oppressant, rompu seulement par la lueur des réverbères qui projettent une lumière jaunâtre dans ma chambre. Les ombres dansent sur les murs, créant un spectacle lugubre qui reflète mon propre tumulte intérieur. Alors que tout le monde dort paisiblement, je lutte contre l'insomnie, mon esprit tourmenté par des pensées sombres et douloureuses.

Le miroir, cet objet inanimé mais révélateur, me renvoie l'image d'une personne que je déteste autant que je me déteste moi-même. Mon reflet criant dans le silence de la nuit me rappelle les horreurs que j'ai subies, les cicatrices invisibles qui marquent mon âme meurtrie. Je voudrais briser ce miroir, anéantir cette image déformée de moi-même, mais je reste figée, impuissante face à ma propre détresse.

Les souvenirs d'une enfance autrefois heureuse, bercée par l'amour et l'admiration pour mon père, viennent hanter mes pensées. Je rêve de retrouver ces moments de douceur et d'innocence, où mon père était mon héros, mon protecteur. Mais ces souvenirs se heurtent à la réalité brutale de mon existence, où la figure paternelle s'est transformée en un monstre que je redoute autant que j'espère l'aimer à nouveau.

Je suis partagée entre la haine et l'amour pour mon père, entre le désir de le fuir et celui de le voir me regarder avec tendresse et fierté. Chaque geste violent, chaque parole cruelle qu'il profère me rappelle la trahison de celui que j'ai un jour aimé de tout mon cœur. Mais malgré la douleur qu'il m'inflige, une partie de moi refuse de le détester complètement, espérant secrètement qu'il puisse redevenir l'homme aimant qu'il était autrefois.

Dans le silence de la nuit, mes pensées se tournent vers mes obligations universitaires, un rappel brutal de ma vie en dehors de ce foyer toxique. Je me surprends à ressentir une pointe d'anxiété face à mes devoirs non rendus, une crainte de sanctions qui s'ajoutent à mes tourments déjà nombreux. Je me relève, mes pas me guident vers mon bureau, où j'essaie vainement de trouver le réconfort dans le travail académique, une échappatoire fragile à ma réalité cauchemardesque.

C'est alors que je remarque la lumière filtrant sous la porte de la chambre de Kris. Un frisson parcourt mon échine, une nouvelle source d'inquiétude s'ajoute à mes pensées tourmentées. La présence de Kris dans la nuit éveille en moi une curiosité mêlée de méfiance, une envie de comprendre ce qui le retient éveillé alors que le reste du monde dort. Mais au fond de moi, je crains de découvrir de nouveaux secrets sombres qui pourraient bouleverser encore davantage ma fragile stabilité.

Dans ce moment de vulnérabilité, je me retrouve confrontée à Kris dans sa chambre, où son apparence décontractée contraste avec la perfection habituelle qu'il incarne en classe. Sa fatigue apparente trahit son immersion dans son travail, mais il prend néanmoins le temps de reconnaître ma présence lorsque je toque à sa porte.

Alors que je lui tends la feuille de travail, son expression déçue ne fait qu'accentuer ma honte de n'avoir pas accompli davantage. Je sens les larmes monter, et lorsque Kris s'apprête à dire quelque chose, un sanglot m'échappe, brisant le silence pesant de la pièce.

Accablée par ma propre fragilité, je me recroqueville contre le mur, cherchant à dissimuler mon embarras.

-    Tu ne dois pas pleurer, cara mía...

Mais les paroles réconfortantes de Kris m'atteignent, sa voix douce m'incitant à relever la tête. Les pas lourds s'approchent, et je sens sa présence rassurante à quelques centimètres de moi.

Lorsque nos regards se croisent, je perçois dans ses yeux une douceur et une bienveillance qui me touchent au plus profond de moi-même. Sa main se pose délicatement sur mon genou, et un léger sourire se dessine sur son visage, dissipant peu à peu ma gêne et ma tristesse.

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