𝟣𝟩/Nya

433 16 0
                                    

6 novembre 2011.
Maison d'Nya.

Le sommeil me manque. 4h36 s'affiche sur mon réveil, et le temps semble s'être arrêté depuis que je suis réveillé. J'ai l'impression de regarder l'horloge depuis dès heures, mais celle-ci n'ose bouger. Ma chambre est plongée dans la pénombre de la nuit. Je n'aime pas cette sensation alors j'allume ma lampe de chevet, celle-ci rend tout de suite la pièce plus chaleureuse grâce à la couleur orange de l'ampoule.
Quitte à être encore réveillé, autant ne pas continuer à vouloir dormir.
Je peux maintenant observer toute ma chambre. Je constate qu'il faut vraiment que je la range rapidement avant que quelqu'un prenne peur en rentrant dedans.
Enfin surtout mon père. Lui qui me déteste, trouve n'importe quel moyen pour me punir, me frapper ou encore pire. Ma chambre n'est qu'une bonne excuse pour me torturer le corps.
Les étoiles et la lune fluorescentes collées à mon plafond se font la malle. Il faut que je pense à les recoller.

Mon esprit divague de partout. J'ai mal à la tête à force de penser, j'aimerais qu'elles se taisent à tout jamais. Nous sommes en train de mourir de trop penser. On se tue lentement en pensant à tout. Pense. Pense. Pense. Vous ne pouvez jamais faire confiance à l'esprit humain de toute façon.
C'est un piège mortel.

Je tourne la tête en direction du miroir, tout en  touchant mes cheveux. Je me trouve mieux comme ça. Le blond de mes cheveux est enfin éteint par un brun assez clair.
Mon visage est plus ferme et j'ai l'impression que la niaiserie en moi s'estompe. Mon côté enfantin avec les petites nattes se dissipent.

Mais quand je regarde mon corps. Je comprends vite le problème.
Mon poids.

Je suis imposante. Je me lève de mon lit, à présent en face du miroir, debout. Je dessine les formes de mon corps avec mes mains. Celles-ci s'attardent sur mes hanches, les serrant aussi fortement que possible pour les faire dégonfler au maximum. Rien ne se passe. J'appuie de plus en plus fort mais je ne ressens que de la douleur à force d'appuyer sur mes os.
Je dois trouver autre chose.

Alors mes yeux gaspillent leur temps sur mes jambes. Mes cuisses rondes, bien trop rondes et épaisses qu'elles ne devraient l'être. Je me demande pourquoi je n'ai pas le corps des mannequins que j'ai vu dans les magazines récemment. Notamment le dernier catalogue de Vogue, cette fille en couverture était si jolie. Elle avait des cheveux auburns, plus que soyeux. Elle avait des jambes si longues et fines, cette jupe noire la mettait tellement en valeur que le reste du magazine semblait fade sans la divinité de cette femme. Et son petit buste semblait même trop petit pour ses vêtements, moi je n'ai pas ce problème, c'est tout l'inverse. Je voudrais avoir moi aussi les clavicules autant dessiné.

Cette femme était parfaite.
Elle me rappelait ma mère.

-    Je dois lui ressembler.

Mes pieds se dirigent vers mon bureau, fouillant tous les tiroirs, jetant mes dessins et mes cours sur le sol à la recherche de ce maudit rouleau.

Une fois le scotch trouvé, je reviens instantanément à mon miroir. Mon pantalon de pyjama baissé jusqu'à mes chevilles.

Et je commence à enrouler la première cuisse de ce papier collant.
Je serre de plus en plus. Je ne peux presque plus bouger la jambe, j'en perd de la mobilité à cause de mes conneries. Mais cette connerie à un goût de victoire.

Je m'étais promis de ne plus jamais recommencer. Mais, quand le mécanisme est enclenché, il faut, vous l'avez vu, un mal du diable pour faire le décrochage.

Première jambe de fait, je m'attaque alors à la deuxième. Essayant de la plier pour ne pas être gêné continuellement.
Mais je suis bloqué dans mes mouvements, je décide de couper la partie qui recouvre mes genoux afin de bouger librement comme il se doit.

REVERSAL Où les histoires vivent. Découvrez maintenant