Chapitre 4 - Les présents pour le prince

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Arjen


— C'est beau, mais ils ont peu d'arbre et de bétails en ville. L'amusement doit vite arriver à son terme, marmonna Egbert.

— C'est une autre culture. Je suis d'accord avec Egbert cela dit : je ne vois aucun amusement ici. Penses-tu qu'ils chassent dans les plaines, loin de la cité ? se questionna Noortje.

Je haussai les épaules. À vrai dire, la beauté d'Hemel semblait figée. Nos anciens avaient laissé des traces de la culture d'Hemel, plus que ceux d'Hemel à notre sujet de ce que j'avais pu voir. Dans le passé, cette cité d'homme avait été plus vivace, plus intense et accueillante. Des peintures et des dessins avaient marqué dans les toiles et les feuilles un peuple qui se soulevait pour accueillir le moindre voyageur. Ce que nous avions vu aujourd'hui était morne, ou plutôt, très solennel.

Le prince Adiel avait été le seul à avoir montré de l'enthousiasme. Quant au roi, il avait bien présenté sa ville, mais je percevais le ton hargneux qu'il tentait de cacher. Et puis, la façon dont il agissait avec son frère cadet était pour le moins répréhensible. Je l'avais vu de nombreuses fois couper la parole à Adiel, le rappeler à l'ordre pour je ne sais quelle raison ou encore grincer des dents face à... l'enthousiasme, peut-être, du plus jeune. Les hommes ne se réjouissaient-ils pas pour les siens ?

— Et combien de temps compte-t-il nous faire attendre ? Ton futur époux est...

— Le problème ne vient pas de lui. Je crois qu'il y a un problème avec le roi. Rester sur vos gardes, prévins-je. Nous venons pour une alliance, mais face à un souverain que le peuple ne soutient pas, tout peut arriver.

— Tu penses que le prince est en danger ? Nous ne devrions pas nous mêler de leur histoire de famille, préconisa Noortje.

— Le jeune prince Adiel m'est promis. Nous y sommes donc déjà mêlés.

Noortje acquiesça sans plus de paroles et le visage d'Egbert se durcit. Il n'était pas le plus conciliant, mais je le savais fidèle à moi alors j'avais pris le risque de l'amener ici. Il était aussi l'un de mes plus proches amis et un puissant guerrier. Je voulais sa force avec moi si quoi que ce soit devait mal tourner ici. Je n'étais pas venu pour me battre, mais j'étais préparé à chaque éventualité. Egbert était un atout et à vrai dire, le laisser à Björsarion... j'avais eu peur de retrouver les autres dans un état second avec l'alcool.

Lorsque la porte de la pièce où nous avions patienté plus d'une heure s'ouvrit, elle dévoila une flopée de servants. Chacun d'eux tenait de lourds plats d'argent et les miens eurent des grognements satisfaits à la vue des mets qui s'y trouvaient. Même les gestes des serviteurs étaient d'une coordination admirable. J'en avais presque peur tant leurs mouvements étaient similaires, réalisés dans le même axe et dans la même seconde. Est-ce que tout ici était aussi... mesuré ?

Les plats furent déposés devant nous, sur les petites tables basses taillées dans un bois blanc. Je devais bien avouer que ce n'était pas des senteurs que j'avais l'habitude de savourer ! Nous fûmes également servis de vin et Egbert porta presque immédiatement le verre à ses lèvres, mais je l'arrêtai. Il suffisait d'avoir du bon sens pour savoir que nous devions attendre nos hôtes et ces derniers ne se firent pas envier plus longtemps. Le roi Ingvar et le prince Adiel nous rejoignirent juste après que les plats furent servis et les servants partirent.

Avec eux entrèrent quelques musiciens au vu des instruments qu'ils tenaient et une musique pour le moins... guillerette fut jouée.

— Nous espérons ne pas vous avoir trop fait attendre ! s'exclama le roi. Nous avions de nombreuses choses à faire. Vos quartiers ont été soigneusement préparés par nos meilleurs serviteurs.

BJÖRSARION - LA TERRE DES GÉANTS (BL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant