Chapitre 24 - Le deuxième pilier : la puissance

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Arjen


Hemel était une terre grandiose, dirigé d'une main de fer par le roi, mais cette main, personne n'osait la mordre. Navires après navires, invités après invités, le secret de la blessure du roi en était resté un. Personne n'avait trahi leur souverain et je trouvais cela particulièrement excitant. Les géants étaient fidèles, oui, mais si je montrais un signe de faiblesse, l'un d'eux pouvait me destituer du pouvoir à coup de hache dans le crâne. Ici, à Hemel, je ne sentais rien de tout ça. Même mourant et faible, ils le soutenaient.

Nous étions au deuxième jour de la cérémonie et aucune rumeur ne s'était levée. Le roi dissimulait avec superbe son état déplorable au point où il poussait à l'admiration. Je le surprenais parfois le regard un peu perdu, certainement l'était-il dans sa douleur, mais il se reprenait bien, toujours. Il était solide, presque autant que les montagnes enneigées de Björsarion et devant une telle détermination, j'eus l'envie de l'emmener lui aussi visiter mes tendres terres. Peut-être aurait-il su savourer la morsure du froid.

Mais aujourd'hui, il n'était pas question de tout cela. Quatre sièges parés de joyaux et d'or furent disposés dans la salle du trône. Adiel et moi avions pris place sur deux d'entre eux et Ingvar et Penthélisée sur les deux autres. Le souverain et le prince étaient assis côte à côte, mais aucun des deux ne s'adressait la parole. Quelque chose de plus assurer se dégager d'elska, quelque chose qui me faisait vibrer au plus haut point. Je pouvais sentir en lui les prémices du pouvoir ; cette assurance qui lui serait nécessaire pour affronter les miens.

Face à nous, les seigneurs et les générales d'armée défilaient pour nous promettre allégeance. Si l'union du roi avait surpris tout le monde, ils s'en étaient tous remis très vite. Peut-être cela devait-il éveiller des questions dans les esprits, mais personne n'osait remettre en question la décision et le choix d'Ingvar. Et je comprenais par cela ce qu'avait voulu dire Ingvar : les hommes des autres terres lui étaient fidèles. Ils le craignaient, lui et ses forces, mais ça n'était pas le cas pour Adiel. Il n'était que le prince.

Ce fut désolant à dire, mais ça n'était pas pour Adiel que les promesses de fidélités de chacun nous étaient énoncées, en plus de l'être pour Ingvar également. C'était par peur de représailles. Ingvar planait autour telle une ombre menaçante autour de la lumière qu'était Adiel et quiconque s'aventurait vers cette source pure devait s'attendre à une mise en garde au moindre faux pas. Et j'étais à ajouter dans cette situation. Les regards craintifs et impressionnés qui étaient posés sur ma personne ne finissaient plus.

Adiel... était désiré. D'une façon peu plaisante à mon sens.

— C'est Ser-Brian, chevalier-duc de la cité armée de Langre, me murmura Adiel.

Un homme s'avança tandis que le précédent s'en alla. Vêtus d'une lourde armure d'argent, ses longs cheveux pâles tombaient en un rideau sur celle-ci. Ses yeux, tombants et clairs, se posèrent sur elska dans une lenteur qui m'irrita avant de s'arrêter sur le roi et sa compagne.

— Moi, Ser-Brian, se présenta-t-il, promet que mon épée demeurera au côté du roi aujourd'hui et jusqu'à son dernier souffle, car lorsque ce dernier sera venu, ma lame appartiendra à la reine. Penthélisée, veuillez accepter ma promesse et soyez sûr de sa sincérité.

Solennellement, le roi et la reine consort acquiescèrent. Le chevalier se tourna alors vers nous et comme tous les autres, il délaissa son ton cérémoniel face à Adiel. Je jetai un coup d'œil à ce dernier. Se tenant droit et fièrement sur son siège, tout vêtu de blanc dans une tenue hemelienne des plus charmantes, il ne laissa rien paraitre de son trouble face à de tels comportements. En vérité, peut-être que son voile dissimulait cela ou bien que j'étais le seul à être irrité par tant de familiarité.

BJÖRSARION - LA TERRE DES GÉANTS (BL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant