Chapitre 12 - Le mariage hemelien

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Arjen


— Je n'en ai jamais vu. Ma mère adorait nous raconter des histoires sur les autres peuples, mais nous n'en avons jamais vu aucun. Comment sont les sirènes ? s'intéressa le roi.

— Et bien, je ne me vante pas de toutes les connaître, mais celle que je connais est taquine et ne cesse de sourire.

Le souverain écoutait mes paroles avec beaucoup d'intérêt. Depuis que nous avions quitté le palais pour nous mettre en route, nous avions longuement discuté. Nos paroles s'étaient perdues bien loin des règles d'usages et de la politesse hemelienne imposée. J'aimais bien plus cela. Découvrir cet homme, autrement que par des dires de marchands ou des rumeurs, était bien plus plaisant que je ne l'avais imaginé. Il était surprenant de le voir curieux et souriant avec l'innocence d'un enfant.

— Elle se nomme Cassiope, poursuivis-je. Ses cheveux sont de la couleur des fonds marins, comme sa nageoire dont la beauté serait presque indescriptible. Ses yeux sont semblables à ses larmes, profondes et nostalgiques, et sa peau est pareille aux reflets que laissent les rayons du soleil lorsqu'ils touchent l'eau.

— Elle doit être magnifique. Comment vous êtes-vous connu ?

À ce souvenir, je rigolai. Qu'Asthan me préserve de sa rage de le raconter à nouveau, mais je trouvais cela cocasse ! D'autant plus lorsque je pensais à l'indignation de Cassiope à chaque fois que je me plaisais à lui rappeler son imprudence. Je restai un instant muet, préservant simplement un sourire et prenant plaisir à faire languir le roi. Ce dernier pencha la tête vers moi et leva ses sourcils d'une façon amusés. Nulle trace d'agacement ne gagnait ses traits.

— Nous étions à la pêche. Cassiope s'est pris dans nos filets. Elle nageait près de nos côtes, curieuse de voir des géants. Lorsque nous avons remonté les filets, elle s'est mise à pleurer, terrifiée. Asthan était furieux !, m'esclaffai-je.

— Asthan... la divinité des mers ?

J'acquiesçai tandis qu'il souriait, tout de même troublé par mes paroles.

— Mais, n'avez-vous pas eu peur ? La divinité de l'Océan est si... C'est une règle universelle que de ne pas s'en prendre à ses enfants !

— Et il nous l'a bien fait comprendre. Une tempête comme nous n'en avions jamais vu s'est déchaînée. Nous avons été privés de poisson des jours et des jours. En se débattant pour s'échapper, Cassiope s'est blessé et c'est Amma, notre aïeul, qui la guérit. Asthan s'est apaisé et la poiscaille est revenue après une dizaine de jours.

— J'hésite à louer votre courage ou à maugréer pour votre imprudence.

Ma main glissa sur la robe de Vindr et je caressai ce dernier, pouffant sous les paroles du roi. Il avait bien raison, mais les géants n'avaient pas peur des divinités et de leurs colères. S'il y avait bien une race de notre monde, d'Ynrï, dont les puissances avaient confiance, c'était bien la mienne. Nous étions les premiers enfants de Land, divinité terrestre, née pour l'aider et soutenir tout ce qui viendrait après nous. Enfin... comme tout être vivant avec du bon sens, nous refusions de nous associer, de près ou de loin, à Vindar, divinité du vent.

— Vous devriez venir un jour à Björsarion. Cassiope serait heureuse de rencontrer de nouvelle personne. Quand bien même a-t-elle décidé de vivre dans nos eaux glaciales, elle aimerait découvrir d'autres peuples.

Il m'observa de longues secondes avant de baisser la tête. Je ne manquais rien de la rougeur délicate qui gagna ses joues. Curieux, je me baissai pour y assister. Je ne jouais pas les ignorants. Je savais reconnaître lorsque je plaisais à quelqu'un et pour tout dire, c'était flatteur. Le roi était plutôt bel homme. Ses yeux bruns, tout particulièrement, trouver grâce à mes yeux. Si nous avions été tous deux originaires de Björsarion, certainement l'aurais-je déjà invité dans mon lit, mais il était hemelien, pas géant et il y avait Adiel.

BJÖRSARION - LA TERRE DES GÉANTS (BL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant