Chapitre 44 - De l'euphorie au chagrin

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Adiel



— Arjen, où allons-nous ?

Sa main dans la mienne me guidait. Le soleil n'était même pas encore levé que nous l'étions déjà. Arjen m'avait réveillé tôt. Le corps endolori, j'avais eu du mal à sortir du lit. Mon estomac me tiraillait, tout comme mes fesses, et tout me ramenait à notre précédente nuit. Elle avait été ô combien délicieuse et mon géant semblait plus repus que jamais. Ses contacts avaient quelque chose d'encore plus sensuel, d'encore plus intime après cette nuit.

Malgré notre nuit, il s'était levé encore plus tôt que moi. Il avait retrouvé son crâne et sa barbe rasés. Il fut, ce petit matin, le même que j'avais rencontré pour la première fois à Hemel. Il avait dit à Amma qu'il s'occuperait de cela avant notre pèlerinage et le moment était venu. Nous allions partir lorsque le soleil serait là, qu'il chatouillerait chaque maison et chaque géant en son sein. Nous serions bientôt unis de la façon des géants.

— Nous y sommes bientôt.

Le manteau sur mes épaules pesait lourd. Marcher avec cela serait laborieux, mais je n'avais guère le choix. Je ne peinais à tenir dans le froid glacial de Björsarion. En vérité, je ne tenais absolument pas, si ce n'était lorsque j'étais dans les bras ou sous le corps du géant. Mes épaules devraient se faire au poids du vêtement. Amma l'avait tissé pour moi après tout. Cela lui avait pris des années de ce que Arjen m'avait raconté en me l'offrant. Je devais me montrer digne d'un tel présent.

— Regarde.

Nous nous étions éloignés du village. Nous fûmes devant un trou d'eau, perdu au milieu de la neige. Je levai un regard confus vers Arjen et ce dernier, semblant aussi excité qu'un enfant, s'accroupit et tapota doucement l'eau. Je m'agenouillai près de lui lorsque le clapotis de l'eau résonna. Il fut si doux que je sus que quelque chose allait se passer. Le géant prit alors ma main et m'invita à faire les mêmes mouvements que lui avant de retirer nos mains.

Nous attendîmes plusieurs secondes avant que quelque chose ne se dessine. Là, dans cette eau translucide qui montrait l'étendue des glaciers sur laquelle nous étions, je vis une silhouette.

— C'est une...

Mon souffle se coupa en même temps que ce corps frôla la surface de l'eau.

— Une sirène, murmurai-je.

Et avec elle semblèrent sortir des flots des chants. Un chant divin qui me fit ployer mon corps vers elle. Elle m'observa, sous toutes les coutures, comme je le faisais avec elle. Ses cheveux... Ils avaient la couleur des fonds marins, ceux que seuls les enfants de la puissance maritime pouvaient atteindre. Ses longues ondulations descendaient sur sa poitrine et la dissimulaient tandis qu'elle émergeait un peu plus. À mesure que son visage se rapprochait du mien, la main d'Einherjar me faisait reculer.

Les yeux de cette sirène étaient... ensorcelants. Ils étaient aussi clairs que l'eau des glaciers, tranchant merveilleusement avec le ton sombre de ses cheveux et... de sa nageoire. Cette dernière était aussi ténébreuse que ses belles ondulations. Et sa peau ! Sa peau était semblable au reflet de l'eau lorsque le soleil la touchait. Moi ? Plus belle création des dieux ? J'avais déjà entendu parler de la beauté des sirènes, du fait que la divinité des océans avait donné naissance aux plus beaux enfants, mais l'avoir face à moi était... indescriptible.

— Je te présente Cassiope, l'une des filles d'Asthan, la divinité des mers.

Cassiope sourit. Elle dévoila ses dents, aussi blanche des perles, et ses canines, légèrement pointues. Ses lèvres étaient pleines, aussi charmeuses que son regard et son attitude.

BJÖRSARION - LA TERRE DES GÉANTS (BL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant