Chapitre 31 - De l'autre côté de l'horizon

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Adiel


J'inspirai profondément le nez lorsque les effluves maritimes fouettèrent mon nez. L'odeur était encore plus forte en mer que sur la côte et l'humidité qui venait chatouiller mon visage me rendait euphorique ! Les vagues frappaient contre la coque du navire et le bruit de la danse de ces dernières ravissait mes oreilles plus encore que n'importe quel chant. Il me tardait de voir du monde, de découvrir toutes ces choses qui m'étaient eu privées. Je n'appartenais plus à Hemel.

— Ferons-nous des escales ? demandai-je à Gunnar et Gudbrand.

Ces deux-là me tenaient compagnie depuis que nous avions quitté la cité des hommes. Cela faisait désormais plusieurs heures. Le soleil brûlait au-dessus de nos têtes. Ils jouaient à un jeu que je n'avais encore jamais vu et je me promis de m'y intéresser plus tard, lorsque mon intérêt arriverait à s'accrocher à autre chose que l'océan et ses merveilles.

— D'ici quelques jours, nous nous arrêterons à Rif.

Je crus que mes oreilles allaient se décoller à ce nom. Je me tournai abruptement vers eux et ils sursautèrent en levant la tête vers moi. Je ne pus m'empêcher de sourire de toutes mes dents. Impossible de retrouver mon calme en entendant cela !

— Jötnar, z'êtes vraiment divin !

Gudbrand et son air rêvasseur me firent sourire de plus belle. Il peinait à ne pas le dire toutes les deux phrases et si cela m'avait tout d'abord profondément gêné, j'avais fini par trouver cela particulièrement amusant de sa part. Il était, tout comme Gunnar, le plus à l'aise avec moi et je me plaisais à être de leur côté, comme si toute la retenue que lui et Gunnar s'étaient imposée à Hemel avait disparu !

— Oui, gloussa Gunnar. Rif, le village côtier. Les marchands sont des nomades, mais s'il y a bien un endroit qui est connu pour être le leur, c'est Rif. Nous allons nous ravitailler là-bas !

C'était... merveilleux. Les marchands étaient les plus grands voyageurs des terres, des mers et du ciel. Peu de chose avait encore des secrets pour eux. Ils étaient ceux que toutes les divinités aimaient et pour cet amour, il leur était accordé de naviguer, de marcher ou de voler n'importe où, n'importe quand, sous la grâce des puissances. Ils étaient choisis par elles ! Et nous rendre à leur village c'était... C'était là-bas que se trouver toutes les merveilles, mets et trésors, qu'ils ramenaient des quatre coins d'Ynrï !

— Z'êtes euphorique, s'en amusa Gudbrand. Vous verrez, c'pas très grand et c'est bordélique, mais ça vaut l'coup !

— Je n'ai jamais voyagé, confessai-je. Alors, pouvoir voir Rif, l'île des marchands, d'ici quelques jours... Ça ressemble à un rêve.

— Demandez à Egbert !

Ce dernier, de retour de sa longue entrevue avec l'Einherjar, s'avança vers nous. Il se hissa sur la proue pour nous rejoindre et déplaça quelques petites figurines de bois avec lesquelles jouer les frères. Ces deux derniers grognèrent et semblèrent perdre puisqu'ils félicitèrent l'immense rouquin qui s'écroula, l'air toujours bourru.

— Egbert adore Rif. Il s'y connait mieux qu'nous ! affirma Gudbrand.

— N'est-ce pas la terre que tu préfères le plus après la nôtre ? s'enquit Gunnar.

Son visage tiré se détendit un peu lorsqu'il eut un rire ravi. Cela lui plaisait de discuter de Rif. Je vins m'accroupir à côté de lui, conscient que ses mots m'émerveilleraient encore plus que le reste.

— Comment est-ce ?

— Devrais-je vous le dire petit prince ? J'ignore si vous êtes à entendre de telles paroles. Vos fragiles petites oreilles pourraient s'arracher devant tant d'aventure !

BJÖRSARION - LA TERRE DES GÉANTS (BL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant