Chapitre 39 - Le festin des géants

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Arjen


Ah, ma terre ! Qui pouvait se vanter d'y vivre hors mis les géants ? Qui pouvait se vanter de l'avoir admiré hormis les marchands et les géants ? Elle était une sacrée. Depuis la création des premières races, nous étions les seuls à avoir foulé ces terres. Mes ancêtres avaient découvert les terres glacées ; ils y avaient vu le jour ! Jörunn, le premier géant, avait fait le premier pèlerinage jusqu'aux montagnes enneigées ; ces dernières étaient la plus vieille création des divinités. C'était sur sa route, ici, que le premier Einherjar avait trouvé les heims.

C'était en ce lieu que la première femme parmi avait vu le jour : née de l'union d'un être ni homme ni femme, un heim, et du premier chef des géants, Jörunn. Il s'en était suivi d'autres et Björsarion évolua avec son temps, avec nous, et n'avait jamais ployé. Notre terre était protégée par Land et nul, si ce n'est ses propres enfants, ne pouvait détruire ses créations. Quelles puissances auraient eu le cran de toucher aux terres gelées ?

En entrant dans la salle de banquet, je ne pus m'empêcher un cri de joie. Cette odeur de bonnes nourritures, grasse et généreuse, de ce miel et de notre hydromel était partout ! L'odeur des fourrures chaudes et douces sur lesquelles les miens étaient assis, tous autour de table généreusement garnie, m'avaient manqué ! Et je n'oubliais rien des tambours joyeux qui résonnaient pour accompagner ce festin, ni des candélabres et des foyers qui brillaient furieusement pour nous éclairer ! Les rires bruyants et les disputes sous les tempéraments forts qui s'élevaient aussi !

Ah, rien ne valait ma terre !

— Einherjar !

Ils levèrent leurs cornes d'úrr en ma direction, tout sourire, tandis qu'ils portaient leurs cornes à leurs lèvres. L'hydromel dégoulina sur tout un chacun et il me tardait d'en faire de même ! Je courrai à ma place. D'une main au centre de la table, écrasant de délicieux fruits juteux, je sautai d'un bond pour atterrir de l'autre côté. Je pris à mon tour un « verre » que je remplis généreusement de boisson à l'aide d'une carafe que je reposai bruyamment.

Je levai fièrement la corne et les miens me suivirent à nouveau. Je me sentais euphorique. Mon cœur battait comme un fou dans ma poitrine ! Je me sentais prêt à rester debout des heures et des heures pour festoyer ! J'inspirai profondément, remplissant mes poumons d'air, et je recrachai ce dernier dans un cri puissant et festif :

— SKÅL !

Je bus généreusement l'hydromel et crus presque en mourir de bonheur. Comment pouvait-il être encore meilleur ? Ah ! C'était sans aucun doute de le boire ici, chez moi, chez nous ! Je me laissai tomber sur les peaux de bêtes dans un rire sincère tandis que beaucoup des miens me rejoignirent, donc Noortje. Il y avait tant de visages que je n'avais pas côtoyés depuis un moment ! Ils m'avaient tous manqué ! Je les ramenai contre moi d'un bras sur leurs épaules et déjà saoul, ils s'écroulèrent sur moi.

— Ce que ça fait un bien fou ! s'écria Solaug.

Solaug était la plus belle femme du village. J'avais passé plusieurs nuits avec elle. Le choix des géants avait toujours été posé sur elle lorsqu'avait été émise l'idée de me marier. Solaug avait été présagé pour devenir Jötnar, le cœur des géants, à la place d'Adiel. Il fallait dire qu'on l'adorait tous. Elle était solaire, joviale, puissante, sans crainte, et tant de qualité qu'on ne pouvait que s'émerveillait. Elle avait l'entêtement des géants.

Elle et moi ne connaissions que trop bien vers qui allaient ses préférences, mais nous étions des tombes !

— J'ai cru que le temps ne passerait plus. Le village était tranquille sans vous, trop tranquille ! s'exclama Jór.

BJÖRSARION - LA TERRE DES GÉANTS (BL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant