Arjen
— Je n'avais jamais vu une telle couleur de peau. Elle n'est pas peinte par le soleil, s'émerveilla Egbert.
— On dirait la couleur de l'hydromel, assura l'un des miens.
Je ne pouvais qu'être admiratif moi aussi. Mon regard s'était déjà posé sur sa chair et sa teinte enivrante, mais c'était bien la première fois que je pouvais autant l'admirer sans être accaparé par un baiser. L'or qui ornait ses bras tels des serpents s'y étant enroulés mettait en valeur toute la splendeur de ce coloris. Je rêvais désormais de m'y abreuver comme je l'aurais fait avec notre alcool, car les géants avaient raison : sa peau était semblable à la beauté de l'hydromel et de son ton doré.
— Adiel a hérité de la peau de notre mère, Thalestris, une lemehienne. C'est une marque de grande beauté chez les hommes, mais peu d'entre nous en ont hérité. Seuls quelques enfants nés d'une femme de Lemeh en ont hérité.
— Lemeh, la cité des femmes, intervint Noortje. On dit que Sunna, divinité solaire, affectionne tout particulièrement Sandrull, divinité du désert, et que c'est pour cela que les rayons de l'astre illuminent là-bas plus que n'importe où ailleurs.
— Les marchands disent d'Adiel que Sunna envie la beauté du prince, exposai-je.
— Ils disaient la même chose de notre mère. Elle était la plus belle des lemehiennes et mon jeune frère en a hérité. J'ai pris la décision de dissimuler son visage aux peuples et aux voyageurs.
Je pensais comprendre pourquoi. Il suffisait de voir les géants. Leurs mâchoires en tombaient presque contre le sol tant le corps d'Adiel mouvait sensuellement sous la musique ; tant sa peau semblait faite pour être apprécié par tous nos sens.
— Cette danse est l'héritage des femmes lemehienne et le voile également. Elles s'en servent pour les cérémonies d'union et nous aussi désormais.
Sur les hanches du prince, des éclats d'or résonnaient comme de petits carillons. Les bracelets qu'il portait à ses poignets et ses chevilles se rencontraient parfois, nous sortant de notre transe. Était-ce volontaire de rappeler au public de rester maître de soi-même ? J'en avais grand besoin, les autres aussi. Les gardes et le roi y semblaient pourtant immunisés. Ils avaient déjà dû assister plus d'une fois à un tel spectacle. C'était une merveilleuse surprise. La danse des géants était moins douce, moins ensorcelante, plus brute.
Parfois, la cuisse du prince se frayait un chemin dans l'ouverture de son vêtement. Ce dernier, fait d'un fin voile bleu éclatant, glissait sur sa chair douce pour la révéler. Je me souvenais encore de sa douceur et sa chaleur contre ma paume. Il me tardait qu'Adiel ne soit qu'à moi. Les géants avaient une façon bien à eux de montrer leurs affections et cela passait par des étreintes chaudes. Les hemeliens n'agissaient pas ainsi, mais Adiel semblait aussi désireux que moi.
Lorsque sa danse se termina, son pied était gracieusement tendu vers nous. Je restai silencieux tandis que les géants firent entendre leurs voix et leurs appréciations.
— Vous appréciez véritablement mon frère.
Je décrochai mon attention du prince pour la porter sur le roi.
— Cela ne fait que deux jours que nous sommes là, mais j'apprécie véritablement ce que je découvre, et ce que je vois.
Il acquiesça. Je me penchai légèrement vers lui lorsque ses lèvres s'entrouvrirent pour se fermer aussitôt. Il voulait vraisemblablement dire quelque chose.
— Les messages sont en route pour Lemeh et tous les hommes. Par message j'entends les mises en garde et les invitations. Afin que tous aient le temps d'arriver, nous devrons compter un mois supplémentaire, expliqua-t-il.
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BJÖRSARION - LA TERRE DES GÉANTS (BL)
FantasíaLes géants ont bonne mémoire. Ils se souviennent toujours des vieilles convoitises de leurs ancêtres, de tous ceux qui les ont précédés. Alors lorsque leurs yeux se posent sur les jusquiames noires, joyaux de la couronne humaine, leurs vieux désirs...