Chapitre 17 - L'histoire s'écrit ailleurs

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Adiel


Les géants étaient en admiration face aux femmes. Je ne pouvais que le concevoir, car elles mêlaient puissances et grâces avec une élégance dont personne d'autre, ici ou ailleurs, ne pouvait être capable. Les tissus qu'elles portaient les embellissaient, rendant leurs peaux brunes plus intense et envoûtantes. Antiope était aussi splendide que dans mon souvenir. Sa chevelure dorée avait encore grandi, caressant ses reins et les bijoux qui recouvraient son corps.

— C'est si bon d'être de retour dans les plaines de Hemel. Le désert est brûlant et chaleureux, mais rien ne vaut d'être tous réuni et de sentir l'herbe tendre sous nos pieds, s'émerveilla-t-elle.

Les thuebans, eux, ne pouvaient survivre sans sable. Ils étaient donc restés sur leur terre et Lunya, notre garde qui avait été chargée de transmettre l'invitation aux lemehiennes, avait décidé de marcher afin qu'Antiope puisse chevaucher sa monture. C'était une marche différente que nous avions empruntée. Les pas des géants qui faisaient presque trembler la terre n'étaient plus le plus marquants. Désormais, c'était le tintement incessant et mélodieux des tenues des femmes qui nous berçaient.

— Que pensez-vous de Hemel, Einherjar ?

— Tout y est grand et c'est un géant qui vous parle. Pour des êtres si petits, je ne m'étais pas attendu à de telles mesures titanesques. L'ambiance y est plus sobre qu'à Björsarion, moins bruyante. Je m'y plais, assura-t-il, mais rien ne vaut ma terre.

Antiope s'en amusa et les deux rirent ensemble, de bon cœur. Cette vision fut un véritable soulagement pour moi. Je ne m'étais pas attendu à ce que ma tante haïsse l'Einherjar, non, mais j'avais eu un peu d'appréhension quant à leur rencontre. Maintenant, je me sentais apaisé. Cela ne faisait qu'une heure que nous nous étions mis en marche et ça avait été assez silencieux jusque là, mais doucement, les discussions commençaient à reprendre ; les hommes et les femmes se retrouvaient ; les géants et les lemehiennes se découvraient.

— Et que pensez-vous de mon petit prince ? s'enquit-elle.

Mon visage se réchauffa en un claquement de doigts. Je sursautai et tournai la tête vers l'Einherjar. Ce dernier, avec un regard sur ma personne, eut un sourire mutin qui fit chavirer mon cœur.

— Cette union avec lui est la meilleure chose qui aurait pu m'arriver. Au plus je le découvre, au plus ce que je vois me plait. Cependant, je maudis vos voiles, confia-t-il avec humour. Il me tarde de voir le visage qui ferait jalouser Sunna !

— Einherjar ! m'indignai-je.

— Sunna ?

— La puissance solaire.

Antiope fut charmé par cela. Chaque peuple avait une façon différente de qualifier les divinités, mais pour nos deux ethnies, si proches l'une de l'autre, les appellations demeuraient les mêmes.

— Pour ma part, je suis soulagée de vous découvrir, Einherjar. Permettez-moi de faire preuve d'autant de spontanéité et d'honnêteté que vous.

D'un signe de tête d'une noblesse admirable, le chef des géants l'invita à le faire.

— Les miennes et moi-même avions l'idée reçue que vous, géants, étiez aussi rustre et peu aimable que les ruvars.

Je déglutis. C'était une chose osée à dire. Je jetai un regard craintif à l'Einherjar, mais fus surpris en comprenant qu'il ignorait de quoi il pouvait bien s'agir.

— Pardonnez-moi Antiope, mais Björsarion était un pays fermé il y a encore peu. Nous ignorons beaucoup de choses et bien que nos cartes maritimes soient poussées, leurs habitants, eux, ne le sont pas. Certaines terres sont trop lointaines ou préservées pour que nos connaissances y soient poussées.

BJÖRSARION - LA TERRE DES GÉANTS (BL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant