Chapitre 19 - La première fête

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Adiel


Lorsque nous franchîmes les plaines, la cité des hommes s'étendait face à nous. Les hommes se tenaient hors de leurs maisons et de leurs commerces pour accueillir les lemehiennes. Cela faisait si longtemps que nos deux peuples, pourtant proches, ne s'étaient pas réunis ainsi ! Nous étions tous heureux, c'était un fait. Le regard que Antiope posa sur Hemel ne signifia qu'une chose : le sentiment de retourner chez soi après un long périple. Je l'aurais ressenti ainsi également si je m'étais rendu à Lemeh.

Je caressai Sanjarna, un sourire aux lèvres. Nous laissâmes le roi ouvrir la marche. Les femmes passèrent après lui. Les rues avaient commencé à être fleuries pour les jours de cérémonies qui approchaient. De douces odeurs enivrantes se dégager des fleurs blanches qui couronnait chaque bordure de commerces ou de foyer. C'était pour l'Einherjar et moi, pour notre union, et il me tardait plus encore d'y être. Les femmes furent saluées chaleureusement, et ce, jusqu'au palais.

Les festivités commençaient dès ce soir. Les navires mettraient quelques jours avant d'arriver. Les hommes des autres terres n'arriveraient pas ce soir, alors ce serait une fête entre le peuple, nous, les lemehiennes et les géants. Ce serait la première fois que le peuple allait se mélanger aux géants durant toute une nuit. Cela m'inquiétait un peu, mais j'avais bon espoir que la présence des femmes apaise les esprits inquiets et craintifs des hommes.

Lorsque les étoiles fleurirent sur la voûte nocturne, les instruments festifs jouaient déjà dans les rues. Les taverniers passaient et repassaient avec des verres d'alcool. Les géants avaient donné de leurs hydromels pour cette soirée et certains buvaient déjà, accompagnés des lemehiennes. Il y avait une bonne ambiance. Je n'y voyais toujours pas Ingvar, alors peut-être était-ce le moment d'y aller, mais je me ravisai lorsque la porte de ma chambre, après de brefs coups, fut ouverte.

Je m'attendis à découvrir mon frère, mais ce fut Einherjar. La douce vibration de la terre à ses pas me le prouva. Il ne put le voir, moi non plus, mais mon visage chauffa telle une bouillotte à la vue de son sourire taquin. Nous nous rappelions tous deux ce qui était arrivé la dernière fois que nous avions été seuls. Ma poitrine sembla fourmiller d'envie à ce souvenir délicieux. Sa langue avait été brûlante et ses succions si intenses. J'en avais un souvenir si clair qu'il continuait à brûler ma chair d'envie.

Je raclai ma gorge pour retrouver ma contenance et je l'invitai à mes côtés. Sur le balcon, nous regardâmes la fête se poursuivre dans toutes les rues. Il s'installa près de moi, son bras touchant le mien. Ce fut simple, à peine un contact, mais cela me fit terriblement plaisir. Je relevai la tête vers lui, car de toutes les belles choses qui se passaient actuellement à Hemel, Einherjar était la plus captivante. Sa puissance se dégageait de lui d'une façon si pure qu'il devait la puiser à chacun de ses pas à même la terre !

— C'est moi où nous n'avons pas beaucoup parlé depuis notre rencontre ? s'enquit-il dans un rire chaleureux.

Je réfléchis à ses paroles. Était-ce vrai ? Et bien, nous n'avions pas eu autant d'occasions que nous l'aurions voulu, mais nous étions débordés.

— J'ai l'impression de vous bondir dessus à chaque occasion, se confessa-t-il.

Et j'aurais pu rougir, en être gêné, mais j'en fus en vérité, très heureux. Pas tant par le fait qu'il avançait, mais plutôt la spontanéité et la joie qu'il éprouvait et montrait à l'avouer. Je ne pus m'empêcher de rire, acquiesçant vigoureusement.

— Je suis aussi coupable que vous. J'ai passé vingt-et-un ans de mon existence à n'éprouver du désir que pour des pensées que j'imaginais, mais aujourd'hui, mon corps est en émoi à chacune de nos rencontres. C'est grisant, quand bien même je ne peux céder.

BJÖRSARION - LA TERRE DES GÉANTS (BL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant