BJÖRSARION - LA TERRE DES GÉANTS (BL)

Chapitre 6 - La cage hemelienne

Arjen

Les portes de ma chambre s'ouvrirent brusquement sur Egbert. Confortablement installé dans mon bain, je ne lui portais que peu d'attention. Bien sûr, il n'eut pas besoin de cela pour tirer bruyamment une chaise jusqu'à la baignoire de cette chambre pour venir me déranger dans ma paix. J'étais d'une humeur merveilleuse, plus que je ne l'avais jamais été. Ma petite escapade d'hier soir m'avait ravi aussi bien l'esprit que le corps. Mes doigts trouvèrent mes lèvres et je souris niaisement.

— J'étais venu me plaindre de la façon dont les servants d'Hemel ont essayé de me dévêtir pour me foutre dans un bain similaire, mais...

Il renifla bruyamment et un rire franc lui échappa. Je tournai la tête vers lui avec un sourire entendu. Son visage se fendit dans une mine « je le savais » et profondément fier avant que nous ne rîmes en chœur. Noortje entra à ce moment-là, les mains en cercle au-dessus de sa tête, et elle s'immobilisa un instant avant de lever ses yeux bruns au ciel, amusé à son tour. Elle fronça férocement le nez avant de s'approcher et de s'appuyer sur la chaise d'Egbert. Ce dernier, inguérissable de son hilarité, lâcha entre ses rires la vérité qui nous amusait.

— Je ne sais pas ce qu'il s'est passé avec le petit prince, mais cette chambre sent le fauve !

— Il était d'une douceur rarement vu, complimentai-je. Aucun géant n'est capable de ça. On ne s'est même pas embrassé à proprement parler puisqu'il a tenu à garder son voile, mais c'était... magique.

— Magique ?! s'esclaffa Egbert de plus belle.

— Si ça se sait, vous êtes face à des problèmes. J'ai discuté avec quelques serviteurs ce matin. Selon les coutumes, la consommation de votre union ne se fera qu'après la cérémonie.

Je n'osais imaginer le genre de question que Noortje avait posé pour obtenir ces réponses. Je haussai les épaules. Adiel me l'avait dit alors j'étais bien conscient, mais il s'était calmé à l'instant même où nous nous étions « excusés » auprès des puissances. C'était une information que je retenais avec beaucoup d'ambition. Quelques idées peu appréciables pour les coutumes de Hemel traversaient mes pensées et je m'en léchai les lèvres.

— Quelle tête a fait les pauvres domestiques lorsqu'ils ont senti l'odeur de ton plaisir solitaire ?

— Ils étaient prêts à s'enfoncer sous terre pour rejoindre Agartha. Je suis surpris qu'ils connaissent même la définition du plaisir, me moquai-je.

Egbert acquiesça vivement en poursuivant son rire. Je me souvenais distinctement de leurs têtes quand ils s'étaient invités dans ma chambre pour « mes soins ». Je considérais cela comme une vengeance. Je n'avais pas l'habitude que l'on me traite comme une poupée incapable de se dévêtir ou de prendre un bain seul. Était-ce ainsi que vivait Adiel, jour après jour ? Cela devait être un cauchemar de ne rien faire par soi-même !

— Bon, bon ! Je vais faire un tour en ville avec quelques autres. On se retrouve plus tard ! annonça Egbert en frottant sa barbe rousse.

Il se releva et s'en alla. Je fronçai les sourcils en le regardant partir et je relevai la tête vers Noortje. D'un geste, je lui intimai de le suivre. J'avais confiance en Egbert et les autres, mais j'avais peur qu'un débordement n'arrive trop vite. Je doutais que nous étions véritablement les bienvenues aux yeux de tous alors je préférais envoyé Noortje. Elle était la plus raisonnable d'entre nous et elle savait apaiser la colère des géants lorsque je n'étais pas là, alors j'espérais que calmer l'agacement des hommes était similaire.

Pour ma part, ma journée était chargée. Je passais ma matinée avec le prince pour une balade sur nos montures respectives. Nous avions eu l'accord du roi pour manger au dehors du palais, juste Adiel et moi-même. L'après-midi serait consacré aux paroles plus importantes sur l'avenir de nos deux peuples, de nos liens et la marche à suivre pour rendre les océans plus sûrs. Le soir, en plus d'un repas où nous serions tous réunis, le roi avait affirmé avoir une surprise.