(Point de vue de Julien)
« -Mon Dieu, je suis en train de crever de faim.
-Il y a sûrement de quoi manger. Je vais m'en occuper...
-Il faudrait déjà réussir à faire du feu.
-Oui, mais ça, c'est une autre affaire... »
Je tente tant bien que mal de fabriquer une arme avec un pauvre bâton que je viens de me ramasser, mais ce n'est pas une mince affaire. Avec ça, je ne pourrais pas attraper du gros gibier. Or, nous sommes affamés comme des bêtes sauvages.
« -Cela fait combien de temps qu'on a déserté l'armée ? Je veux dire, qu'on est en cavale ? demande Antoine.
-Sûrement trois bonnes semaines, si ce n'est pas plus. Pourquoi ?
-Le temps est si long... »
Je finis de fixer une pointe en pierre pour former une sorte de flèche, mais c'est une perte cruelle de temps. Antoine grelotte alors qu'il tente tant bien que mal d'allumer un feu.
Cela fait presque un mois que nous nous sommes enfui. Un mois à errer, sans carte, sans repères. La plupart du temps, nous nous arrêtons dans des bois ou dans des forêts, là où il n'y a personne et où l'on peut manger en conséquence. Un mois que nous sommes sûrement à notre recherche. Nous sommes deux cowboy dans un désert de corps et de chaire, il n'y a pas de cactus ici, juste des ronces qui piquent.
« -Julien. Vous pouvez vous occuper du feu. Je n'y arrive pas.
-Je vous ai expliqué comment faire pourtant...
-Je sais. Mes mains ne coordonnent pas. Je ne suis que maladroit...
-Alors, allez chasser...
-Encore pire ! »
Je soupire. Antoine est certes devenu mon meilleur allié, mais parfois, il m'exaspère. Mais je ne peux lui en vouloir trop longtemps. Encore heureux que je peux être à ses côtés, la solitude m'aurait désarmée et m'aurait mise plus bas que terre. Heureusement qu'il n'y a pas d'alcool qui pousse sur l'écorce des arbres, j'aurais tout dévalisé.
« -Bon, je m'occupe de votre feu. Donnez-moi votre pierre... »
J'abandonne l'arme et me penche vers quelques bûches que nous avons ramassé, il s'agirait de saisir la première étincelle et de ne pas la laisser passer, sinon, nous sommes foutus. Chaque seconde qui passe est une chance en moins de survivre, et aussi, dans le même temps, de revoir ma chère Ange...
« -Vous pensez qu'elle va bien Ange ? demande Antoine.
-Ne me posez pas ce genre de questions tandis que je suis en pleine mission !
-Pardonnez-moi. Mais c'est rassurant de discuter. Surtout d'elle.
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Le jardin de mon coeur
Historical Fiction"Je m'appelle Ange. En 1944, mon jardin était tout pour moi. Jeune femme de la campagne, je n'avais conscience ni du danger ni du coup de foudre. Qu'est ce qui est le pire dans cette histoire ?" Mais bon, ce ne sont que des bouquets de fleurs, non? ...