Chapitre 20: Une jonquille rougissante au milieu du canapé

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10h11, dans la chambre

Le soleil est déjà levé depuis un moment. Mon corps lui n'a pas bougé d'un poil. Encore désespérément collé au torse du Parisien qui pour sa part, est réveillé pour une fois en premier. Trop pensif, trop préoccupé visiblement. Il s'attarde sur mes cheveux en feu alors que je dors comme un bébé, au Paradis, reposant sur un doux nuage qui flotte.

Julien se questionne. Sur des tas de choses. Sur la situation actuelle défavorable. Sur la guerre qui se fait de plus en plus menaçante. Sur sa relation dans ce mariage imprévu et qui prend une tournure inattendue. Inattendue parce que son cœur de pierre commence tout doucement à se fissurer... Et ça, c'est carrément effrayant de ne plus réussir à garder une armure intacte.

L'homme caresse mes cheveux, me regardant avec des tas d'interrogations dans la tête. Julien est ainsi, toujours à cacher ses désarrois et la plupart du temps, en se faisant désagréable. Mais au fond, c'est une simple rose qui a besoin d'être arrosé et d'une jonquille pour l'accompagner dans sa vie périlleuse de fleur épineuse mais tout de même merveilleuse.

J'ouvre au final les yeux. Un rayon solaire frappe dans mes longs cheveux. La première chose que je vois, c'est le visage soucieux du Parisien, à quelques centimètres du mien. J'aime dormir mais qu'est ce que j'aime me réveiller dans de telles conditions. Aux côtés de mon mari. Je l'oublie bien trop souvent d'ailleurs. Mais nous sommes mariés. Pour le meilleur. Et pour le pire...

« -Oh Bonjour... dis-je, surprise de sa proximité.

-Bonjour Ange... Bien dormi ?

-Je crois que oui, il fait déjà jour en plus... Mais, ça m'a permis de me reposer.

-Comme quoi, vous allez commencer à prendre mes mauvaises habitudes... me dit-il en souriant.

-Ah non surtout pas ! Vous avez trop de mauvais côtés, je ne veux pas ! »

Pour m'opposer fermement, je retire les draps de mon corps et ainsi, me lève de pied ferme. Jamais de la vie je ne veux prendre le mauvais caractère de Julien. Non. Ce serait me suicider à coup sûr. Je ne le supporte pas, ce n'est pas pour lui ressembler !

« -Sinon, ça vous dit de déjeuner sur la terrasse du jardin ?

-Ma foi, c'est une bonne idée...

-Bien. Je vais préparer cela de ce pas ! Je vous laisse vous réveiller... »

Comme à mon habitude, je suis tout de suite motivée. Je vais juste prendre le temps de me vêtir d'un chemisier blanc et d'une longue jupe verte dans la salle de bain, avant de rejoindre la cuisine et de préparer ce petit-déjeuner en tête à tête qui est convenu. Encore faudrait il que Monsieur décide enfin de se bouger, ce n'est pas gagné !

Je profite de la lenteur de Julien, qui se prépare à son rythme pour constater le dégât dans le jardin. La neige a certes disparu mais a laissé place à un gel beaucoup plus ravageur. La plupart de mes plantations sont fichues. Il va falloir que je recommence tout... Il y a juste les quelques fleurs et légumes que j'avais mis sous des bâches qui ont survécu mais sinon, c'est un massacre total...

« -Par hasard, ce n'est pas mes cigarettes qui ont rendu votre jardin dans cet état lamentable ? demande Julien depuis la fenêtre de la chambre.

-Pourquoi ce serait vos cigarettes ?

-On ne sait jamais. Je balance mes mégots dans vos plantes je vous signale...

-Comment osez-vous ? Vous ne pouvez pas prendre la peine de les mettre ailleurs !

-Pas vraiment, je vais au plus proche et au plus pratique...

-Mon Dieu que vous êtes agaçant... Mais, je vous pardonne, le froid a été destructeur, vos cigarettes sont vaines à côté... »

Le jardin de mon coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant