15h01, dans le village
Une foule s'amasse dans le village. Je n'ai jamais vu ça. Autant de monde. Il y a énormément de résistants dans le lot mais aussi des camarades que je reconnais. Notamment Marie et ses enfants que je m'empresse d'aller prendre dans mes bras.
« -Oh mon Dieu Ange, vous êtes en vie !
-Oui... Tout va bien... Et vous ?
-Je... ça va... Enfin, mon mari... Il a été fusillé sous mes yeux... »
La femme avait eu le temps de fuir avec ses enfants, mais pas son mari, mort d'une balle dans la tête par un Allemand. Mes larmes me montent instantanément. Pourquoi mes proches périssent ainsi ?
« -Je... Je suis désolée Marie... Vraiment...
-Vous n'y êtes pour rien Ange. Rien du tout...
-Comment avez-vous réussi à vous échapper ?
-Pendant qu'on s'occupait de mon mari, j'en ai profité pour partir avec les enfants, même si j'aurais voulu mourir à sa place, il m'a ordonné de fuir et de le laisser... dit Marie, en pleurs.
-Mais pourtant, je ne l'ai pas vu lors de la fusillade...
-C'est normal. Vous y étiez sûrement parti à ce moment-là. Après, ça a continué... »
La bouchère me raconte alors le terrible récit. Quand les Allemands sont venus les déloger, ils sont juifs, alors forcément, ils étaient condamnés. Son mari a tout pris, parce qu'il s'opposait, parce qu'il voulait qu'on le tue et pas sa famille, c'est ce qu'il a obtenu. Une mort violente et humiliante pour sa religion...
« -Ensuite, on a couru jusqu'à un refuge de résistants dans la forêt, mon mari avait prévu le coup si un jour ça arrivait, il connaissait quelques Résistants dans la région, on a été accueilli dignement, on a pu survivre et se restaurer... C'est terrible Ange ce qui nous arrive... »
Je tiens les mains de la bouchère, les larmes aux yeux. Comment on peut tuer ainsi, sans aucune raison ? Et pourtant, avec une telle détermination ? Je secoue la tête.
« -Je... On va vous aider Marie et vos enfants, je vous le promets...
-Non Ange. Vous en avez bien fait assez pour nous... Et vous, comment ça s'est passé ?
-On a survécu. Mais ce n'est pas passé loin... »
Je soupire et raconte à mon tour mon expérience. Quand les Allemands ont débarqués. Quand on s'est retrouvés à terre. Quand un soldat m'a prise à part pour me faire du mal. Quand Julien a tué un SS. Quand on s'est enfuit. Quand on a rencontré les aviateurs dans la neige... Et tout le reste jusqu'à maintenant.
« -Vous avez eu bien du courage tous les deux. Surtout Julien. Il pourrait avoir des problèmes...
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Le jardin de mon coeur
Fiction Historique"Je m'appelle Ange. En 1944, mon jardin était tout pour moi. Jeune femme de la campagne, je n'avais conscience ni du danger ni du coup de foudre. Qu'est ce qui est le pire dans cette histoire ?" Mais bon, ce ne sont que des bouquets de fleurs, non? ...