Chapitre 41: Le dernier train pour le Jardin des Plantes

9 0 0
                                    


Une mince fumée de cigarette. Un bruissement délicat sur le papier. Quelques gouttes de pluie sur les carreaux. Cette ambiance m'avait tant manquée. Je retrouve enfin, mon bel artiste, visiblement inspiré et happé dans son œuvre, dessinant depuis des heures, face à la fenêtre, sur ce petit bureau en bois.


« -Mon cher, sans indiscrétion, que dessinez-vous ? Moi, j'espère?



-Vous ? Comment ça ? De quoi parlez-vous ? dit-il avec son mégot entre les lèvres.



-Ne faites pas l'ignorant. J'ai contemplé l'entièreté de vos dessins, il y en a une bonne partie qui me concerne, je me trompe ? »


Je souris, voulant le taquiner. Bien qu'au fond de moi, je n'en reviens toujours pas de ce trésor. De ce trésor avec des centaines de pages, dédiées entièrement pour moi, ou plutôt à nous deux. J'espère qu'un jour, les générations suivantes pourront admirer dans les musées du monde entier, ces dessins à la signification particulière.


« -En effet. Vous avez raison. Mais, vous êtes un peu comme ma muse, je l'avoue, j'adore vous dessiner, vous faites un très joli modèle... dit-il en souriant en se tournant vers moi, depuis sa chaise.


-Oh, ma foi, j'en suis ravie. Mais, je dirais plutôt que c'est votre âme d'artiste qui fait tout, moi, je pose juste...


-Détrompez-vous. Vous êtes si naturelle et transcendante, ça en crève les yeux. Vous faites ça spontanément, sans qu'on vous le demande. C'est pour ça que j'adorais vous dessiner sur le coup, dans l'action, sans votre accord, parce que vous étiez la plus belle... »


Je rougis pour de bon. Je crois que dans les draps, se confondent au milieu de nos parfums, des fruits rouges et des coquelicots. Le Parisien me regarde encore, en fumant.


« -Euh... Je... Sinon, je me suis permise d'accrocher vos œuvres, j'en suis navrée, mais, j'avais votre présence quelque part près de moi, c'est ce que je trouve magique dans l'art, de laisser une empreinte, vous voyez ?


-Ah oui, je n'avais même pas remarqué qu'il y en a sur les murs, dit-il en regardant autour de lui. C'est un musée à ma gloire ?


-Un peu, ce n'est pas assez à mon goût. Mais, je trouve ça réconfortant tous ces dessins. D'ailleurs, allez-vous continuer ?


-Sûrement, il faut que je sois inspiré pour cela.


-Oh je vois. Et je ne vous inspire pas. Je veux dire, dans ce lit ? dis-je, le rose aux joues.


-Bien sûr que si. Mais voyez-vous, je suis sur un autre projet pour le moment... »


Un autre projet ? Mon Dieu. Ne me dites pas que c'est une autre femme ! Ou qu'il recommence avec sa vieille amante, à savoir Paris ! Je me lève du lit et m'approche derrière son dos, osant regarder par-dessus son épaule, par curiosité et peut être, par angoisse.

Le jardin de mon coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant