Chapitre 34: Le bleu des yeux des bleuets

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« -Chef, on a fouillé le village. Il n'y a rien de suspect. Aucune trace de ce Julien...


-Pas grave. Nous avons plus intéressant...


-Ah bon ?


-Oui. Nous avons trouvé son petit camarade entre temps, le maigrichon. Le pauvre, il est dans un sale état. Mais, il fera l'affaire ce lâche... »


Antoine peine à discerner les voix autour de lui. Ses yeux se referment aussitôt après qu'ils essayent de les ouvrir. Son crâne lui fait atrocement mal. Comme si on l'avait assommé, ou du moins, quelque chose de ce genre. Il a du mal à revenir à lui, surtout avec toute cette agitation autour...


« -Et vous l'avez retrouvé comment alors ?


-Ils n'étaient pas malin. On a repéré l'un des deux à la lunette dans le bois à proximité, ça a été un jeu d'enfant. Il s'est laissé faire sagement. Par contre, je ne sais où est cette enflure de Parisien... »


Le blondinet retrouve tout doucement la perception de la réalité, cette conversation est bien réelle, comme le fait qu'il est attaché à une chaise, dans un endroit sombre et humide. Il ouvre ses beaux yeux bleus qui perçoivent enfin deux hommes, en uniforme de l'armée Française.


« -En tout cas, c'est génial Commandant qu'on a pu en capturer un !


-En effet, tu l'as dit. C'est génial. Maintenant, il faudrait lui faire cracher le morceau... Après, on le butera, il nous sera utile qu'un temps... »


Son sang se glace avec puissance. Buter ? Qui ? Lui ? Mais pourquoi ? Il n'a rien fait ? En plus, il est malade ! Il a quand même déserté les rangs, c'est le prix à payer. Mais bon sang, il ne mérite pas une telle fin. Il ne retrouvera jamais son village, sa mairie et sa meilleure amie. Et Julien ? Il l'a abandonné alors ?


« -On attend quoi alors pour le buter ?


-On attend le chef, ce sont les ordres. Il veut absolument en faire son affaire personnelle, nous, on doit juste le surveiller, rien de plus... »


Le surveiller ? Comme s'il était en condition pour s'échapper de cet endroit. D'ailleurs où est-il ? Il est incapable de le dire. Cela ne ressemble pas à une tente de l'armée Française, c'est tellement lugubre et sombre, comme une cave ! Antoine ouvre grand les yeux à cette pensée avant d'enfin parler.


« -Excusez-moi. Je pourrais avoir à boire, j'ai la gorge sèche...


-Tu n'as plus aucun droit. Plus aucun. Sauf le droit de la fermer minable... »


Les deux hommes se marrent ensuite, se foutant allégrement du sort du blondinet qui risque de bientôt rendre l'âme à ce rythme-là. Un téléphone sonne non loin de là. Un des deux soldats s'empresse de décrocher pendant que l'autre s'allume une cigarette, serein et aux anges.


« -Moi je dis chapeau. Vous avez déserté l'armée et vous êtes encore vivants. Enfin, pas pour longtemps. Il faut dire que toi, tu es une merde infime. Mais le Parisien, c'est remarquable...

Le jardin de mon coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant