Chapitre 12: Il n'y a que les fleurs qui ont du cœur

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Je manque plusieurs fois de chuter, avec la neige, je ne vois rien. De plus, mes pieds s'écorchent, comme si le sol était recouvert de morceaux de verres. La douleur n'est rien comparé à celle qui lacère mon cœur.

Je dois tenir et sauver Julien. Parce qu'il m'a sauvé la vie. Oui. Puis même, mon cœur me l'ordonne. Mon cerveau n'arrive pas à faire autrement, pourtant, ça fuse, les neurones surchauffent, mais rien à faire contre la puissance des sentiments du cœur. Alors je cours comme une folle, le cœur battant la chamade, les joues rouges, à croire que ce coquelicot m'a contaminé.

Je suis obligée de me stopper pour reprendre mon souffle. Et aussi, afin d'observer les alentours. Rien. Le désert. Le Pôle Nord. Il n'y a aucune civilisation, je suis définitivement seule au monde et démunie. Bientôt, je vais me perdre et je ne reverrais plus jamais mon Parisien qui m'attend au pied d'un arbre. Misère...

Je continue mon exploration, entre le brouillard et la neige qui fait rage. Je finis par apercevoir une carcasse d'avion. Sûrement qu'il a subi un crash, quelque chose du genre vu son état lamentable. Je remarque aussi qu'il porte un écusson français avec notre beau drapeau. Oui, la France triomphe et triomphera toujours.

Un feu. Un feu qui sort de nulle part. Aussi orange et brûlant que mes cheveux aux vent. Je m'approche tout doucement. J'aperçois trois hommes, assis par terre, autour de ce même feu. Ils portent des blousons en cuir avec encore l'écusson français. Je prends mon courage à deux mains et m'avance vers ces inconnus.

« -Bonjour... je...

-Qui êtes-vous ? me demande un homme, pointant son arme de suite vers moi.

-Je... Ne tirez pas ! Je suis française ! Je m'appelle Ange, j'aurais besoin de votre aide !

-Que fait une femme seule dans la forêt, qui est plus dénudée ? Vous êtes inconsciente ! crie un autre homme.

-Je sais, je peux tout vous expliquer. »

Les trois hommes se regardent. Je sais que la situation est difficile à concevoir, c'est vrai qu'une rouquine qui arrive de nulle part, la poitrine en sang, le chemisier déchiré, il y a plus classe comme arrivée. Mais il y a plus important. Donc, je me mets à raconter mon terrible récit, reprenant mon souffle parfois.

« -... Je vois. Il est loin votre compagnon ?

-Je ne sais pas. J'ai dû marcher quelques heures, je crois...

-Le problème, c'est que notre avion vient de s'écraser, on a plus aucun moyen de transport pour rapatrier votre cher ami.

-Je ne vous demande pas autant. Juste de l'aide pour le porter. Et qu'on trouve tous un ami, qu'en dites-vous ?

-Nous gagnons quoi en retour ?

-La compagnie d'une infirmière, je vois que vous êtes blessé, non ? »

J'ose sourire alors qu'il n'y a que des malheurs. Mais je n'ai que ça à offrir. Mon savoir-faire et mes connaissances. Les hommes se regardent de nouveau et semblent hésiter.

« -Bien. On arrive. Soignez-nous et après, on va chercher votre ami. On se dépêche, allez ! »

Aussitôt, je m'exécute. La plupart ont quelques blessures superficielles, c'est un miracle qu'ils ne soient pas plus amochés vu le crash qui a dû être violent. Je fais avec ce que je peux, comme je peux.

« -Merci Ange. Mettons-nous en route. La nuit risque de bientôt tomber en plus. Ce sera encore plus difficile de survivre... »

Je suis le troupeau, après qu'un des hommes m'ait gentiment prêté sa veste en cuir, c'est mieux que rien. J'ai une dégaine pas possible ainsi. Tant pis. Je ne suis pas là pour jouer les mannequins. J'essaie de me souvenir du chemin inverse.

Le jardin de mon coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant