Si seulement ces maudits soldats pouvaient aller faire un tour ailleurs, ça m'arrangerait. Je ne cesse de faire des allers-retours dans la forêt jusqu'à ce point de vue où j'aperçois visiblement une base militaire Française où serait prisonnier Antoine depuis un bon moment. Je pense qu'à l'heure qu'il est, le pauvre a succombé. On se retrouvera au Paradis comme on dit, même si, ça fait carrément chier !
Je ne peux pas rentrer aussi facilement. C'est impossible. Même si j'ai du courage, je ne suis pas suicidaire à ce point. J'ai l'impression que c'est encore mieux gardé que la Gestapo, c'est à peine croyable. Le temps file à une allure folle, le printemps défile pendant ce temps-là sans que je n'ai eu le temps de cueillir un beau bouquet de fleurs pour l'amener à chère Ange, j'espère que depuis le village, vous jardinez toujours avec autant de passion ma chère...
Je serre les dents et reste à mon poste d'observation. Des hommes alternent et prennent la relève. C'est vraiment bien gardé. Même de nuit, je crois que c'est encore pire ! Je suis sûr qu'Antoine est retenu à l'intérieur, je ne cesse d'entendre ces types parler d'un blondinet diminué, qui visiblement, s'attire les foudres du grand chef, qui est ce connard ?
Je ne sais pas quel jour nous sommes. En fait, j'ai arrêté de compter. Je sais que nous sommes encore dans la saison florale au vue des températures agréables et des fleurs qui m'accompagnent sur la route. Mais, je ne saurais dire depuis combien de temps j'agis en fugitif, comme si je n'avais plus rien à perdre. Mais, je n'ai plus rien à perdre après tout. J'ai déjà tout perdu...
Je ne cesse d'errer dans les bois, de temps en temps, je trouve de quoi manger, mais la plupart du temps, mon ventre crie famine à en crever, à en exploser. Je n'ai croisé personne. Je suis seul au monde. De temps en temps, quelques bombes perturbent mon sommeil. Mais rien de plus. Cette guerre, du moins, est-ce qu'elle existe vraiment pour s'éterniser à ce point. Vu le nombre de cadavres, je crois qu'on a la réponse...
Aujourd'hui, je décide de retourner observer. Je n'ai que ça à faire, je n'ai même pas de quoi peindre. Je dois avouer que certains paysages étaient magnifiques, j'aurais tant aimé les immortaliser. Mais, je manque de couleurs dans ma palette. Tout est gris et noir, comme une peinture de mauvais goût, d'une autre époque. Alors, je n'ai que ça à faire. Regarder, contempler, attendre, espérer. Tel est le sort d'un homme de mon siècle...
Je me cache derrière un buisson, le même que d'habitude, lui ne bouge pas. En revanche, les hommes continuent de tourner et de monter la garde. Fais chier. Cela fait vraiment chier ! J'essaie de garder mon calme bien que j'ai envie de me ruer sur chacun d'eux et de faire un coup d'état, cependant, pour une fois, je joue les Parisiens sages et silencieux, cela me change...
« -Transmettez l'info, l'Allemagne va bientôt capituler... dit un homme, essoufflé.
-Mais bien sûr, encore une très bonne blague, on la connait celle-là !
-Je suis sérieux ! De plus, j'ai des documents importants à ce sujet... »
Je fronce les sourcils. La capitulation de l'Allemagne ? Impossible. Ce pays n'aura jamais la force de faire ça, gonflé par un égo hors normes. Sauf si... Les Français se sont montrés beaucoup plus carnassiers que prévu. Je tends l'oreille, intéressé.
«-Nous avons eu des informations très importantes, de plus, émanant du Gouvernement. Je vous assure que ce n'est pas une blague...
-File tes papiers dans ce cas.
-Non, impossible. C'est strictement réservé au supérieur.
-Comment tu sais tout ça ?
-Le bouche à oreille. L'armistice pourrait même être envisagé, il ne faut pas tarder, vite !
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Le jardin de mon coeur
Fiction Historique"Je m'appelle Ange. En 1944, mon jardin était tout pour moi. Jeune femme de la campagne, je n'avais conscience ni du danger ni du coup de foudre. Qu'est ce qui est le pire dans cette histoire ?" Mais bon, ce ne sont que des bouquets de fleurs, non? ...