Problème

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- Eh calmez-vous tous les deux, reprit Siona.

Pourquoi Aéris s'était-elle emportée ? L'estomac de la jeune femme criait aux crampes, elle n'aurait peut-être pas dû abuser sur le sucre.

- Aéris reste calme, on peut rentrer si tu es fatiguée, tente Zyra pour soutenir son amie.

- Je veux qu'il me lâche, je veux sortir d'ici, et maintenant ! hausse-t-elle d'un ton.

- Lâchez la monsieur, fit rapidement Zyra pour qu'elle aussi puisse sortir de ce restaurant qu'elle n'appréciait guère.

- Je suis désolé mais je ne peux pas ! Si je le fais elle ira prévenir mon patron et je perdrai mon emploi aussitôt.

- Si vous continuez elle ira c'est sûr, alors lâchez la !

Siona sentit naître une boule de stress dans son estomac, le stress n'est pas recommandé, surtout après un repas. Elle commençait sérieusement à ne plus apprécier cet endroit. Le serveur refusait de lâcher le poignet d'Aéris et tout le restaurant les regardait d'un air interrogateur. Que devrait-elle faire ?

De l'autre côté du restaurant, Mathéo avait cessé de respirer un court instant, la voix de sa sœur parvint a ses oreilles malgré les bruits parasites de l'endroit. Instinctivement, il tourna la tête vers la voix alors qu'il se disputait avec Samaël.

- Eh tu m'écoutes tête de citrouille ! Oh, je te cause !

- Ferme la deux secondes crétin, coupe-t-il sans filtre.

- Que- ! s'agace le grincheux.

Le roux tendit l'oreille, il n'avait pas rêvé, le ton grimpait en flèche de l'autre côté du restaurant. Sans tarder, il se leva et se dirigea vers la voix.

- Qu'est-ce qu'il a ? interroge Félix.

- J'en sais rien, suivons le, suggère Taisuke.

La dispute battait son plein, de quoi ramener plus de monde.

- Eh, calmez vous et promettez de ne pas aller voir mon patron. Je vous lâcherais à ce moment.

- Vous vous prenez pour qui ? Je n'ai pas l'intention de continuer ça, lâchez moi bordel ! crie la rousse.

- Dîtes-le !

- Je vais appeler la police, menace Zyra son téléphone en main. Il y a des témoins partout, alors arrêtez ça maintenant.

- À qui crois-tu faire peur ?! s'écrie-t-il. J'ai déjà fait cinq ans de prison, ce n'est pas ça qui m'empêchera de montrer à cette garce qu'elle doit le respect aux hommes comme moi !

Ce conflit n'avait aucun sens, c'était ridicule. Qu'est-ce qui avait déclenché ça déjà ? Pourquoi ils se disputaient ? Pourquoi cet homme tenait le poignet d'Aéris ? À cause de quoi ? Siona se tritura les méninges jusqu'à finir par jeter l'eau du verre d'Aéris au visage du serveur.

- Maintenant ça suffit, vous allez arrêter ça IMMEDIATEMENT ! s'écrie-t-elle. Lâchez cette femme, elle ne vous a rien fait !

Du moins, pas encore.

- Quoi ?! Comment-

Le serveur se coupa suite à la gifle qu'il venait de recevoir de la rousse.

- C'est bon vous êtes calmé !? fit Aéris en tentant de se libérer.

Son poignet la faisait souffrir, ce gars avait une sacrée poigne. Il faillit frapper la jeune femme qui ferma instinctivement les yeux jusqu'à ce qu'un grand roux vienne interrompre le geste en forçant le serveur à lâcher sa prisonnière.

- Argh bordel mais qu'est-ce que tu fais ? hurle de douleur le serveur.

- Ce serait à moi de vous posez cette question. Que faîtes-vous avec ma sœur ? s'énerve-t-il.

Aéris s'effondra, ses jambes ne tenaient plus à cause de la panique. Elle pressa son poignet dans sa main pour tenter de faire partir la douleur alors que ses yeux restèrent sur le dos de son frère.

- Mathéo... ? bredouille-t-elle.

- Aéris, ça va ? s'effraie Zyra a ses côtés.

- Je... vais bien.

- Vous êtes qui vous ?! crache le serveur. Dégagez de là pour que je puisse donner une bonne leçon a cette femme !

- Je ne crois pas non, répond Mathéo bras croisés face à l'autre.

- Vous ne savez pas ce qu'elle m'a fait, cette garce m'a frappé, elle mérite la même chose ! Je vais frapper cette salope !

Incapable de rester calme face à cette insulte, le roux serra le poing afin de s'en servir. Malheureusement pour lui, quelqu'un le devança, le serveur finit au sol.

- Oufff, et voilà une bonne chose de faite.

- Sa- Samaël ?! s'étouffa le roux abasourdi.

- Argh... mon- mon nez. Je saigne...

Samaël se redressa de sorte à surplomber sa victime, il semblait assez fier de son œuvre en secouant son poing.

Le rictus qui se dessina sur ses lèvres acheva de dégoûter Mathéo, quelle fierté y avait-il à frapper les gens ? Il dut le reconnaître, il allait aussi frapper le serveur, mais de là à sourire ? Certainement pas.

- Évite d'insulter une femme la prochaine fois, mes oreilles ne supportent pas ça, lâche-t-il mesquinement.

- Non mais t'es malade Samaël ! arrive Félix.

- Ben quoi, Mathéo allait le faire dans tous les cas, se défend-t-il en pointant le roux de son pouce.

- Ce n'est pas le moment pour ça, fit Taisuke en aidant Aéris à se remettre sur pieds.

Sans plus tarder, Samaël courut vers la porte d'entrée du restaurant.

- Je sais pas vous mais moi je refuse de faire un séjour en prison, alors soit on décampe d'ici, soit je vous laisse en plan ! nargue-t-il d'un rire franc.

- J'y crois pas..., qui m'a donné un frère pareil...? soupire lourdement Taisuke d'un sourire desespéré.

- Aller viens Aéris, reprend Mathéo en attrapant la main de sa sœur.

- Quoi ?!

Personne ne souhaitait que ce dégénéré mental appelle la police alors ils s'enfuirent tous. Samaël en tête, il semblait s'amuser comme un fou à courir dans les rues tandis que les autres essayaient de le suivre.

Zyra courait le plus vite qu'elle put, pas facile avec des poumons dignes d'un cadavre en décomposition et d'un cardio semblable à celui d'un vieux à la retraite. Elle se demandait parfois si les vieux n'avaient pas plus de cardio qu'elle.

Siona remercia le ciel de lui avoir dit de mettre des tennis et non des talons pour cette journée.

Mathéo tenait toujours la main de sa sœur qui peinait à se reconnecter avec sa réalité ; sa respiration était trop irrégulière, elle peinait à reconnaître les évènements, sa poitrine brûlait sous la pression, sa vue se flouttait, ses jambes s'alourdirent, et pourtant, on la tirait toujours.

Taisuke et Félix suivirent le mouvement, Taisuke en riant aux éclats et Félix en désespérant de participer à un tel désastre.

- J'ai besoin de vacances..., confie Félix dans un énième souffle.






EnotiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant