L'Aonirys

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(Mercredi_24 décembre 3035_6h00)

Six heures depuis l'atterissage sur la première lune. Six heures silencieuses et pénibles, mais nécessaires au repos. Chacun avait récupéré, ne serait-ce qu'un peu, et ce, malgré leurs esprits tourmentés. Aéris avait entraîné son amie à l'extérieur dès leur réveil.

- Tu m'expliques l'utilité de ces exercices ? Aéris.

- Tu te souviens des cours obligatoires à l'université, en self-défense ?

- Oui, les professeurs ont dit qu'il s'agissait d'évaluer les compétences nécessaires pour se battre en prévention de ceux voulant intégrer l'armée, je crois.

- Exactement. Je propose de remettre tout ça au chaud dans nos têtes pour les imprévus.

- Attend Aéris, tu veux dire qu'on va se battre au corps à corps avec ces extraterrestres ? déglutit-elle.

- On doit éviter le combat rapproché, c'est trop risqué. Mais le risque zéro n'existe pas.

La jeune femme songea brièvement aux propos de son amie. L'idée même d'aller faire du mal à un être vivant la repoussait un peu plus à chaque seconde.

- Tu n'as pas tort, reconnut-elle avec tristesse sans faire part de sa pensée. Tu penses qu'il fait quoi Samaël dans le vaisseau ?

- T'as réussi à lui faire avouer qu'il s'inquiétait pour un gars, ce doit être la première fois que ça arrive. Ou du moins, c'est assez particulier cette fois.

- Il peut s'inquiéter en tant qu'ami ce n'est pas la mort. Je ne lui ai pas dit grand-chose non plus.

- Je cite : " T'es même pas fichu de reconnaître qu'il t'aime...", ce sont tes paroles Siona. Il ne semble plus croire en l'amour vu son comportement. Tu le vois très bien étant donné qu'il drague toutes les femmes qui lui passent sous le nez. Je pense que tes paroles l'ont secoué.

- Pitié, ne me dis pas qu'il pense sérieusement à ce que j'ai dit ? s'étonne-t-elle à moitié. Il ne m'a jamais pris au pied de la lettre je te rappelle.

- Et si mon frère aimait vraiment Sam ?

- Quoi ? Mais..., je croyais aussi qu'ils étaient proches à cause des crises de Matt moi. Et puis, tu le sais aussi bien que moi qu'ils se détestent.

- Ils arrivent à s'entendre sur certains sujets, affirme la rousse.

- Oui bon ça c'est rare. Samaël est homophobe Aéris, souviens-toi. Il est presque impossible pour lui de penser à ce genre de chose.

- Tu as dit 'presque', sourit-elle.

- J'ai aussi dit 'impossible', soupire l'autre, dépitée. Et si on commençait cet entraînement ?

C'est ainsi qu'elle reprirent oralement leurs cours pour ensuite passer à la pratique. Les jeux de jambes et de bras n'étaient pas si complexes à mémoriser, mais la mémoire du corps était importante, elles devaient s'exercer.

Alors que les filles se battaient à l'extérieur, Samaël lui, était allongé en plein milieu du vaisseau, occupé à fixer le plafond sans bouger. Il comptait chaque tube qui le parcourait, recommença plusieurs fois jusqu'à s'en lasser en fermant les yeux, résigné. Las, il tendit son bras dans le vide, en direction de ce plafond mécanique franchement hideux. La rouille commençait à s'installer entre les lignes, se répandaient doucement mais sûrement. Sa main se referma en un poing suspendu,  traduisant ce qu'il ne pouvait pas atteindre à l'heure actuelle, sa famille et ses amis. Lorsque qu'il laissa son bras retomber, son soupir emplit la pièce. Il était lourd, agacé.

EnotiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant