Enotia

Des airs de poète

Samaël finit par se lever après avoir secoué ses vêtements. Il scruta l'endroit, la forêt était peinte de rouge, de jaune et d'orange.

Elle était silencieuse malgré le vent qui dansait à travers les feuilles. Le sol était frais, les pierres glacées, les troncs humides et les feuilles recouvertes d'une fine couche de gouttelettes.

Le mate ferma mes yeux et se concentra sur le son du feuillage.

- Tu fais quoi ? demande le roux.

- Chut.

- ...

Samaël tendit l'oreille, la douce mélodie qu'émettait la nature ne faisait que le calmer davantage, il se laissa bercer.

- C'est doux, déclare-t-il.

- Doux ?

- Je parle de l'automne. J'aime cette saison.

- Ah oui ?

- Elle est morte et vivante à la fois. Pour moi, c'est une saison chaleureuse, il a beau faire froid, ses couleurs chaudes réchauffent le cœur, elles nous réchauffent tellement qu'elles pourraient nous consumer au moindre faux pas. Il fait super froid, pour dire la vérité je gèle sur place là... mais j'ai l'impression de brûler à l'intérieur en regardant ces arbres couleur sang.

- C'est une belle saison c'est vrai. Tu devrais penser à être poète un jour, ricane le roux.

- T'es pas sérieux j'espère !?

- Tu m'as dit avoir du mal à parler, se remémore-t-il. T'exprimer à travers des métaphores, des poésies, c'est très beau je trouve, c'est une magnifique manière de s'exprimer, fixe-t-il le sol.

- Ce genre de trucs c'est pour les gens romantiques.

- Ah, et tu n'en fais pas parti ?

- Non mais sérieux tu m'as vu ? rit faussement Samaël.

- Je pense que ça t'irait bien pourtant. Tu dragues tout ce qui bouge mais tu te cases jamais, c'est intriguant.

- Quoi ? se froisse-t-il.

- T'es déjà en couple ? Ou alors t'aimes quelqu'un ? Oh non, tu t'es prit un râteau c'est ça, j'suis désolé pour toi mec.

- Non mais t'as pas fini avec tes scénarios à la con ? Je ne sors avec personne et ça ne risque pas d'arriver.

Samaël commença à s'éloigner. D'un bond, le roux le suivi de près en fixant ses traits tirés par sa mauvaise humeur.

Le duo réussit à trouver un sentier familier et s'y aventura pour retrouver le camp.

                                                       *     

Pourquoi il a un regard si froid quand on lui parle d'amour ou d'histoires de cœur ? Il a eu une relation toxique ou quoi ? Si c'est ça c'est pas de bol. J'ai beau chercher je ne vois pas avec quelle genre de personnalité il pourrait sortir. Il est grand, d'ailleurs il a décidé de se tenir droit maintenant...c'est bien. Donc, il est grand, plutôt sympa quand on s'entend avec lui... ugh... difficile de trouver des qualités chez un mec avec qui on s'engueule H24. Serieusement, qu'est-ce qu'il a avec les relations ?

                                                       *

- Eh Sam.

- Qu'est-ce que- ne m'appelle pas comme ça ! s'emporte-t-il rapidement d’un pivot.

- Et pourquoi pas ? grimace-t-il. Je l'ai déjà fait il y a quelques jours, et il n'y a personne là.

- Oui ben le fait pas, c'est gênant.

Mathéo tiqua. Pourquoi était-il soudainement si agressif ?

- Dis, t'as déjà été en couple ?

- Putain... c'est quoi cette question..., râle Samaël.

- Je ne fais que demander, où est le problème ?

- Haa... je l'ai été deux fois au collège c'est tout.

- C'était bien ?

- Ça peut aller, et toi ? se sent-il obligé de demander.

- J'en sais rien, souffle Mathéo d'un air détaché.

- Hein, ça veut dire quoi ça ?

- J'avais tellement de problèmes avant que je n'ai pas vraiment pensé à aimer quelqu'un.

Samaël resta dubitatif.

- Même pas un crush ? Un coup de cœur ?

Le roux secoua négativement la tête.

                                                       *

C'est un extraterrestre à ce stade c'est pas possible ! Il a forcement dû aimer quelqu'un à un moment non ? Vu ce qu'il a vécu je peux comprendre pourquoi il ne se préoccupait pas de ça mais quand même !

                                                       *

- Disons que je ne m'intéressais pas trop à ça. Mais depuis quelques temps ça me vient en tête, continue Mathéo.

- C'est à dire ?

- Quand je regarde Aéris. Félix a l'air de bien l'aimer, je me demande si on a ce genre de regard quand on aime quelqu'un.

- J'en sais rien. J'ai arrêté d'y croire depuis longtemps.

- [ Il a vraiment eu une relation toxique, ça se voit. ]

{ Du côté de Félix et Aéris_15h00 }

- C'était quoi ce bruit ? panique Aéris en s'arrêtant.

- Un bruit ?

- J'ai cru entendre des cris.

- Ou alors c'était juste un animal.

- Mmmh... peut-être.

- Je reconnais le sentier, on va pouvoir retourner au camp. Si jamais c'est difficile de grimper dis-le moi, d'accord ? sourit-il doucement.

La rousse acquiesça en le suivant. Elle était contente, le dialogue était facile avec lui. Pourtant elle resta curieuse, d'où lui venait sa gentillesse ? Son éducation sans doute.

- Félix ?

- Oui ?

- Mathéo t'as déjà parlé de notre enfance pas vrai ? s'avance-t-elle à son niveau.

- C'est exact, pourquoi ?

- Eh bien, je me demandais... comment était ton enfance à toi ?

Aéris regretta aussitôt ses paroles. Un frisson désagréable grimpa lelong de son échine, rien à voir avec le froid, non. Son instinct la suppliait de fuir le plus loin possible de Félix.

Elle tourna la tête vers lui, son visage doux et apaisant avait laissé place à un visage pâle, avec un sentiment de culpabilité mélangé à celui de la haine dans le regard. La rousse sentit son estomac se tordre sous les traits graves de son ami.

- ... Tu- tu n'as pas besoin d'en parler si tu ne veux pas tu sais ? Ça m'a juste traversé l'esprit.

- ... Disons que... j'aimerais effacer cette partie de mon existence, avoue-t-il. Pour tout te dire je viens de Nouvelle-Zélande... je suis orphelin, mes parents sont morts à mes 5 ans. Je n'avais pas d'autre famille. Je n'étais pas attaché à eux, mais ce que j'ai fait ne mérite pas le pardon, mais plutôt un aller simple pour l'enfer.

- Pardon ? s'effraie-t-elle.

- J'ai commis un acte impardonnable Aéris.

La jeune femme fronça les sourcils, son visage devînt grave alors que son esprit tournait à plein régime.

- Je ne pense pas que ce soit si grave au point d'aller en enfer, annonce-t-elle.

- ... Dis-moi Aéris, quelle valeur a la vie pour toi ?