À la villa, l'atmosphère était plutôt calme. Enfin, ”calme”, c'était un bien grand mot, Siona avait fini par jouer à Mario Kart dans le salon avec Samaël. De grands enfants.
La petite Zyra s'était enfermée dans sa chambre afin de profiter du calme avant le repas.
- Dis-moi Tai, pourquoi Samaël est si...comment dire, froid ? Rude ? Vulgaire ? Je sais même pas comment définir son caractère tellement il est insupportable, soupire le roux étalé sur le comptoir du bar.
- ... Disons que c'est une manière comme une autre de se protéger, répond l’aîné occupé à couper les aliments.
- Se protéger ? Draguer toutes les filles qui passent c'est se protéger ?
Il avait du mal à comprendre. Être frivole c'était se protéger ?
- Beaucoup de personnes portent un masque Mathéo. C'est difficile de s'accepter, tu ne crois pas ?
- Oui. Je sais ce que c'est, dit-il le regard fuyant.
- Il faut du temps pour s’accepter, et puis... Samaël n'a pas toujours été comme ça.
Mathéo jeta un œil à l'homme qui cachait le visage de Siona pour l’empêcher de jouer correctement. Lui ? Non grincheux et vulgaire ? Ce même homme ? Il avait vraiment du mal à se faire à l'idée.
Bien sûr, faire des spéculations n'aidaient pas, mais on va dire que Samaël ne faisait pas d'efforts pour qu'on le voit autrement.
- Mais tu sais, je suis content qu'il t’ait rencontré, sourit le grand frère.
- Moi ? grimace le roux.
- Tu es la seule personne à ce jour à le supporter et à le provoquer comme il le fait, rit-il doucement.
- Y’a rien d'exceptionnel, c'est lui qui commence, souffle-t-il les yeux plissés.
- Les autres ne tenaient pas longtemps et le trouvaient vite agaçant.
- Il EST agaçant.
Taisuke rit un peu plus fort. Le roux avait raison, qui ne trouverait pas ce gars agaçant ?
- Tu as raison, mais tu ne l'as pas laissé tomber.
Le laisser tomber ? Si ça ne tenait qu'à lui il l'aurait castré dans son sommeil. Ce gars ronfle dans leur chambre à l'université. Il avait tellement voulu le balancer par la fenêtre.
Mathéo désespéra, comment Taisuke et son frère pouvaient-ils être si différents tout en partageant le même sang ? Il faut avouer que son propre caractère diffère de celui de sa sœur. Il remarqua qu'il avait plus de répondant qu'avant, se transformerait-il en furie comme Aéris ? L’idée lui glaça le sang.
20h passé, il était temps de manger et d'aller se coucher. Mathéo avait rejoint sa chambre pour sauter le repas, il n'avait pas envie ce soir.
- Matt ?
Le roux fixait la structure en bois de sa chambre, il se rassit en reconnaissant la voix de sa sœur.
- Tu n'as vraiment pas faim ?
- Ça ira, je suis... encore secoué.
- Encore stressé ? s'inquiète-t-elle.
- ... disons que, mon corps refuse de se calmer, je vais me reposer, ça passera peut-être.
- D’accord, viens me voir si tu n’arrives pas à fermer l'œil. On trouvera une solution.
- Ouais, bonne nuit.
- Bonne nuit frangin.
Aéris avait rejoint sa chambre, elle aurait aimé faire plus pour lui. Elle savait néanmoins qu'elle était impuissante face à ses crises, ce qui la fit se sentir pathétique.
La nuit se rafraîchit, en temps normal, Mathéo se serait suffit d'une couverture pour se réchauffer. Pas ce soir visiblement. Il était frigorifié, et pourtant, il était brûlant.
Sa respiration devînt irrégulière alors qu'il sentit son corps se mettre à trembler. Ce n'était pas bon signe. Les évènements de ce matin repassèrent en boucle dans sa tête ; l'eau froide sur ses membres, le courant qui tirait son corps, ses vêtements trempés, le vent qui sifflait dans ses oreilles..., la panique revînt au galop, sa crise d'angoisse était de retour.
Aéris, il devait aller réveiller Aéris. Il se leva pour sortir de sa chambre en se tenant au mur du couloir. Il devait être 1h du matin ? 2h peut-être ? Il ne savait pas, il avait juste besoin de voir sa sœur, il commençait déjà à suffoquer.
Les jambes lourdes et le cœur tambourinant dans ses oreilles, il tenta de se remémorer l'emplacement de la chambre de sa sœur. Laquelle était-ce déjà ? Où était-elle ?
Incapable de penser correctement, il décida d'ouvrir la première porte sur laquelle il tomba. Il ”tomba” littéralement, le corps tremblant, il chercha de l'air.
- Bordel... c'est qui à cette heure... ? fit une voix grave.
Les sons refusèrent de sortir alors que les larmes montaient sur le visage du roux.
L’homme interrompu dans son sommeil s'appuya sur ses coudes en ouvrant les yeux. Ces mêmes yeux qui ne tardèrent pas à s'ouvrir comme ceux d'un poisson à la vue du corps du roux par terre près du mur et tremblant de tous ses membres.
- Mathéo ? grimace-t-il en sautant du lit. Tu sais quelle heure il est ? Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je... je n'y arrive pas..., tente-t-il d'articuler. Mon corps il.... il ne m’écoute pas...
Samaël fit s'asseoir le roux sur son lit. Le corps de Mathéo lui semblait si frêle ainsi.
- Ne bouge pas, je vais chercher ta sœur.
Il se fit stopper dans son mouvement. Quoi encore ? Mathéo était aux bord des larmes. Ok, il n’allait vraiment pas bien.
- Attend...Ne...ne me laisse pas.
Le roux était apeuré par sa propre crise. Tu m’étonnes, il tente de respirer comme un asthmatique. Le roux refusait d'être laissé seul dans cet état et pire si c'était dans le noir.
Samaël releva les yeux vers son téléphone, 1h45. Bon, même s'il réveillait les autres ça ne servirait à rien n'est-ce pas ? Ils n'arriveraient pas à calmer Mathéo de toute façon. Il soupira lourdement en ébouriffant ses cheveux noirs, c'était vraiment pas le moment de manquer une nuit, il avait une compétition demain.
Enfin bon, le roux refusait de lâcher son poignet, il était aussi brûlant qu'un four alors qu'il tremblait plus qu'un chat trempé en plein hiver, le ciel lui tombait vraiment sur la tête.
- Et... et si on faisait comme ce matin ? finit-il par proposer.
- Huh ?
Ok, Mathéo n'était pas en mesure de parler correctement, Samaël prit ça pour un oui. En tout cas c'était mieux que s'il tombait dans les pommes par manque d'air.
Le roux se fit attirer dans les bras de l'autre sans comprendre. Il sentit instantanément la chaleur du corps de Samaël et son battement régulier. Mathéo n'avait plus vraiment le choix, il se laissa blottir en fermant les yeux.
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Enotia
ParanormalL'an 3035. L'espèce humaine voit sa vie radicalement changée après la découverte d'une source d'énergie inépuisable "l'Enotia", source d'énergie ou de vie ? Peut-on réellement se fier à elle ? Mystère, danger et amour, voilà à quoi devront faire fac...