Parler

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- ... Ta mère ?

- Oui, mon père me les a donné quelques temps après sa mort, sourit-il nostalgique.

- Je comprends mieux pourquoi t'as ragé à la plage.

- Je vois très bien... mais les avoir avec moi me laisse penser qu'elle est encore là, près de moi, ça m'empêche de céder à la panique. Tu sais, pour les crises d'angoisses et tout.

Samaël hocha silencieusement de la tête.

- Les blessures que tu as vu dans mon dos prennent du temps à se refermer, sans doute car ils n'y sont pas aller de mains morte, marmonne le roux. Ça saigne encore mais ça devrait aller. Je ne voulais pas vous en parler parce que j'en avais fini avec ces histoires d'harcèlement, j'en avais marre de gâcher ma vie comme ça...

- Mathéo....

- Je voulais juste me libérer de mes chaînes, sortir de cette cage... , déclare-t-il. Tu crois que... j'ai bien fait ?

Les yeux du roux cherchaient un espoir, du moins, c'est ce qu'il croyait. Samaël lui voyait autre chose, le roux n'avait nullement besoin de chercher un espoir, il l'avait dans ses yeux, un espoir, cette petite lueur, il l'avait déjà au fond de lui. Samaël sourit malgré lui, Mathéo avait déjà commencé à briller, depuis bien longtemps.

- Oui, tu as bien fait, crois-moi, souffle-t-il. Mais- et ton père ?

- ... Il est dans le coma depuis 3 ans. Dès qu'Aéris et moi avons commencé nos études ici. Il n'a pas supporté la mort de notre mère. Il s'était mis à boire le soir, il faisait tout pour être présent, il refusait de nous faire du mal ... mais il n'a pas réussi à tenir. Un jour alors qu'on était en grande vacances, il s'est effondré. Il est actuellement en Ecosse, et l'on a régulièrement des nouvelles des médecins, rien de concluant pour l'instant, disons qu'il s'accroche.

- Vous n'avez personne d'autre ? Un parent proche ?

- Nos parents ont coupé les ponts avec leur proches donc non, je n'ai plus personne, à part Aéris et mon père qui lutte contre la mort.

Samaël se tut un long moment. Il ne se serait jamais douté de ça. Il a lutté presque toute sa vie pour ne pas être tenter par le suicide. À quel moment avait-il trouvé la force de soutenir de tels actes, de telles moqueries ? Où diable avait-il trouvé la force pour survivre à ça ?

Il serra les poings alors que ses yeux fixèrent la paire de lunettes posée sur la table basse. Mathéo avait été brisé physiquement, et mentalement pour ne rien arranger.

Sa sœur l'avait sauvé à temps, mais était-il réellement sauf ? Peut-on être sûr qu'il avait été sauvé ?

Mathéo a perdu sa mère, sa joie de vivre, sa confiance en soi, sa confiance en autrui, comment peut-il encore sourire si paisiblement ? Comment pouvait-il encore parler de ça sans crier ou même pleurer ? Cela dépassait la compréhension de Samaël.

Il était triste pour lui, mais quelque part, il était serein de voir cette petite lueur dans le regard du roux.

Cette petite lueur signe de changement, de renouveau, peut-être que c'était pour ça qu'Aéris souriait niaisement parfois en regardant son frère.

Samaël comprit enfin, Aéris voulait veiller sur son frère sans intervenir, il avait d'abord besoin de se sauver lui-même avant de demander de l'aide.

- Et voilà. Maintenant que tu connais mon passé tu sais pourquoi j'agis bizarrement des fois, rit nerveusement le roux.

- ... Merci.

EnotiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant