Les minutes semblaient durer des heures en zigzaguant entre les passants, fort heureusement, le groupe de jeunes s'arrêta dans un parc non loin de l'université pour reprendre leur souffle.
L'air était frais malgré l'heure du déjeuner, les arbres rougeâtres dansaient sous l'effet du vent laissant tomber des feuilles au sol et créant des vagues rouges-orangées sur les routes du parc.
Mathéo fit s'asseoir sa sœur afin qu'elle puisse se reprendre. Les bras refermés sur sa poitrine, la rousse fixait le sol comme seule bouée de secours.
Recroquevillée ainsi, elle sentait que le sol tanguait, son cœur tambourinait dans sa cage thoracique, si fort qu'on aurait dit qu'elle venait d'effectuer un marathon. Ses membres gelés par le froid de l'automne ne l'empêcherèrent pas de ressentir toute la chaleur de ceux-ci.
Elle tremblait, comme une enfant à qui l'on a enlevé ses parents, tétanisée par la peur, l'adrénaline, l'angoisse, le froid...
Mathéo avait posé un genoux pour mieux comprendre la réaction de sa sœur, c'était bien ce qu'il craignait.
- Eh, qu'est-ce qu'il s'est passé là-bas ? demande-t-il d'une voix douce pour sa sœur.
- Le serveur n'arrêtait pas de draguer Siona, elle n'appréciait pas ça et lui est rentrée dedans tout court, répond Zyra à la place de la rousse.
- Je voulais le repousser plus tard, je ne pensais pas qu'elle réagirait comme ça, fit Siona d'une mine penaude.
- T'es son frère ? interroge Zyra vu la ressemblance des deux têtes oranges.
- Oui, dit-il d'un air détaché.
- Mathéo, elle va bien ta sœur ? s'inquiète Taisuke en voyant l'état de la rousse.
- Non, ça ne va pas.
Le roux retira son pull pour le mettre sur les épaules de sa sœur afin de la rassurer, rien à faire.
- Elle revit un traumatisme, déclare-t-il de but en blanc.
- Un quoi !? s'affole Siona.
- Est-ce que c'est grave ? reprend Zyra.
- Je ne pense pas, mais le problème c'est qu'elle ne l'a plus fait depuis plusieurs années donc je ne sais pas comment la calmer. Son traumatisme ne marche pas comme mes crises.
Samaël tiqua. Des crises ? Quelles genres de crises ?
- [ C'est quoi ce bordel ? ] songe-t-il méfiant.
Visiblement, personne ne chercha à comprendre, seul Samaël trouvait ça bizarre. Ce qui l'étonna, peut-être avait-il mal compris.
- Je peux essayer ? interrompt Félix. Je ne sais pas si ça va marcher comme elle ne me connaît pas mais ça peut peut-être l'aider.
- S'il te plaît..., essaie quand même, supplie presque le roux.
Le châtain aux yeux noisettes prit la place du roux un genoux au sol afin de fixer Aéris. Son sourire se voulait rassurant. Il déglutit doucement, il ne voulait vraiment pas brusquer la jeune femme, pour ça, il tenta une approche très lente.
Il essaya de faire décoller les mains de la rousse ancrées dans ses bras comme si elle cherchait à se statufier. Il abandonna l'idée puisqu'elle refusa de faire le moindre geste. Il prit l'initiative de simplement poser ses mains sur celles de la jeune femme, il était doux et léger dans son interaction.
- Salut, on ne se connaît pas mais, je suis un ami de ton frère. J'aimerais t'aider, mais ça ne marchera pas si tu ne m'aides pas. Tu as peur, je le vois bien, mais tu n'es pas toute seule. Je sais que c'est difficile, mais juste cette fois je te demande de me faire confiance, d'accord ? commence-t-il d'un petit ton.
Il fixa le regard bleu azur de la rousse, il devait lui montrer qu'il était là. Oui, c'était la première fois qu'il la voyait, oui, c'est normal qu'elle ne donne pas sa confiance, mais il devait essayer, ne serait-ce que pour la calmer.
Aéris lui rendit son regard, après un moment, ses tremblements cessèrent, ce qui accentua le sourire resplendissant de Félix. Néanmoins, ce qu'il se passe à l'extérieur ne peut ressembler à l'intérieur.
Elle avait toujours peur, ses poumons la brûlait, elle avait du mal à respirer, sa tête était prête à exploser, ses ongles ancrés dans ses biceps commencèrent à ouvrir sa peau, elle vira au bleu, signe que le sang risquait de sortir si elle continuait comme ça.
- Tu te debrouilles très bien, continue Félix. Maintenant, respire. Respire le plus longtemps et le plus lentement possible. Relâche tes muscles et continue à me regarder. Concentre toi sur tes sensations, oblige ton corps à lâcher prise, je suis là, rassure-t-il.
Félix l'avait déjà fait, pour lui-même. Chaque individu est unique, et donc différent, leur rapport avec leurs traumatismes physiques ne valaient pas ceux des autres, chacun avait sa sensibilité. Néanmoins, cela semblait marcher sur la rousse, il était chanceux.
- Ce que tu as vécu n'existe plus, c'est loin, très loin, cet évènement n'existe plus, il ne te fera plus rien, je te le promets.
Aéris n'avait pas quitté les yeux du châtain, elle se fixa sur la couleur noisette de ceux-ci tout en inspirant. Elle commençait enfin à se calmer intérieurement après de longues minutes d'efforts. La méthode de Félix marchait sur elle.
Ses pensées s'adoucirent, sa respiration retrouva un rythme normal, ses muscles n'étaient plus aussi crispés que tout à l'heure et l'on pouvait voir dans ses yeux la paix. Elle était de retour.
Elle resta fixée sur le visage souriant de Félix qui ne la quittait pas. Que ce soit ses mains sur les siennes ou ses yeux d'une immense compassion. Aéris se sentait en sécurité.
Félix avait les traits fins. Son visage était tracé comme les grands mannequins. Sa musculature faisait de lui quelqu'un d'athlétique, sans doute.
Aéris constata que la peau de celui-ci était vraiment douce, ce qui contrastait avec son regard ardent. Quelques-unes des mèches du jeune homme retombaient sur son visage, à cause de la course comprit la rousse. Sa peau de neige qui s'illuminait fit sortir la rousse dans sa contemplation, le début d'après-midi était déjà entamé.
- Je... merci, lâche-t-elle finalement après une petite hésitation.
Félix se leva après un léger mouvement de tête. Il était ravi d'avoir pu aider. Aéris reprit conscience de ce qui se passait autour d'elle, les autres étaient restés silencieux, ils ne voulaient pas déranger.
Mathéo qui était devenu presqu'aussi pâle que Félix avait reprit des couleurs.
- Comment tu te sens ? demande-t-il.
- Ça va. Je suis... un peu secouée, avoue-t-elle en regardant son frère.
- Ne refais plus ça.
- C'est parti tout seul, je pensais pas que ça allait recommencer. Je croyais que s'était parti.
- Je le pensais aussi. Ne te surmènes pas Aéris, papa te l'a déjà dit.
- Oui, ... je sais.
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Enotia
ParanormalL'an 3035. L'espèce humaine voit sa vie radicalement changée après la découverte d'une source d'énergie inépuisable "l'Enotia", source d'énergie ou de vie ? Peut-on réellement se fier à elle ? Mystère, danger et amour, voilà à quoi devront faire fac...