Ambiguë

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(_18h15)

Félix avait trouvé un long tissu dans les boîtes afin de faire un semblant de porte au véhicule, cela permettait d'avoir un peu d'intimité et un semblant de chaleur.

Il vérifiait le matériel tout en regardant distraitement Siona, elle dormait à poings fermés. Aéris elle, était aux aguets à l'extérieur près du feu improvisé.

- Tout est prêt. Je vais pouvoir l'enlever, c'est bon pour toi ? demande le plus âgé.

Mathéo lança un regard épuisé à son ami. Les cernes et la sueur sur son corps lui rappelait où il était. Un véhicule inconnu, dans une forêt inconnue, poursuivi par des inconnus, dans une région inconnue. Son cœur partit à tout rompre alors qu'il sentait son torse se compresser, mauvaise nouvelle.

- [ Pitié pas maintenant... c'est pas vrai... calme toi Mathéo. Tu es en sécurité...respire... respire... aller. ] tente-il en vain.

Le souffle court, ses pensées parasites envahirent son esprit jusqu'à ce que les tremblements de son corps soient visibles. Il s'obligea à fermer les yeux.

- ...Sa...Samaël... Appelle, Samaël, articule le roux. [ Calme toi aller... je t'en prie. ]

- Tu fais une crise ? comprit immédiatement l'autre.

Il n'eut qu'un faible hochement de tête pour réponse.

- Je reviens, essaie de te calmer.

Une blague de très mauvais goût même si elle était sortie dans la précipitation.

                                                       *

J'ai froid... et mal. Ma vue se trouble. Samaël... où est Samaël ? Je t'en prie, j'ai besoin de toi... où es-tu ? Mon corps me brûle, j'étouffe... quelqu'un, s'il vous plaît...

                                                        *

Les minutes semblaient durer une éternité avant que des bras ne soulèvent délicatement le corps du blessé pour ne pas lui faire mal même si la douleur était plus que présente.

- Je suis là, souffle doucement celui qu'il attendait.

Le jeune homme s'était installé derrière le blessé et maintenait le corps contre lui. Mathéo soupira d'aise.

- [ Samaël... ] songe-t-il en laissant tomber sa tête sur le torse du mate.

- [ Ce gars a des super-pouvoirs autrement c'est pas possible. ] constate Félix. Je vais m'occuper des blessures de Siona, tu me dis lorsqu'il sera prêt.

Le jeune homme hocha doucement la tête avant de se concentrer sur Mathéo blottit contre lui.

- Ça va ? murmure-t-il le menton posé sur la tête du plus petit.

- ... Ça pourrait aller mieux... ta tête est lourde crétin... répond doucement Mathéo d'un faible sourire.

- Désolé. T'as froid ?

- Non ça va, j'suis bien là.

- T'as mal ?

Non à peine.

- Tu vas me martyriser de questions ou...

- Non, juste... je sais pas quoi faire d'autre pour te calmer, avoue-t-il.

- Je vais déjà beaucoup mieux, t'inquiètes.

- Beaucoup mieux... avec une balle dans le bras ? C’est de l'ironie ? demande-t-il dans un rictus.

- Je tiens à préciser que ton plan était... presque parfait... c'est pas ta faute, j'ai été distrait... mais chapeau pour avoir tenu la même position jusqu'ici, ricane doucement le roux.

Samaël sourit. Cette tête rousse avait le don d'essayer de ne pas le faire culpabiliser.

- T'es irrécupérable, tu le sais ? lâche-t-il.

- Je le sais, répond Mathéo.

Le roux se redressa un peu plus non sans lâcher des jurons dus à la douleur aiguë dans son épaule. Il ne s'éloigna pas de sa source de chaleur.

                                                      *

Ça fait du bien. Cette chaleur... et cette odeur, attend, pourquoi odeur... ? STOP ! Ne va pas plus loin dans ton délire Mathéo ! Non non non et non ! Arrête ça tout de suite !

                                                       *

Félix finissait de s'occuper de Siona en passant par les pansements, pommades et bandages avant de tourner la tête vers les deux jeunes hommes qui se chamaîllaient tranquillement. Enfin, Mathéo était vraiment pâle, la douleur devait être insupportable.

- [ Mathéo s'est calmé, alors pourquoi reste-t-il dans ses bras ? Il s'en rend compte au moins ? ] Mathéo, ça va ?

- Oui. Enfin...

- Je peux m'occuper de ton bras ?

- ... Il le faut bien de toute façon, déglutit-il non serein.

- Eh, ça va bien se passer, souffle Samaël en exerçant une légère pression sur l'épaule non blessé du roux. Je reste là.

- ... D'accord, tu peux y aller Félix.

Le roux exhiba son bras ensanglanté en lâchant d'horribles gémissements. Le frisson de douleur était tel qu'il se remit à se mordre la lèvre. Difficile de voir jusqu'où la balle s'était enfoncée avec une luminosité pareille, même avec la lampe torche du téléphone.

- Ça sera très douloureux puisqu'on n'a pas d'anesthésiant, avertit l'aîné.

- Je m'y attendais un peu..., grimace Mathéo sous la douleur.

Félix se pencha pour attraper le bras du blessé qui se retira vivement à la vue du matériel. Oui il avait mal, oui les terminaisons nerveuses faisaient bien leur travail puisqu'il était déjà en train de verser des larmes. Le matériel rappela les chambres d'hôpital, pas très joyeux les souvenirs.

Mathéo heurta le torse de Samaël par mégarde. Il se tourna par réflexe pour retrouver dans le regard du mate un sentiment de sécurité et de compassion. Samaël glissa son bras gauche sous celui en sang du roux pour le rediriger vers Félix.

- Ça va aller, rassure-t-il une nouvelle fois.

Le roux sourit faiblement, même si l'autre avait l'air convaincant ça allait faire mal, très mal même. Il inspira avant de coincer entre ses dents un tissu que Félix lui passa.

Sans prévenir, Mathéo passa sa main droite dans celle de Samaël.

                                                       *

Qu'est-ce qu- Qu'est-ce qu'il fout ?! Je le sens glisser sa main dans son dos pour prendre la mienne. Mec mais qu'est-ce qu'il te prend !? Ne me prend pas la main... ne le fait pas...Je ne veux pas.

                                                       *

Samaël ne pouvait rien faire, il était comme paralysé. Était-ce de la peur, de la gêne, du dégoût, de l'embarras ? Surpris par les événements il se figea et posa sa tête sur le dos de Mathéo afin de cacher son visage où il était impossible de deviner son expression.

- J'y vais, déclare Félix armé d'une paire de ciseaux recourbée.

EnotiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant