Délire

8 2 4
                                    

- Dis moi Tai, vous alliez souvent à la plage ? demande Siona.

Elle remonta ses lunettes rectangulaires sur son nez. Elle était curieuse, il semblait si nostalgique en regardant son frère qu'elle pensait qu'il avait de bons souvenirs.

- Avant on y allait souvent, oui.

Le sourire triste qu'il lui rendit la stoppa dans sa curiosité.

- Si vous n'y allez plus, comment va faire Samaël ? essaie-t-elle de changer de sujet.

- Samaël a toujours eu l'eau comme second corps, il connaît cet élément par cœur, se reprend-il. Il ne peut pas oublier comment surfer, c'est comme le vélo.

Elle acquiesça en levant les yeux vers le jeune homme. Il n'avait pas l'air très concentré, mais il semblait s'y faire, comme s'il était chez lui.

Les autres concurrents n'étaient pas en reste.

- J’espère qu'il saura quoi faire face à ses adversaires, interrompt Aéris en ouvrant une bouteille d'eau pour s'abreuver.

- Salut ma jolie, entend-elle tout en crachant son eau.

La rousse se retourna avec le reste d'eau qu'elle essuya d'un revers de main. Qui appelle les gens comme ça de nos jours ?

- Euh, on se connaît ? lâche-t-elle plus froidement qu’elle n'aurait voulu.

- Non, sinon ça ferait longtemps que je t'aurais demandé ton numéro, sourit l’inconnu.

C'est censé être de la drague ? Pourquoi pas. Elle referma sa bouteille pour la poser distraitement sur sa serviette. Siona grimaça, et si elle craquait comme avec le serveur ? Elle ne voulait même pas y songer.

- Si ça te dérange pas on pourrait aller prendre un verre, propose le deuxième inconnu.

Ah, parce qu'en plus ils sont deux à vouloir la draguer ? Super.

Taisuke ne ratait rien du spectacle assis sur la serviette le nez dans son livre. Félix aussi restait en retrait près de Siona, même s'il voulait intervenir ça ne servirait à rien. Aéris semblait gérer la situation, ils ne firent rien, même si Félix mourrait d'envie de couper court à leur conversation.

- C’est sympa les gars mais non merci, refuse-t-elle poliment.

- Aller ça sera pas long, insiste le premier, en plus tu es bien accompagnée, sourit-il à Siona.

Taisuke referma son livre. Sérieusement ? Il dut se masser l’arrête du nez avant de se relever à côté de son meilleur ami.

- Je peux vous tenir compagnie si ça vous démange tant, sourit-il au duo. Félix, et si nous prenions la place des filles, ce n'est pas tous les jours que l'on a une telle invitation.

Félix sourit, il reconnaissait bien son ami de longue date. Siona retînt un petit rire tandis qu’Aéris observait la scène de manière détachée.

D'un pas lent, la rousse recula et entoura le bras de Félix du sien.

- Désolée les gars mais je suis déjà accompagnée, décline-t-elle tout sourire.

Félix pouvait désormais intervenir s'il voyait que les deux inconnus forçaient. Il ne se gêna pas de les toiser, ce qui les fit renoncer.

- Merci, murmure la rousse amusée.

Il sourit d'un hochement de tête. Taisuke nota les oreilles roses de son ami avant de faire signe à Siona de regarder. Elle éclata de rire. Félix avait beau se présenter de manière si sérieuse il n'en restait pas moins faible face à la rousse.

L’heure tournait, cette fois, la compétition avait bel et bien commencé.

                                                       *

Je me demande s'il dort encore. Ça serait logique, je ne le vois pas avec les autres. On va espérer qu'il ne déclenche pas une autre crise en se levant.

                                                       *

La villa était plongée dans un silence de mort, Zyra n'avait pas bougé du fauteuil. Elle avait passé un coup de fil sans voir le temps passer.

                                                      *

La couette a une odeur bizarre, ce n'est pas la mienne. C'est chaud, et réconfortant. Je sens de la lumière sur mon visage, c'est déjà le matin ? Je finis par ouvrir les yeux pour constater que je ne suis pas dans mon lit. Ce n'est pas mon lit ?! Mais- ! Attend Mathéo, pas de panique. Vu l'état de la chambre ça doit être celle de Samaël, super, c'est celle de Samaël, tout va bien...tout...NE VA PAS BIEN ! Mais qu'est-ce que je fous ici ?!?! C'est pas un kidnapping n'est-ce pas ? Mais qu'est-ce que je raconte....? J'ai besoin d'un doliprane.... Ah, merde... hier soir j'ai... oh putain c'est horrible. Je frappe mon front de ma main avant de regarder l'heure sur l'horloge de la chambre. 10h15... 10h15... ça va, il n'est que 10h,.... attend quoi ?! Il est déjà 10h ?!!

                                                      *

Le roux se leva en catastrophe, attrapa ses lunettes et les premiers vêtements qui traînaient sur le lit pour les enfiler en 4ème vitesse. Il passa par sa chambre pour récupérer son portable et dévala les escaliers 4 à 4, ce qui eu pour effet d'effrayer Zyra, toujours enfoncée dans le fauteuil.

- Tu m'as fait super peur, souffle-t-elle la main sur le cœur. Ça va ?

- Si ça va ? Non ça va pas !  Pourquoi tu ne m'as pas réveillé ?!

- Ah ça, bah en fait-

- Où sont les autres ? coupe-t-il aussitôt.

- Euh sur la plage pour encourager Samaël.

Mathéo se dirigea rapidement vers la porte d'entrée pour attraper sa paire de baskets, suivi de près par la petite.

- Eh mais attend moi ! Attend une seconde, c'est pas le tee-shirt de Samaël ça ? Et en plus je crois qu'il est-

- On verra plus tard, grouille toi !

- Attend attend pourquoi t’es si pressé ?!

Ce n'est pas le roux qui partira en crise d'angoisse mais Zyra avec tout ce stress qui sortait de nulle part. Ils étaient déjà à l'extérieur de la villa.

- Je lui ai promis de le voir gagner, affirme-t-il.

- Pitié non ne te met pas à courir ! désespère-t-elle en se lançant à sa poursuite. Et pourquoi t'as fait une telle promesse aussi !? crie-t-elle agacée.

- Un délire t'inquiètes ! Aller dépêche !

Zyra maudit le ciel, elle maudit le soleil, elle maudit Samaël, elle maudit Mathéo et leur stupide délire à la con ! Ils auraient pu y aller en marchant ! En MARCHANT ! Elle n'avait pas fini de digérer son petit déjeuner !

Ils arrivèrent rapidement pour retrouver leurs amis. Le soleil était encore plus éclatant qu'hier, les vagues plus grandes, le vent plus fort, les conditions idéales pour cette compétition. Le sable brûlant n’empêcha pas les spectateurs d'encourager les concurrents, loin de là.

- Salut... les gars, articule Zyra au bord de la syncope.

- Zyra- Mathéo !? s’exclame la rousse. Tu as réussi à dormir ?

- Ah euh ouais... ouais j'ai pu dormir, dit-il évasivement.

- Moi aussi je vais bien, merci à vous, s'écroule Zyra sur le sable.

- Vous arrivez pile à l'heure, regardez, sourit Taisuke le doigt pointé sur les vagues domptées par son frère.

EnotiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant